Internet et les nouveaux médias ne facilitent pas le partage du pouvoir. Ces nouvelles technologies comme beaucoup avant elles, permettent surtout l’avènement d’une nouvelle classe dirigeante.
LE PEUPLE AU POUVOIR ?
9/9/ 2010. Avec les nouvelles technologies de l’information se répand l’idéologie du peuple au pouvoir : simplification des techniques, baisse des coûts d’entrée… Les nouveaux produits démocratisent la culture et permettent à tous de s’élever socialement, de “reprendre la main”.
C’est un peu l’idée inhérente à l’UGC (User Generated Content). Nous serions passés de l’ère du consommateur passif, à celui de l’internaute actif et créateur. Les technologies “libèrent la créativité”, comme quelques publicités et autre best-sellers nous l’assurent.
D’autres plate-formes libèrent la création du plus grand nombre grâce au financement mutualisé de type My major company…
De même le consommateur, désormais acteur (“consom’acteurs” disent les marketeux jamais en mal de néologismes fumeux), prend sa revanche sur les marques. Il décide désormais de manière beaucoup plus rationnelle en se fondant sur la recommandation de ses proches (pdf rapport Credoc) plus que sur la publicité.
Les blogs, Twitter et les réseaux sociaux libèrent la parole, décentralisent et démocratisent la discussion, les médias traditionnels en particulier la presse, perdent leur monopole sur l’information. Celle-ci appartient désormais à tout le monde.
C’est la fin de l’information descendante et l’avènement au contraire d’une collaboration avec le lecteur dans la fabrication de l’information. Jusqu’à l’irruption d’un journalisme à la demande, où la ligne éditoriale est déterminée par le lecteur lui-même.
Avec Facebook, Les PME peuvent se lancer dans le grand bain du e-commerce avec facilité : il leur suffit de monter une page de fan. Plus besoin de développer des usines à gaz, monter des bases de données sur serveurs et maîtriser 5 langages informatiques. Démarches totalement inaccessibles qui les rendaient totalement dépendants de « web-agencies » plus ou moins sérieuses ou honnêtes.
Le savoir n’a jamais été aussi libre d’accès grâce notamment à Wikipedia, qui malgré ses erreurs, reste un source encyclopédique assez fiable (ou plutôt pas moins mauvaise que d’autres). Les grandes universités fournissent désormais gratuitement en ligne leurs cours en vidéo à l’instar de quelques prestigieuses grandes écoles, comme Yale.
Une pléthore de bases documentaires sont en libre accès comme je le décris dans mon billet “nouveaux medias : trop de mémoire ou pas assez ?”
L’ARGUMENTAIRE DES VENDEURS DE PELLES
Dans la ruée vers l’or américaine de la fin du XIXe, sauf exceptions, les seuls qui firent fortune furent ceux qui vendaient les pelles et les pioches.
Aujourd’hui, face à l’eldorado du web, les “vendeurs de pelles” sont les agences marketing et web, les consultants, les fabriquants de matériel informatique… tous ceux qui ont intérêt à générer le plus d’investissement dans le secteur, à faire venir un maximum de prospecteurs.
Il s’ensuit un bouillonnement d’activité, d’innovations, d’émulation qui n’est pas que négative, bien au contraire, quand elle n’est pas exagérément risquée.
Mais le discours pro-web 2.0 sous-estime bien souvent les risques pour les entreprises. “Entrez dans la discussion, jouez le jeu de la transparence”… Oui, sauf quand les moyens de gestion communautaire ne sont pas là, sauf quand la manière de procéder n’apporte aucune valeur utilisateur.
Ouvrir une page de fan Facebook alimentée d’un flux d’infos corporate, c’est comme les “sites vitrines” des années 2000 : cela ne sert à rien si ce n’est enrichir un peu l’agence qui aura vendu le projet (“vous ne pouvez pas vous permettre de ne pas en être”)
En revanche, ouvrir ses produits aux commentaires sans Community manager digne de ce nom (et pas un stagiaire qui en sait à peine plus que vous), c’est dangereux. C’est comme appeler des gens au téléphone, sans jamais parler : ça agace.
