Le plaisir, valeur refuge de nos sociétés en repli

La part croissante des loisirs, du divertissement, de la consommation dans nos vies est un exutoire à notre angoisse, nos craintes face au monde qui se complexifie. Celui-ci semble en effet plus insaisissable et dangereux que jamais, notamment en raison d’une couverture médiatique plus forte, voire exagérée.

L’évolution économique, politique, sociétale, technologique de ces 20 dernières années tend à plonger nos pays développés modernes dans un “spleen” très prosaïque. Au plan individuel ou collectif nous avons peur de perdre nos positions acquises, notre statut social, notre rang.

SENTIMENT D’INSECURITE GENERALISE

Professionnelle : chômage, précarité (CDD, temps partiels, interim) se développent. Il est quasiment impossible de faire carrière toute sa vie dans la même entreprise. Dans certains secteurs (notamment technologique), il est même dur d’y rester plus de deux ans.

Les classes moyennes et supérieures ont la trouille d’être déclassées, en raison de l’insécurité professionnelle évoquée ci-dessous. Celle-ci se conjugue à la baisse de leur niveau de vie liée à la stagnation des salaires, et la hausse des prix de certains produits (énergie, habitation, transports). Selon l’INSEE, en 2010, la moitié de la population vit avec des ressources inférieures à 1500€ par mois par personne, tandis que les charges de logement et transport, elles augmentent

Psychologique : les innovations technologiques dont le rythme ne cesse de s’accélérer, les contraintes de la mondialisation, le sentiment d’impuissance politique face aux instances internationales (OMC, UE, ONU…), les mutations sociétales (changements des rapports entre les sexes qui perturbent certains, mutations des rituels générationnels…), les risques sanitaires (l’affaire du sang contaminé, les bactéries résistantes aux antibiotiques, les épidémies mondiales type H1N1..), les craintes écologiques (réchauffement climatique, épuisement des ressources, perte de la diversité des espèces…)

Physique : augmentation du nombre de délits sur les personnes commis avec violence (mais surtout augmentation des plaintes en réalité). Hausse du “sentiment d’insécurité” lié principalement aux incivilités, agressions verbales, voire “razzias” menées par des groupes de délinquants issus des fameuses cités lors des rassemblements (14 juillet, manifestations étudiantes, défilés…). Le fossé culturel qui se creuse entre classes moyennes, supérieures et relégués sociaux en marge de la cité (bannis à une lieue) accentue cette peur de l’autre. Comme le décrit bien Eric Dabarbieux dans “La violence en milieu scolaire”, le sentiment d’insécurité est déconnecté de la violence réellement subie. Ce sont les moins exposés qui l’éprouvent le plus.

peur du déclin

PEUR DU DECLIN COLLECTIF

Sur le plan économique nous observons avec angoisse ces nouveaux pays si dynamiques, si mal payés, si difficiles à concurrencer. Ces satanés Chinois, “péril jaune” identifié depuis le début des années 1970, ces Brésiliens et autres pays émergents dont on nous répète à l’envi qu’ils sont plus forts que nous

Sur le plan spirituel, nous constatons le développement de religions concurrentes du catholicisme traditionnel : islam, judaïsme, (scientologie aux Etats-Unis)… Cultes revendiqués de plus en plus fortement à mesure que le nombre de leurs fidèles progressent et qui touchent parfois au socle de notre laïcité républicaine.

Sur le plan culturel : nous avons perdu la guerre linguistique mondiale au profit de l’anglais, nos industries culturelles sont sous perfusion, notre “rayonnement” est au plus bas. La France est d’autant plus inquiète qu’elle tombe de haut, héritière d’un passé dominateur sous le siècle des Lumières, sous la révolution ou même sous Napoléon (le code civil est la base de nombreuses législations dans le monde).

Sur le plan géopolitique. Nous n’avons plus les moyens d’être conquérants. Il nous a fallu rentrer dans le rang et réintégrer l’Otan, tandis que les lambeaux de notre ancien empire colonial sont disputés par les Chinois ou les Américains.

