L’abominable assassinat d’un professeur d’Histoire nous a cruellement rappelé le danger islamiste, toujours là. Mais au delà de cet attentat terroriste, cet épisode a mis en lumière, une fois de plus, une fragmentation accélérée de la société. Celle-ci est accentuée par des groupes de pression qui réclament un séparatisme religieux, mais aussi ethnique, social ou sexuel.
Les promesses d’égalité et de méritocratie républicaines ont été en partie déçues pour les populations les plus fragiles. Les inégalités sociales et les discriminations sexuelles, ethniques persistent. La crise économique endémique et les choix politiques les ont même accentués.
« Après cinq ans de stabilisation, les inégalités de niveau de vie repartent en effet à la hausse depuis 2016. Malgré la protection que procure notre modèle social, les phases de crise économique affectent d’abord les plus fragiles. Les écarts se creusent »
Voici l’analyse de l’Observatoire des inégalités.
Des inégalités de revenus, mais aussi d’accès à la santé, aux services publics, à la santé qui se traduisent par une inégalité devant la mort et la maladie. A 35 ans, les cadres bénéficient en effet de 10 années de vie en bonne santé de plus que les ouvriers, rappelle Didier Fassin, anthropologue de la santé. L’espérance de vie à 35 ans des cadres sans problèmes sensoriels et physiques est de 34 ans, contre 24 ans chez les ouvriers.
S’agissant des inégalités ethniques, il y a encore beaucoup de discriminations liées à la couleur de peau et aux préjugés, notamment à l’embauche, mais pas que. L’enquête Trajectoires et Origines de 2009 montrait que cette discrimination se produit au travail, à l’école, dans les relations avec l’administration ou l’accès au logement.
36 % des immigrés arrivés adultes déclarent avoir connu au moins une situation discriminatoire quel que soit le domaine concerné, et 29 % pour les seules discriminations situationnelles rapportées à un motif ethno‑racial.
Certes le racisme « biologique » est de plus en plus marginal dans l’opinion publique française : en 2019, seuls 6 % des Français (- 3 points) estiment ainsi qu’ « il y a des races supérieures à d’autres », soit le plus bas chiffre jamais enregistré. Mais de nombreux préjugés et sentiments xénophobes demeurent. Ainsi, 49 % des Français estiment encore qu’ »aujourd’hui en France, on ne se sent plus chez soi comme avant », en hausse de 7 points par rapport à 2018. Et 52% estiment qu’il y a trop d’immigrés en France (+ 2 points par rapport à 2018).
Les discriminations à l’embauche se poursuivent comme en témoigne hélas une étude de janvier 2020, commandée par le gouvernement.
Pour ce qui concerne les inégalités entre les sexes, les femmes sont toujours payées en moyenne 20% moins que les hommes à niveau de diplôme comparable, elles sont encore peu présentes dans les directions des entreprises (le « plafond de verre »), prennent en charge l’essentiel des tâches domestiques, sans parler de la charge mentale ou des insupportables féminicides qui persistent. En 2019, 146 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, soit 25 de plus qu’en 2018.
En somme, c’est peu de dire qu’il y a encore beaucoup à faire pour corriger les nombreuses injustices qui traversent la société française.
La tentation du repli communautaire ou religieux
Vu ce bilan peu reluisant en termes d’égalité, on peut tout à fait comprendre que certains se détournent des valeurs universalistes républicaines, quand la République ne les applique pas ou pas assez.
Même si ce bilan fait peu de cas également des nombreux bienfaits dont les Français bénéficient aussi : l’assurance chômage et maladie, la retraite par solidarité, les services publics gratuits (au premier rang duquel l’Education nationale !)
Toutefois, il est compréhensible que, pour combler un sentiment croissant d’injustice de la société et des institutions, certains lui préfèrent leur famille, leur tribu, leur communauté.
D’autant que, le communautarisme décrié est plus souvent subi à l’origine que choisi, même si les populations peuvent ensuite faire le choix de se mettre plus ou moins en marge de la société pour des raisons professionnelles (ex. le quartier du Sentier), ethniques (le quartier chinois à Paris), sexuelles (le quartier gay du Marais) ou religieuses (le regroupement autour d’une mosquée).
Entre communautarisme subi et choisi, il y a en fait une relation d’interaction comme l’explique Solange Montagné-Villette, professeur de géographie à Paris XIII.