UN DISCOURS MERITOCRATIQUE CULPABILISANT
Avec la simplification des outils, la démocratisation et la gratuité des savoirs disponibles, la baisse des coûts d’entrée… tout semble tellement plus facile que si l’on n’y arrive pas, c’est qu’on ne le veut pas vraiment. C’est cette mythologie de la méritocratie que la sociologue Marie Dullut-Berat décrit pour le domaine scolaire.
Ce discours du “tout est possible” est celui du libéralisme économique et de la droite traditionnelle. Libérez les entraves qui pèsent sur les individus et la société dans son ensemble y gagnera.
En plus d’être efficace, ce système est juste car il repose sur le mérite puisqu’il favorise l’accession des plus dynamiques, ceux qui ont la volonté de s’en sortir, ceux qui ont fait l’effort, ceux qui ont pris des risques…
Sauf que cette vision utopiste minore tous les facteurs indirects et néanmoins puissants d’inégalité, tels que le niveau culturel, le capital culturel, les valeurs d’ambition, de confiance du milieu d’origine etc.
On retrouve avec le web 2.0 toute cette utopie dangereuse du possible qui rejette implicitement dans le camp des fainéants ou des inaptes, tous ceux qui ne prennent pas le train de la technologie.
Je me rappelle du cri sincère de Loïc Lemeur, lors d’une réunion de blogueurs en pleine présidentielle 2007, qui, s’adressant à une jeune fille sur-diplômée expliquant sa difficulté à trouver du travail s’écria : “monte ta boîte !”.
Cela lui paraissait évident, voire facile et il ne semblait pas comprendre la réticence de ceux qui hésitent à se lancer. Sans prendre conscience que sa confiance, son assurance à lui, sont le résultat unique d’une éducation de confiance, de réussites accumulées, de rencontres motrices, de chance… sans parler des facilitateurs de parcours comme les grandes écoles (HEC en l’occurrence).
LA CONSTITUTION D’UNE NOUVELLE ELITE
En réalité, les nouvelles technologies consacrent surtout l’avènement d’une nouvelle classe dominante : ceux qui les maîtrisent.
Tout comme les maires du Palais ont remplacé les monarques mérovingiens (les fameux “rois fainéants”), comme la bourgeoisie a remplacé l’aristocratie après la révolution française… Aujourd’hui se construit lentement sous nos yeux une nouvelle classe médiatico-commerciale qui prend le pas sur les héritiers d’une économie vacillante
Jeunes journalistes 2.0, communicants et marketeux technophiles, experts et consultants en réseaux sociaux, entrepreneurs du secteur technologique… Tous ceux qui s’adaptent à l’accélération du changement pour non seulement survivre, mais en vivre.
C’est une évolution logique et inéluctable. Celle-ci crée des crispations du côté de ceux qui refusent ce déplacement de pouvoir, car ils se sentent menacés, à juste titre d’ailleurs. L’éternel combat des anciens contre les modernes.
Ainsi par exemple, Erwann Gaucher qui dénonce fort justement dans son article le mépris de certains médias traditionnels vis à vis de nouvelles pratiques du journalisme, en l’occurrence le “personal branding”.
Les changements technologiques importants dans l’Histoire sont toujours créateurs de déséquilibres et de bouleversements politico-économiques. La maîtrise du fer a favorisé les tribus sur celles qui pratiquaient le bronze, la technique militaire collective et soudée de la phalange grecque ou de la manipule romaine ont permis la domination de ces deux civilisations, les armes à feu ont permis l’unification du Japon par les clans Nobunaga et Tokugawa, ainsi que la domination coloniale…
Lire à ce sujet l’excellent « culture et carnage »
Aujourd’hui l’arme de domination sociale principale de nos sociétés modernes est l’information. Et à ce jeu là, les classes déjà dominantes, comme toujours, sont les mieux armées. Contrairement au discours technophile utopiste, nous assistons non pas à une démocratisation du pouvoir, mais à un déplacement entre groupes déjà favorisés. Aux lions la carcasse, à la masse des chacals alentour, peut-être quelques miettes du festin.