DES CRAINTES ACCENTUEES PAR LES MEDIAS

Les médias, par leur diversité, leur nombre, leurs moyens accrus nous informent beaucoup mieux qu’avant de ce qui se passe dans le monde. Ils nous permettent ainsi de mieux voir ces risques qui nous échappaient hier et ils génèrent donc davantage d’angoisse, en retour.

Savoir n’est pas une activité anodine : avaler la pilule bleue de Matrix, croquer la pomme du jardin divin, s’élever vers le soleil Icarien, c’est prendre la voie de la souffrance voire de la chute. Liberté ou confort, il faut choisir.

D’autant que les médias déforment nécessairement la réalité. Ils ne traitent par essence que des problèmes, des cas particuliers. Les trains à l’heure n’intéressent personne. S’exposer aux médias, c’est donc recevoir une plus forte proportion de messages inquiétants et comme la consommation de médias progresse

Les médias déforment aussi la réalité par sensationnalisme, pour des raisons là encore de concurrence économique.  C’est le fameux “story-telling” qui joue sur l’émotionnel, le spectaculaire, le sordide… Phénomène accentué conjoncturellement par les difficultés de la presse qui use et abuse des vieilles ficelles du fait divers, du polémique ou du spectaculaire pour vendre du papier ou de la page vue.

PUNIS POUR NOTRE CURIOSITE ?

C’est nous, téléspectateurs et citoyens qui souhaitons en savoir toujours plus, comme en témoigne le soutien populaire à Wikileaks. Nous réclamons toujours davantage de cette connaissance qui nous angoisse et nous brûle. Nous sommes drogués à l’information.

Par ailleurs, nous sommes aussi en grande partie responsables de ce traitement de l’information spectaculaire et émotionnel pour plusieurs raisons :

– Nous avons besoin de remplir nos vies tertiarisées monotones

– Nous aimons nous repaître du malheur sordide du monde par voyeurisme et besoin de se rassurer : quelle chance de ne pas être l’autre ! Ressort primaire au succès de Dallas et d’une partie de la presse people de désenchantement (Voici, Closer…)

– Nous désirons posséder le plus d’informations pour anticiper les risques (voir le carton d’Envoyé Spécial sur les restaus chinois à Paris)

Le bonheur serait-il alors de ne rien savoir, quitte à ne rien anticiper et surtout pas sa propre fin ? Le plus malin serait-il ce bon sauvage de Rousseau, épargné par l’angoisse existentielle, car ne comprenant pas ce qui lui arrive ?

plaisir refuge
plaisir refuge

LE PLAISIR REFUGE

Face à toutes les difficultés de nos sociétés en mutation accélérée du fait de la mondialisation et dont nous sommes plus que jamais conscients, se pose une solution : l’évasion, l’oubli..

C’est le mécanisme à l’oeuvre dans le 13H de JP Pernaud qui présente une France traditionnelle idéalisée si rassurante pour sa cible majoritairement âgée. Processus identique dans le traitement édulcoré de l’information durant les fêtes de Noël ou pendant les vacances.

Souvenez-vous du 11 août, ce jour le plus chiant de l’année. Ne pas perturber la trêve psychologique de ces téléspectateurs et lecteurs qui ont le droit de se reposer l’esprit avec des informations douces et mielleuses : les marronniers des achats de Noël, les concours de crèche, les premières neiges au sport d’hiver, la décoration du sapin…

Ce besoin de plaisir prend la forme du divertissement qui imprègne tout et notamment l’information et donne naissance à l’info-tainment inauguré par Canal+ et poursuivi par Ardisson, Ruquier et autre Faugiel…

Divertissement qui se traduit par la multiplication des fictions standardisées et rassurantes par leur scénarisation-type. Surtout pas de surprise, la répétition tranquillise l’esprit par la récurrence de rituels et la prédictibilité des faits.

C’est la multiplication des jeux électroniques et la généralisation des jeux sociaux désormais multi-générationnels (Farmville, Wii, Kinect…)

Refuge dans la consommation-échappatoire, moyen d’occulter la question des valeurs de l’existence et de leur sens. Déni assez général des sociétés prospères qu’illustrent très bien les films Fight Club, American Psycho ou plus récemment 99 francs de Beigbeider. “J’achète donc je suis” mais surtout, “je suis ce que j’achète”.