On peut aussi comprendre que face à l’accumulation des difficultés (chômage, pauvreté, insécurité), les populations se replient vers des pratiques d’entre-soi (vestimentaires, linguistiques, alimentaires, religieuses …), pratiques qui favorisent la cohésion du groupe et leur apportent ainsi une forme de réconfort et de sécurisation psychologique.
Les Français d’origine étrangère sont donc de moins en moins poreux à ce modèle d’assimilation qu’on voudrait les voir adopter, tout en leur refusant partiellement. Les jeunes Français d’origine immigrée de 3e ou 4e génération rejettent cette injonction à « l’intégration » dans la société, eux qui se voient refuser trop souvent l’intégration, ne serait-ce que professionnelle. A ce sujet je vous invite à écouter l’excellente série de conférences au Collège de France de François Hérant, sociologue, anthropologue et démographe.
Le problème est donc global, comme le résume le sociologue Michel Wieworka, dans C l’hebdo du 24 octobre 2020 :
(8’48 ») « Le modèle républicain est en crise et la crise a commencé – à mon sens – dès les années 80. On ne peut pas dire simplement « liberté, égalité, fraternité » de façon un peu incantatoire et dire ça vaut pour tout le monde, c’est merveilleux, à des gens pour qui ça ne marche pas, pour qui c’est une promesse qui n’a pas été complètement tenue. » (…) (16’53 ») « Je pense qu’on ne regarde pas assez les questions de fond qui concernent la société dans son ensemble (…) Si l’on veut redonner confiance en l’idée républicaine, c’est d’énormes chantiers qu’il faut entreprendre un peu partout »
L’attraction du prosélytisme religieux se nourrit des difficultés sociales
Les partisans d’un Islam rigoriste anti-laïque s’appuient précisément sur cette faille du modèle républicain dans les quartiers les plus pauvres, largement occupés par des populations d’origine étrangère. Si cette idéologie a un tel pouvoir d’attraction, c’est qu’elle apporte un mieux-vivre aux populations auxquelles elle est destinée.
L’Histoire des religions et idéologies montre que chacune se développe d’abord sur un discours attractif, mais aussi sur des services pratiques aux fidèles (ce qui suit est évidemment très simplifié) :
Le Judaïsme s’est répandu dans une société polythéiste dure et violente par la promesse du don à ses fidèles d’une terre paradisiaque et d’une bénédiction, en échange d’une alliance avec Yahvé. Une promesse qui explique le prosélytisme très efficace du judaïsme après la première diaspora, suite à la destruction du temple de Salomon en 587 avant JC par Nabuchodonosor.
Le Christianisme apportait à ses fidèles la vision d’une seconde vie de félicité (le paradis) à ceux qui suivaient la voie de Dieu, faite de repentance et d’amour. La pratique de la charité, les oeuvres, l’enseignement scolaire aux plus pauvres ont contribué beaucoup à son dynamisme (sans parler des missionnaires qui sont allés convertir de force des étrangers, avec l’aide des conquistadors et soldats).
L’Islam, qui a beaucoup emprunté à ses prédécesseurs, proposait à ses fidèles une seconde vie paradisiaque mais aussi une progression du droit des femmes et une tolérance inédite vis à vis des autres religions du Livre. Ce, moyennant un impôt, la djîzia, qui a pu motiver dans le long terme les conversions « intéressées ».
Cette tolérance religieuse est d’ailleurs l’un des facteurs de l’expansionnisme romain qui respectait les cultes des peuples vaincus. Rome a même intégré quantité de divinités étrangères, à commencer par le panthéon grec, mais aussi d’autres divinités « barbares » : Isis (égyptien), Cybèle (turque) ou Mithra (perse).
Les islamistes vendent eux aussi une promesse de paradis et de rachat individuel, à condition d’adopter une nouvelle conduite « pure » (sur le plan du respect de la charia) et violente (au nom du Jihad). C’est pourquoi elle est si attractive en prison et auprès de tous ceux qui éprouvent du ressentiment vis à vis de cette République laïque qui les a, en partie, rejetés. Cette recherche de « pureté » est aussi en phase avec le profil psychologique des « caïds » des quartiers, car elle révèle leur orgueil démesuré et leur volonté de puissance.
Les séparatistes ethniques, au nom de la lutte contre les discriminations
Comme si la question des inégalités n’était pas assez compliquée, s’ajoute la pression de nouveaux acteurs qui jettent de l’huile sur le feu et sont particulièrement actifs sur les réseaux sociaux (et notamment Twitter) où ils livrent à leurs opposants une véritable guerre d’influence.