Cyrille Frank aka Cyceron
Crédit photo Flick’r: zert., zerozz1080 , Dunechaser
Chaque changement de paradigme s’accompagne d’un bouleversement des forces en présences, sans que la donne ne change réellement… On observe que la culture (d’un point de vue « anthropologique » et pas le ministère du faste et des paillettes) avance dans une sorte d’oscillation en ouverture/fermeture.
C’est la sempiternelle ritournelle et tournage en ronron…
Tout ce que je peux lire sur le sujet me renvoie aux conclusions d’Hakim Bey sur ses expérimentations des zones d’autonomies temporaires :
« Écrire sans que personne ne te lise véritablement est déprimant. Se heurter à un mur de méfiance est tragique. Mais avoir des lecteurs trop facilement influençables est la pire chose qui soit. Ces lecteurs s’imaginent qu’il suffit de lire et de répéter comme des perroquets les formules les plus étranges ; leur véritable désir est en fait d’OBÉIR A QUELQU’UN, de lire avec les yeux d’un autre, de se soumettre à l’autorité du « maître ». Fascisme de perroquet »
J’aurais même envie de dire qu’on partage en plein dedans.
@Vincent_B Intéressant point de vue que ce désir d’obéissance… Il doit y avoir sans doute des études psychologiques sur les ressorts et mécanismes à l’oeuvre dans cette forme de soumission. Je vais y réfléchir de mon côté… Merci !
A mon avis la « psychologie des foules » de Gustave Le Bon est toujours d’actualité et par extension « psychologie collective et analyse du moi » de Freud.
Ce qu’on remarque surtout, c’est la récurrence de l’idée d’une intelligence collective et de possibles co-constructions (y compris en ingénierie sociale des dispositifs publics).
Selon moi, cela peut s’avérer néfaste d’autant que l’on ne dissocie pas les potentialités de la technique et la pensée qui l’accompagne.
Autrement dit pour développer un système d’exploitation, on sait que ça marche, par contre pour la gestion de l’information, et aussi par extension celle de l’humain (c’est plus cette dernière qui me préoccupe), il y a un risque d’émergence d’un nouveau « maître », ou une conception de l’individu dépecé de singularité.
Aussi pour finir une petite citation que j’affectionne particulièrement : « C’est donc toujours à toi de trouver dans le foin des résultats l’aiguille de ce qui fait sens pour toi. »
(on peut lire le texte complet et intéressant ici : http://wikipedia.un.mythe.over-blog.com/article-16812079.html)
@Vincent_B entièrement d’accord avec votre propos « d’autant que l’on ne dissocie pas les potentialités de la technique et la pensée qui l’accompagne. » . C’est pour moi une conséquence d’un phénomène bien connu : l’ego-centrisme de perception. Puisque je fonctionne et suis comme ceci, les autres doivent donc être comme moi.
Puisque pour moi, les outils techno sont faciles, ils le sont pour tous. Puisque j’aime l’art moderne, les autres doivent aimer l’art moderne (relire Kant à ce sujet)
Les potentialités technologiques sont loin de suffire à combler les différences socio-culturelles. Mais comme ce sont les dominants socio-culturels qui contrôlent le mieux l’information, cette idée a encore du mal à se diffuser.