Un divertissement de plus en plus tourné vers le rêve, le fantastique, comme en témoigne les succès des blockbusters US adaptés des comics Marvel, l’engouement pour la série Heroes, les ventes records d’Harry Potter… Ou comment construire un imaginaire protecteur fondé sur d’autres règles qui nous affranchissent de nos limites, nous consolent de nos frustrations et de nos peurs grâce au procédé d’évasion-identification.

Tendance à l’évasion qui n’est pas purement occidentale. Au Japon par exemple, le traumatisme de la défaite et surtout de la bombe, a entraîné depuis 1945 un formidable réflexe d’oblitération du réel, d’édulcoration du monde, de superficialisation culturelle des masses. C’est le kawaï (mignon), le karaoké, le kitsch acidulé, le clip burlesque (Nissin) et l’hyper-consommation.

Un désir de plaisir, une quête de ludique et d’évasion qui poussés à leur comble désocialise les individus. Lesquels, boursouflés d’égoïsme, non seulement ne veulent plus perdre leur vie à la gagner, mais réfutent même la notion d’effort. Ce sont les hikikomori (qui s’excluent de la société) nippons ou les Tanguy français,  parasaito shinguru (parasites célibataires).

REGROUPEMENT TRIBAL SÉCURITAIRE

Mais une autre tendance contraire émerge en occident : le besoin de plaisir et de sécurité via le regroupement autour d’un groupe affinitaire : sa tribu. C’est l’explosion des groupes WhatsApp, Facebook, Snapchat ou Fortnite entre amis, ou en famille.  On assiste à une fragmentation de la société en micro-communautés qui défendent un point de vue, un mode de vie, une vision politique. Des groupes très actifs sur Twitter qui renforcent leur cohésion par l’affrontement avec autrui.

Ce mouvement contribue (et est aussi le résultat préalable) à « l’archipellisation » de la société selon les termes de Jérôme Fourquet, de l’IFOP.

utopie évasion

UN DESIR D’UTOPIE

Ce refus du désespoir, ce besoin de réenchantement du monde,  peut aussi se matérialiser par une démarche active, de construction, ou parfois de destruction-reconstruction.

L’euphorie et l’engouement pour Wikileaks traduit ce besoin de croire en quelque chose d’autre, de se rassurer par un idéal supérieur porteur de sens. La fin des idéologies traditionnelles (scientiste, capitaliste, communiste, religieuse…) a laissé un grand vide qu’il faut combler. Pourquoi pas en cette démarche anarchiste assez radicale qui vise à l’implosion du système corrompu via la transparence ?

Ce besoin de sens et d’élévation explique aussi l’avènement du nouveau veau d’or : Gaïa. Entre bouddhisme et animisme, le respect de la Planète et la vie en général se pose en ultime valeur universelle, contre tous les relativismes culturels ambiants.

C’est aussi le but poursuivi par les “décroissants” qui refusent ce modèle économique et social néfaste qui nous conduit à nous perdre nous (cf crise financière) et la Terre avec. Une manifestation de plus de ce repli, de ce besoin de trouver un nouvel îlot de sérénité, loin de la furie de nos modes de vie hystériques et globalisés.

La globalisation, l’ouverture économique et culturelle nous confronte à la peur du déclin, à la “décadence” de nos sociétés et traditions. Un phénomène amplifié par les médias qui accroissent notre perception des mouvements et parfois les déforment. Une crainte d’autant plus forte que nos société vieillissent et par réflexe d’auto-protection, tendent à se replier sur elles-mêmes.

Cyrille FRANK

Directeur de la formation chez Cosa Vostra

Abonnez-vous à ma newsletter hebdo gratuite : tendances, usages, outils, bonnes pratiques médias

Crédit photo via Flickr.com en CC : ©Claude Fabry Ana Patrícia Almeida epSos.de, polkadotted1

 

Cyrille Frank

Journaliste, consultant, formateur. Bonnes pratiques éditoriales, écriture, nouveaux formats, diffusion et monétisation des contenus. Engagement de la communauté et crowd-sourcing.