Ajoutez à cela les intérêts économiques qui favorisent cette mythologie et on comprends pourquoi l’utopie de la communication et des nouveaux médias reste forte dans les mentalités. (ce que je dis en filigrane dans mon papier)
Merci pour ces excellentes sources (je vais relire Le Bon, je l’avais oublié)
Cordialement
Bonjour Cyrille,
Ce qui a le plus retenu mon attention dans votre article, c’est la reproduction historique qui s’opère encore en ce moment. La bourgeoisie d’affaires a supplanté l’aristocratie dans la redéfinition de la notion de pouvoir en clamant « Power to the People ». Cependant, la bourgeoisie constituait une classe bien distincte de monsieur madame tout le monde. Ils possédaient les capitaux. Encore une fois, le schème se reproduit avec les médias sociaux (qui mettent en scène de grands capitaux incorporels, mais puissant quand même). L’ascendance sociale change de main, mais ne devient pas nécessairement plus représentatif de la masse. Comme vous dites, ce n’est ni bien, ni mal. Simplement fascinant à observer.
Et désolée… pas de référence à Nietzche ou à Foucault… Mon pragmatisme nord-américain me commande plus de lire sur la gestion et le développement des affaires, ces temps-ci! 😉
Bonjour Cyrille,
Ce qui a le plus retenu mon attention dans votre article, c’est la reproduction historique qui s’opère encore en ce moment. La bourgeoisie d’affaires a supplanté l’aristocratie dans la redéfinition de la notion de pouvoir en clamant « Power to the People ». Cependant, la bourgeoisie constituait une classe bien distincte de monsieur madame tout le monde. Ils possédaient les capitaux. Encore une fois, le schème se reproduit avec les médias sociaux (qui mettent en scène de grands capitaux incorporels, mais puissant quand même). L’ascendance sociale change de main, mais ne devient pas nécessairement plus représentatif de la masse. Comme vous dites, ce n’est ni bien, ni mal. Simplement fascinant à observer.
Et désolée… pas de référence à Nietzche ou à Foucault… Mon pragmatisme nord-américain me commande plus de lire sur la gestion et le développement des affaires, ces temps-ci! 😉
Bonjour Caroline,
Oui, c’est exactement cela ! Et ce phénomène de remplacement d’une classe par une autre est récurrente dans l’Histoire, on la retrouve aussi au début du 1er siècle romain avec l’ascension des chevaliers promus par Auguste et ses successeurs, au détriment des sénateurs, ou bien d’autres cas encore (l’aristocratie franque qui prennent le pas sur les nobles gallo-romains etc…)
Les références sont des aides à la pensée, pas une obligation. Si vous réfléchissez, pas besoin de citer Foucault ou Nietzche (ils auront peut-être mieux dit les choses, mais l’essentiel c’est de réfléchir) 🙂
Bien cordialement
Cyrille
Bonjour Caroline,
Oui, c’est exactement cela ! Et ce phénomène de remplacement d’une classe par une autre est récurrente dans l’Histoire, on la retrouve aussi au début du 1er siècle romain avec l’ascension des chevaliers promus par Auguste et ses successeurs, au détriment des sénateurs, ou bien d’autres cas encore (l’aristocratie franque qui prennent le pas sur les nobles gallo-romains etc…)
Les références sont des aides à la pensée, pas une obligation. Si vous réfléchissez, pas besoin de citer Foucault ou Nietzche (ils auront peut-être mieux dit les choses, mais l’essentiel c’est de réfléchir) 🙂
Bien cordialement
Cyrille
Je ne suis pas tout à fait d’accord. Vous semblez réduire l’intérêt d’internet au fait de faire du commerce.
Il n’y a pas besoin d’être spécialiste pour être utilisateur de wikipédia ou simplement de google. Par conséquent, la multiplication des sources, la hiérarchisation de celles-ci sur des critères nouveaux (genre pageranking), permet l’émergence d’une information de meilleure qualité, qui profite à tous et qui élève le niveau de conscience général.
J’en parlais justement ici récemment : http://merome.net/blog/index.php?post/2010/09/01/Relais
Je ne suis pas tout à fait d’accord. Vous semblez réduire l’intérêt d’internet au fait de faire du commerce.
Il n’y a pas besoin d’être spécialiste pour être utilisateur de wikipédia ou simplement de google. Par conséquent, la multiplication des sources, la hiérarchisation de celles-ci sur des critères nouveaux (genre pageranking), permet l’émergence d’une information de meilleure qualité, qui profite à tous et qui élève le niveau de conscience général.
J’en parlais justement ici récemment : http://merome.net/blog/index.php?post/2010/09/01/Relais
Analyse brillante qui appelle très peu d’objections.
Si ce n’est le sentiment que cette « nouvelle » élite est bien peu nouvelle, en réalité. (à démontrer…)
Par ailleurs, il semble que l’ancien pouvoir se soucie peu d’Internet. Et il s’en porte bien, on dirait.
Analyse brillante qui appelle très peu d’objections.
Si ce n’est le sentiment que cette « nouvelle » élite est bien peu nouvelle, en réalité. (à démontrer…)
Par ailleurs, il semble que l’ancien pouvoir se soucie peu d’Internet. Et il s’en porte bien, on dirait.
Bonjour Merome,
Non je ne réduis pas Internet au commerce, j’ai même développé un article entier sur l’extraordinaire développement des bases de connaissance (nouveaux médias : trop de mémoire ou pas assez ?)
Ce que vous dites par rapport à la possibilité, à la facilité de l’usage fait précisément écho à mon propos. Comme c’est devenu facile, tout le monde doit le faire ? En réalité ceci est faux statistiquement. Pour prendre un autre exemple, depuis l’explosion des chaînes câblées et de la TNT, il n’y a jamais eu autant de chaînes culturelles disponibles.
Pourtant est-ce que l’usage global des chaînes culturelles a augmenté ? Sans doute un peu, mais le gros de l’audience revient à RTL9, TMC, W9… et autre ersatz de TF1 et M6 : du divertissement plus ou moins abêtissant.
Sans doute la facilité d’accès à l’information via Wikipedia ou Google ne peut pas nuire à la « conscience générale », mais c’est un leurre de croire que les technologies peuvent remplacer l’éducation.
Si vous n’avez pas la curiosité, le goût de la connaissance vous ne lirez jamais un dico, même si on vous le donne. Cette curiosité s’apprend tout jeune ou via les rencontres de la vie… tout comme le goût du vin ou des légumes…
Tout commence par l’éducation, même s’il n’y a aucun déterminisme et qu’il existe fort heureusement des exceptions.
Mais je vous rejoins sur un point : si les technos ne sont pas suffisantes, en tout cas, elles ne peuvent pas faire de mal, si ce n’est que leur seule présence accroît les inégalités culturelles car les plus éduqués en profitent davantage. Mais cela est vrai de toute innovation.
Enfin, c’est mon pt de vue en tout cas 😉
@ Merci Eric !
J’aurais du mal à dater précisément cette nouvelle élite c’est un fait 😉
Mais moi qui travaille sur Internet depuis 15 ans, j’ai vu émerger récemment (moins de dix ans) de réels talents et de nouvelles compétences qui s’accélèrent avec l’irruption des réseaux sociaux, des plateformes sociales, et surtout des usages. En quelques années certains ont pris des positions et une avance considérable dans le milieu médiatico-communiquant en tout cas.
L’ancien pouvoir s’en soucie de plus en plus (je les forme crois-moi), mais est parfois désemparé et face à son impuissance ou son inquiétude a des réactions d’auto-défense : dédain, mépris, désintérêt affiché… La plupart (sauf les inconscients et les imbéciles) sentent le pouvoir leur échapper. Comme les vieux aigris réfugiés dans le « c’était mieux avant » 🙂
@ Merci Eric !