43 réflexions sur “Le plaisir, valeur refuge de nos sociétés en repli

  • 19/12/2010 à 15 h 47 min
    Permalien

    Une bonne analyse.
    Un tout petit truc qui me fait toujours sursauter: quand on dit que la scientologie est une nouvelle religion on marche dans leur jeu: certes elle attire avec le leurre de la spiritualité, mais en réalité ce n’est qu’une organisation sectaire pyramidale basée sur l’argent et non sur le spirituel.

    Répondre
    • 19/12/2010 à 16 h 31 min
      Permalien

      Merci tinou,

      Il faut se souvenir qu’autrefois le mot de « secte » n’était pas aussi péjoratif qu’aujourd’hui. La religion catholique était une secte, une variante de la religion hébraïque, tout comme de nombreux mouvements : Chaldéens, Saducéens,Esséniens, Pharisiens, Marronnites …

      Alors ce qui nous choque à juste titre chez les Scientologues, n’est pas tant leurs convictions (après tout, on n’a pas plus vu les extra-terrestres que Dieu, qui peut juger de la pertinence d’une croyance ?)

      Mais c’est bien leur mode opératoire qui est inacceptable : contrôle mental, domination psychologique, manipulation et spoliation. Il y a bien une dimension spirituelle dans cette « religion-secte », mais la différence est dans la relation à l’esprit des fidèles : pas une simple suggestion que les individus sont libres d’accepter ou refuser (aujourd’hui pas hier) mais un contrôle total irréfutable par destruction progressive de la personnalité et donc de la liberté.

      PS : les religions « officielles » exercent aussi un contrôle mental sur les individus, mais tout est question de degré. Par ailleurs les religions « officielles » ne crachent pas non plus sur l’argent de leurs fidèles, et si religion et politique ont distendu fort heureusement leurs liens en Occident (à force de conquêtes royalistes et citoyennes), ce n’est pas encore le cas partout. En témoigne en particulier le monde musulman qui continue majoritairement de mélanger pouvoir spirituel et temporel… Où est le spirituel dans la gestion politique de la vie de tous les jours via la charia ? 🙂

      Cordialement

      Cyrille

      Répondre
    • 04/07/2013 à 0 h 37 min
      Permalien

      Personnellement je ne vois pas la société des loisirs d’un regard aussi sombre. Pour moi c’est une étape. A quoi bon confier notre travail à des machines si ce n’est pas pour aboutir au final à une société des loisirs. Seulement on n’en est qu’au début…

      Répondre
  • 19/12/2010 à 17 h 49 min
    Permalien

    Cyrille, j’ai posté un commentaire ce matin ou hier soir ; ce serait-il perdu en cours de route … 🙂

    Bien à vous

    Pascal

    Répondre
    • 19/12/2010 à 18 h 06 min
      Permalien

      Bonjour Pascal,

      Aie, je crains que oui, je n’en ai pas trace chez moi… 🙂

      Cordialement

      Cyrille

      Répondre
  • 20/12/2010 à 9 h 42 min
    Permalien

    Pour compléter ton propos, je cite Zbigniew Brzezinski (ex-conseiller de Jimmy-Carter) et son « tittytainment » : « un cocktail de divertissement abrutissant et d’alimentation suffisante permettrait selon lui de maintenir de bonne humeur la population frustrée de la planète. »

    Dans la série médias et politique, il se pose là le monsieur 🙂

    Moi ce qui m’hallucine le plus finalement, ce n’est pas tant la réduction en « valeur » des contenus, mais leur globalisation, leur indexation à un modèle culturel unique.

    Le réel danger c’est ce fantasme de monde-un à la codification simplifiée et s’ajustant au travers de Twitts et/ou de formulaires à remplir.Le plus étonnant dans ce processus serait que même les contre-cultures, sitôt nées, soient rattrapées et transformées en divertissement. Pire même, certaines se créent directement selon le modèle de référence même si leur propos est diamétralement opposées…

    Bref ce qui fait dire à Jean-Claude Milner que « l’arraisonnement du monde par la technique, c’est l’excroissance des cellules cancéreuses de l’État ».
    (Par technique j’entends méthodologies administratives, gestionnaires, et comptables et non technologies, même s’il faut bien reconnaitre qu’en tant que discipline le développement informatique se prête rudement bien à ce genre de rationalisation).