J’aurais du mal à dater précisément cette nouvelle élite c’est un fait 😉
Mais moi qui travaille sur Internet depuis 15 ans, j’ai vu émerger récemment (moins de dix ans) de réels talents et de nouvelles compétences qui s’accélèrent avec l’irruption des réseaux sociaux, des plateformes sociales, et surtout des usages. En quelques années certains ont pris des positions et une avance considérable dans le milieu médiatico-communiquant en tout cas.
L’ancien pouvoir s’en soucie de plus en plus (je les forme crois-moi), mais est parfois désemparé et face à son impuissance ou son inquiétude a des réactions d’auto-défense : dédain, mépris, désintérêt affiché… La plupart (sauf les inconscients et les imbéciles) sentent le pouvoir leur échapper. Comme les vieux aigris réfugiés dans le « c’était mieux avant » 🙂
Les dominants restent les mêmes, émergent simplement de nouveaux valets.
Les dominants restent les mêmes, émergent simplement de nouveaux valets.
@Pascal vous pensez à qui quand vous parlez de valets ?
@Pascal vous pensez à qui quand vous parlez de valets ?
Wow.
Je lisais hier l’idée que la clarté d’esprit est la mesure ultime de l’intelligence. Clarté, celle qui sait transmettre à l’Autre en quelques mots simples une explication qui sera assimilée de façon optimale.
Lu la semaine dernière, une belle compression par Einstein: « Si tu ne peux pas l’expliquer simplement, c’est que tu ne le comprends pas assez bien. »
Et donc, là, on est en plein dedans. Avec en plus, références aux précédents historiques décortiqués sous l’angle d’une caractéristique précise, que ce soient les Maires du Palais, Ramsès II ou les nobles gallo-romains…
Je passe mon temps à rajouter des blogs intelligents ou insolites dans mes marques-pages, sans jamais vraiment y revenir.
Il se pourrait que je fasse une exception!!!!
Merci à monsieur Bouygues d’avoir fauté, sans ça je n’aurais pas découvert cette mine.
Clarté d’esprit, articulation conceptuelle ET historique sur le bout des doigts, sympathie et humilité en couronnement du tout?
Longue vie.
@Daniel Merci de tous ces compliments que je mérite pas tout à fait (en particulier de l’humilité) mais qui font toujours plaisir 🙂
Je vais donc tâcher doublement de m’en montrer digne dans mes futurs papiers 😉
Longue vie à vous également qui m’avez soutenu dans mon bras de fer avec mon opérateur mobile, quand d’autres restaient froids ou critiques !
🙂
Quel haut fait d’arme de ma part! 😀
Vraiment, pour l’humilité? J’en sens pourtant une bonne pointe.
Au fait, merci aussi, puisque la visibilité de ce blog a fait rougir le géant industriel… toujours bon, les mini-mares!
😉
Quel haut fait d’arme de ma part! 😀
Vraiment, pour l’humilité? J’en sens pourtant une bonne pointe.
Au fait, merci aussi, puisque la visibilité de ce blog a fait rougir le géant industriel… toujours bon, les mini-mares!
😉
@Daniel hahaha « je suis timide, mais je me soigne » dirait l’autre… 😉
Non, l’humilité est un concept complexe asses difficile à appliquer, D’où ma réticence. J’essaie de ne pas me leurrer sur mes qualités et mes défauts, j’essaie de me connaître moi-même, comme dirait Socrate.
En dehors de cela, j’écoute et je respecte les autres, y compris les « petits »
c’est le fruit d’une belle éducation qui se perd, j’ai de la chance…
Mais je peux aussi être un sale con parfois !
ce qui me rends humain … et quelquefois détestable 🙂
Amicalement
Cyrille
« Naûghty Sale Con » (Socrate)
Mettons « modestie » alors (même si etc.).
D’accord sur toute la ligne. Avec enthousiasme! C’est vrai, finalement, que c’est une chance. Le « Moi et mes circonstances »…
L’éducation est capitale, mais elle ne fait pas tout. Mon frère et ma soeur ont eu la même que moi et eux sont sales cons à temps plein… il y a quelque chose qui vient de plus loin, ou qui y va?
En tout cas, à la bonne jusqu’ici.
Amicalement vôtre! (amusant comme le forum de téléphonie appelait le tutoiement et celui-ci le vouvouzêtlà) 🙂
« Naûghty Sale Con » (Socrate)
Mettons « modestie » alors (même si etc.).
D’accord sur toute la ligne. Avec enthousiasme! C’est vrai, finalement, que c’est une chance. Le « Moi et mes circonstances »…
L’éducation est capitale, mais elle ne fait pas tout. Mon frère et ma soeur ont eu la même que moi et eux sont sales cons à temps plein… il y a quelque chose qui vient de plus loin, ou qui y va?
En tout cas, à la bonne jusqu’ici.
Amicalement vôtre! (amusant comme le forum de téléphonie appelait le tutoiement et celui-ci le vouvouzêtlà) 🙂
j’essaie de me connaître moi-même, comme dirait Socrate!!
Bonjour,
Vous écrivez
» Facebook alimentée d’un flux d’infos corporate, c’est comme les “sites vitrines” des années 2000″
Et l’impression en effet, que ce sont toujours les mêmes informations qui circulent, à peine commentées…
Et il m’arrive de me demander, le soir sur FB,
– si je ne suis pas revenue à l’époque de la télé des années 70, avec une seule et unique chaîne…
ou,
– si nos ne sommes pas dans l’époque imaginée par Huxley; le Monde de Ford, le Monde du Meilleur des Mondes… avec un message adapté pour les Alpha, Beta, etc
Avant, après rien ne change?
Bonjour,
Vous écrivez
» Facebook alimentée d’un flux d’infos corporate, c’est comme les “sites vitrines” des années 2000″
Et l’impression en effet, que ce sont toujours les mêmes informations qui circulent, à peine commentées…
Et il m’arrive de me demander, le soir sur FB,
– si je ne suis pas revenue à l’époque de la télé des années 70, avec une seule et unique chaîne…
ou,
– si nos ne sommes pas dans l’époque imaginée par Huxley; le Monde de Ford, le Monde du Meilleur des Mondes… avec un message adapté pour les Alpha, Beta, etc
Avant, après rien ne change?
Bonjour Rachel et bienvenue sur ce blog (que je vais réactiver bientôt) !
Je suis assez d’accord avec vous hélas. Il y a évidemment à la fois uniformisation des contenus d’information et en même temps un accès inégal à ceux-ci : les nantis socio-économiques qui lisent le Monde et Mediapart et tous les autres qui lisent Google actu ou Yahoo (pour schématiser).
Est-ce nouveau, non, en effet. L’inégalité d’accès à l’info a toujours existé et celle-ci s’est plutôt atténuée grâce à la massification de l’accès aux études supérieures qui date des années 70 justement.
Mais il est bon de rappeler que cela ne s’est guère amélioré depuis 20 ans sur ce plan. On peut même déplorer une dégradation je le crains, depuis une dizaine d’années, liées à différents facteurs socio-économiques et culturels.
> Massification scolaire mal maîtrisée qui accentue les inégalités culturelles
> Problème du modèle économique de la presse en ligne qui favorise la course à l’audience et le suivisme pour l’info gratuite
> Libéralisation éco qui accentue la concurrence des services publics vis à vis du secteur privé (cf JT de France2, inspiré de celui de TF1)
> Tendance sociétale au divertissement, aux loisirs qui nécessite de réinventer la façon dont on transmet l’information, pour l’adapter aux nvx usages…
A bientôt !
Cyrille
Bonjour Rachel et bienvenue sur ce blog (que je vais réactiver bientôt) !