    Répondre
    • 20/12/2010 à 17 h 22 min
      Permalien

      Bonjour Vincent,

      La perte de la diversité culturelle, l’uniformisation du monde ? Oui la mondialisation des échanges et la médiatisation planétaire y conduit, indubitablement. Il n’est que de voir l’occidentalisation des modes de vie dans les pays arabes par exemple, n’en déplaisent aux autorités et aux fondamentalistes religieux. Lesquels rejettent ce modèle unique et posent même des bombes pour lutter contre cette « corruption morale ». Ce qui n’empêche nullement les jeunes femmes wahabites de porter de la lingerie affriolante sous leur niqab.

      Le drame de cette mondialisation est en effet d’offrir un modèle unique de développement économique. Mais sommes-nous vraiment sûrs que cette uniformisation du monde se fasse par la pénurie de l’offre ? Je ne le crois pas. Il n’y a jamais eu autant de diversité culturelle, autant d’ouvrages publiés, de films produits, de scénarios conçus. ce qui pêche c’est la concentration de la distribution et la faiblesse des niveaux d’instruction.

      Le goût de la diversité s’apprend, se cultive. Pourquoi le plus grand nombre se rue systématiquement vers des blockbusters-navets, alors qu’il existe quantité d’autres films inventifs, drôles, novateurs ? Je postule que c’est aussi pour des raisons sociales.

      Comprendre l’ellipse, l’allusion, la connotation, cela s’apprend à l’école et en famille. Alors quand on n’a pas appris, on préfère les récits un peu lourdauds, les dialogues dénotatifs aux ficelles bien grosses. Se moquer du populaire qui ne comprend rien, c’est lui infliger une double peine : le priver d’abord des clés de compréhension, puis le lui reprocher ensuite.

      Formatage par le medium ? genre Marshall Mc Luhan ? « the medium is the message » ? Certes. Mais formaté ne veut pas dire insipide. C’est aux hommes de se montrer créatifs et depuis quand la contrainte est un handicap à la création ? Je crois au contraire qu’elle lui est consubstantielle.

      Formatage par la centralisation gestionnaire, l’Etat totalitaire à la mode « Brazil » ? Peut-être, mais n’oublions pas que c’est nous qui le lui demandons. C’est nous qui demandons au monstre administratif de se charger de tout et lui reprochons après son emprise sur nos vies.
      On ne saurait tout avoir… 🙂

      Répondre
      • 20/12/2010 à 23 h 15 min
        Permalien

        La « censure par noyade », lorsque tout se vaut plus rien ne vaut…
        Pourtant énormément impliqué dans ce que l’on appelle éducation populaire, ou éducation informelle, j’ai du mal à concevoir une issue aussi simple par le biais de l’éducation, puisque les sciences de l’éducation à l’heure actuelle ne font que dicter la tendance du tout cognitivo-sociologiquo-systémique pour ne pas nommer la technique arraisonnante et,trébuchante que je cite plus haut.

        Je pense aussi que le principe de réalité s’effacera toujours devant le principe de plaisir, surtout lorsque ce dernier est légitimé socialement, à travers le jeunisme qui fouette de plein fouet notre société du divertissement.(dans le seul but de fourguer de la démocratie coca-cola) et qui malgré une démultiplication des « créations » ne produit au final que des fictions inoffensives.et ce au travers de perfusion d’état pour toutes les autruches du bac à sable culturel.

        Du coup c’est l’économisme qui frappe en haut comme en bas, à gauche comme à droite, qu’il faut observer, pour enrayer la novlangue que ces nouveaux paradigmes véhiculent puisque même les « contre-pouvoirs » semblent décidés à succomber à ses charmes.