Je suis assez d’accord avec vous hélas. Il y a évidemment à la fois uniformisation des contenus d’information et en même temps un accès inégal à ceux-ci : les nantis socio-économiques qui lisent le Monde et Mediapart et tous les autres qui lisent Google actu ou Yahoo (pour schématiser).
Est-ce nouveau, non, en effet. L’inégalité d’accès à l’info a toujours existé et celle-ci s’est plutôt atténuée grâce à la massification de l’accès aux études supérieures qui date des années 70 justement.
Mais il est bon de rappeler que cela ne s’est guère amélioré depuis 20 ans sur ce plan. On peut même déplorer une dégradation je le crains, depuis une dizaine d’années, liées à différents facteurs socio-économiques et culturels.
> Massification scolaire mal maîtrisée qui accentue les inégalités culturelles
> Problème du modèle économique de la presse en ligne qui favorise la course à l’audience et le suivisme pour l’info gratuite
> Libéralisation éco qui accentue la concurrence des services publics vis à vis du secteur privé (cf JT de France2, inspiré de celui de TF1)
> Tendance sociétale au divertissement, aux loisirs qui nécessite de réinventer la façon dont on transmet l’information, pour l’adapter aux nvx usages…
A bientôt !
Cyrille
Ce sont ces facteurs (explicatifs, je le précise !) qui, justement, m’intéressent… Comprendre pour pouvoir – ou non – agir.
Pour ce qui est du journalisme, je crains que cette profession ne soit en voie de disparition.
Les informations sont de plus en plus remplacées par des communiqués de presse ou encore des conférences.
C’est ce qui se passe au niveau des Politiques ( quels que soient les Partis).
Alors à bientôt, j’espère.
Rachel,
Selon moi, le principal facteur – et de loin – est l’éducation. Les spectateurs d’Arte et les lecteurs d’information plus profonde se recrutent parmi les plus instruits.
C’est par l’instruction que l’on développe son esprit critique et sa curiosité. Il faut réformer notre système éducatif pour éviter le décrochage des plus défavorisés et la stagnation du troupeau, tandis que les plus favorisés socialement prennent de plus en plus d’avance (décrochage par le haut).
Par ce biais, on augmentera l’exigence globale du public en termes de qualité d’information.
Mais il faut en parallèle modifier l’offre pour l’adapter à tous les publics. C’est ce que nous tentons de faire avec quoi.info, et ce sur quoi je travaillle en ce moment même pour la refonte de la rentrée 😉
A bientôt
Cyrille,
A propos de Quoi.info, c’est une excellente initiative et pour illustrer mes propos :
– J’interviens auprès de Jeunes de 16 à 25 ans, sortis du système scolaire « pas ou peu qualifiés et n’ayant pas les pré-requis pour trouver un emploi ou une formation »; définition politiquement correcte qui signifie « Niveau 5eme », jetés du système scolaire.
Bref, ils et elles ne sont même pas dans le troupeau – pour reprendre votre expression; ce serait plutôt des « brebis galeuses »
Et je m’appuie sur Quoi.info pour traiter avec eux des sujets d’actualité… et surtout, avoir quelques bases. C’est très accessible.
Donc, Merci et bon courage pour la suite de ce site…
Cyrille,
A propos de Quoi.info, c’est une excellente initiative et pour illustrer mes propos :
– J’interviens auprès de Jeunes de 16 à 25 ans, sortis du système scolaire « pas ou peu qualifiés et n’ayant pas les pré-requis pour trouver un emploi ou une formation »; définition politiquement correcte qui signifie « Niveau 5eme », jetés du système scolaire.
Bref, ils et elles ne sont même pas dans le troupeau – pour reprendre votre expression; ce serait plutôt des « brebis galeuses »
Et je m’appuie sur Quoi.info pour traiter avec eux des sujets d’actualité… et surtout, avoir quelques bases. C’est très accessible.
Donc, Merci et bon courage pour la suite de ce site…