        Répondre
  • 20/12/2010 à 13 h 26 min
    Permalien

    Hello Cyrille,

    Toujours aussi clair et circonstancié !
    …mais où nous mènent donc toutes ces trés lucides constatations ?
    Panem et circences, cette vieille recette est plus que jamais d’actualité, oui.
    Par quoi la remplacer ?
    Quelle serait ton Utopie (cf le dernier philosophie mag ) ?

    A+

    Répondre
    • 20/12/2010 à 17 h 36 min
      Permalien

      Merci Martin !
      Toujours aussi sympa, heureusement que je peux compter sur quelques fidèles lecteurs comme toi 🙂

      Mon utopie est simple et très ambitieuse : retrouver le goût de la connaissance, développer la diversité culturelle, répandre le savoir. Il y a tellement de sagesse accumulée dans les siècles et délaissée pourtant par les Hommes aujourd’hui.

      Relire les Stoïciens, les Epicuriens qui ne sont pas sans rappeler les Bouddhistes sous certains aspects. Combattre nos passions pour nous élever. Trouver d’autres raisons de vivre que la compétition sociale, la concurrence des égos, l’accumulation désespérément vide censés conjurer la mort.

      Mon utopie s’appelle l’école et la culture. Je n’ai pas d’autre solution pour améliorer l’existence des Hommes et les consoler de leur inexorable destin. 🙂

      Répondre
  • 20/12/2010 à 18 h 06 min
    Permalien

    Bonjour,

    J’ai pris beaucoup de plaisir 🙂 à lire cet article et ses commentaires.

    Je voulais juste rebondir sur un autre « phénomène de société » qui découle
    de la recherche de plaisir et d’un besoin d’exutoire et qui est bien triste…
    C’est la démocratisation du gramme de coke et de n’importe quelle autre drogue dure.

    Je trouve cela vraiment triste et révélateur que de plus en plus de jeunes
    et moins jeunes plongent dans ces paradis artificiels pour s’évader de leur quotidien!!

    Répondre
    • 20/12/2010 à 18 h 27 min
      Permalien

      Merci bien Caroline,

      Oui les paradis « artificiels » sont aussi un des symptômes de ce besoin d’échapper au réel. Jusqu’ici c’était les Bourgeois ou aristos des classes aisées qui s’essayaient à ces drogues pour vivre une réalité plus intense : cf Baudelaire, Conan Doyle, Oscar Wilde ou plus récemment François Sagan…

      Aujourd’hui cette quête n’a rien de romantique ni de créatif. Il s’agit d’un échappatoire qu’on retrouve aussi de façon beaucoup plus répandue et dangereuse encore dans la consommation d’alcool.

      Peur de l’avenir, perte de sens, néant des valeurs. Notre jeunesse fait les frais de la déstructuration de la société (famille, emploi…), de la compétitivité exacerbée, des contraintes de la norme sociale (être femme de plus en plus tôt, être un homme mais pas trop viril, être « populaire », être connu…). Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les jeunes de moins de 24 ans.

      L’adolescence, sas de la personnalité, antichambre de la construction de l’individu est une période de fragilité et de porosité aux angoisses et pressions de l’existence. C’est aux parents de rassurer, toujours et encore, même quand ils ne le sont pas eux-mêmes. Ils ont ce devoir absolu de mensonge !

      Répondre
  • 20/12/2010 à 18 h 06 min
    Permalien

    Bonjour,

    J’ai pris beaucoup de plaisir 🙂 à lire cet article et ses commentaires.

    Je voulais juste rebondir sur un autre « phénomène de société » qui découle
    de la recherche de plaisir et d’un besoin d’exutoire et qui est bien triste…
    C’est la démocratisation du gramme de coke et de n’importe quelle autre drogue dure.

    Je trouve cela vraiment triste et révélateur que de plus en plus de jeunes
    et moins jeunes plongent dans ces paradis artificiels pour s’évader de leur quotidien!!

    Répondre
  • Ping : Comprendre les motivations profondes de ses lecteurs » Médiaculture

  • 26/01/2011 à 19 h 29 min
    Permalien

    Hello Cyrille,

    ( gros succès ton denier article ! chapeau l’artiste ! +technique, donc + pertinent au vu du public visé par ton blog )

    Je souhaitais juste te faire partager une découverte
    Je ne suis pas sûr de t’avoir lu y faire référence dans un de tes articles.

    Il s’agit d’un lien vers le film de Guy Debord :  » la société du spectacle »

    Trés complexe
    Trés extême
    Trés profond

    J’espère que ce sera pour toi le même choc que ça l’a été pour moi : une bombe !!!!

    Répondre
    • 27/01/2011 à 11 h 50 min
      Permalien

      Bonjour Martin,

      Merci pour le compliment et pour le lien.
      J’ai lu cet ouvrage il y a longtemps, qui m’a marqué en effet. Mais je ne connaissais pas ce film.

      je vais le découvrir avec plaisir

      Encore merci !

      Répondre
  • 26/01/2011 à 19 h 29 min
    Permalien

    Hello Cyrille,

    ( gros succès ton denier article ! chapeau l’artiste ! +technique, donc + pertinent au vu du public visé par ton blog )

    Je souhaitais juste te faire partager une découverte
    Je ne suis pas sûr de t’avoir lu y faire référence dans un de tes articles.

    Il s’agit d’un lien vers le film de Guy Debord :  » la société du spectacle »

    Trés complexe
    Trés extême
    Trés profond

    J’espère que ce sera pour toi le même choc que ça l’a été pour moi : une bombe !!!!

    Répondre
    • 27/01/2011 à 11 h 50 min
      Permalien

      Bonjour Martin,

      Merci pour le compliment et pour le lien.
      J’ai lu cet ouvrage il y a longtemps, qui m’a marqué en effet. Mais je ne connaissais pas ce film.

      je vais le découvrir avec plaisir

      Encore merci !

      Répondre
  • Ping : Médias: complexité malvenue » Article » OWNI, Digital Journalism

  • Ping : Médias: complexité malvenue » Article » OWNI, Digital Journalism

  • Ping : Nouvelles technos : la tentation totalitaire » Médiaculture

  • Ping : La socialisation contre l’information ? » Médiaculture

  • Ping : La socialisation contre l’information ? » Médiaculture

  • 29/11/2011 à 1 h 14 min
    Permalien

    Je ne découvre que maintenant ce magnifique article. Désolé d’apporter un commentaire aussi simple, mais tu matérialises à travers ton blog et tes paragraphes, ce que je pense profondément et pressens depuis quelques temps. Ça fait du bien de lire la réalité 😉

    Répondre
    • 29/11/2011 à 1 h 32 min
      Permalien

      Merci Fab 🙂

      C’est agréable de savoir que son raisonnement , à rencontrer celui des autres, « ne peut qu’il n’ait quelque fondement », pour parler comme Richelieu (un des hommes les plus brillants de son siècle, pourtant riche en génies).

      A bientôt !

      Cyrille

      Répondre
  • Ping : Comment sommes-nous devenus accros à l’information ? »

  • Ping : - Pourquoi “l’info-socialisation” nous éloigne du bonheur

  • Ping : - Pourquoi “l’info-socialisation” nous éloigne du bonheur

  • Ping : - Pourquoi l’individualisme, peu adapté à la survie de l’espèce, est une valeur en hausse

  • Ping : - Pourquoi l’individualisme, peu adapté à la survie de l’espèce, est une valeur en hausse

  • Ping : - Ne constituons pas des ghettos culturels pour riches !

  • Ping : - Ne constituons pas des ghettos culturels pour riches !

  • Ping : - Non, le buzz de la robe n’est pas (forcément) une faillite du journalisme !

  • Ping : - Non, le buzz de la robe n’est pas (forcément) une faillite du journalisme !

  • Ping : - Presse en ligne : 10 conseils pour parvenir à faire payer les lecteurs sur Internet

  • Ping : - Presse en ligne : 10 conseils pour parvenir à faire payer les lecteurs sur Internet

  • Ping : Presse en ligne: 10 conseils pour parvenir à faire payer les lecteurs sur Internet | FrenchWeb.fr

  • Ping : Presse en ligne: 10 conseils pour parvenir à faire payer les lecteurs sur Internet | FrenchWeb.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.