Rokhaya Diallo alimente pour sa part un séparatisme éthnique, importé des Etats-Unis. Elle développe la thèse d’un racisme d’Etat notamment dans la police ou l’éducation nationale. Cette théorie est inspirée par le Black Panther Party américain des années 60, lui-même mouvement révolutionnaire d’inspiration marxiste qui prônait « la révolution mondiale contre les forces impériales et racistes ».
La militante explique toutefois que « racisme d’État ne signifie pas État raciste ni régime raciste ». La nuance est floue et pour le moins ambigüe. Elle évoque plutôt un racisme systémique : l’Etat est accusé de ne pas lutter contre les pratiques discriminatoires au sein de ses diverses institutions, notamment la police (ex: les contrôles au faciès). N’hésitant pas à comparer le racisme de la société américaine avec celui de la France, elle déclare :
« Alors que la distinction volontaire entre citoyennes et citoyens blancs et non-blancs est avérée et que l’absence de volonté politique de remédier à cette injustice est pointée du doigt par la juridiction la plus élevée de l’ordre judiciaire français, une interrogation quant au racisme nourri par l’état ne me semble pas superflue. »
Elle n’a pas complètement tort vis à vis d’une certaine tolérance du gouvernement vis-à-vis du racisme qui gangrène les rangs de la police, et ce depuis longtemps. Cette tolérance s’explique par le fait que les différents gouvernements, de droite comme de gauche, ont eu cruellement besoin de ce rempart pour contrôler la violence des banlieues, ou celle plus récente des Gilets jaunes. Ce n’est pas une institution que le pouvoir peut se mettre facilement à dos.
Mais il est très injuste de parler d’un racisme d’Etat. D’abord, parce que le gouvernement n’est pas l’Etat. Ensuite, parce que les pratiques discriminatoires qui peuvent en effet toucher de nombreuses institutions, ne sont pas encouragées ni tues par l’Etat qui déploie des efforts importants pour les combattre. Sans parler des milliards investis depuis 40 ans dans une politique de la ville, réduite principalement, il est vrai, à des rénovations urbaines, pour les habitants des quartiers défavorisés.
Enfin, le terme de « racisme » est lui-même piégé, car il révèle des attitudes et responsabilités très diverses. Entre le racisme biologique doctrinal des néo-nazi et la xénophobie ordinaire ou encore les stéréotypes culturels, il y a un pas ! Il est dangereux de mettre tout cela au même niveau, car cela cristallise les oppositions au lieu de les dissoudre. Oui, nous sommes tous plein de préjugés culturels davantage par ignorance que par malveillance. La plupart du temps, il vaut mieux expliquer que fustiger ou stigmatiser.
Mais, par cette accusation, la militante justifie le séparatisme vis à vis d’une République coupable, instigatrice ou au mieux complice des discriminations qui touchent les minorités visibles (je m’abstiens volontairement d’utiliser le terme de « racisés » qui est une reconnaissance implicite de la notion de « race » – hommage de la vertu au vice – et un terme essentialisant).
Cette culpabilisation de la République néo-coloniale est au coeur de la rhétorique des séparatistes (ethniques et religieux) qui rêvent d’une fédération de communautés à l’anglo-saxonne, qui coexistent sans forcément se parler – et leur donne ainsi plus de libertés pour s’affranchir des règles républicaines (ex. la laïcité, le respect de liberté sexuelle etc.) au nom d’un relativisme culturel de bon aloi.
Ce que rappelle Elisabeth Badinter sur RTL le 21 octobre 2020 :
« On a cédé progressivement sur tout au nom de la tolérance et pire encore, au nom de la culpabilisation de certains à l’égard du peuple français »
Cette culpabilisation de l’ancien colon est aussi à l’origine du concept d’appropriation culturelle – théorie là encore américaine tout comme le « blackface » dont se souvient le pauvre Antoine Griezmann. Cette théorie dénonce le « colonialisme culturel » et un rapport de domination des forts sur les faibles. Il s’agit de villipender les personnes blanches (dominantes) qui adoptent les habits, coiffures ou tout autre élément de la culture « dominée ». Il s’applique y compris aux artistes blancs qui s’inspirent de tel ou tel art africain dans leurs oeuvres. Cette récupération de cultures opprimées serait donc le comble de la violence symbolique.
Une théorie très enfermante qui pourrait conduire à ne plus adopter que les objets culturels de sa communauté d’appartenance (attribuée par qui ?) ou de son niveau social (définis par qui ?). Sans parler de l’appauvrissement culturel pour la société qui renoncerait à tout emprunt et métissage réciproque. Le cubisme n’aurait jamais vu le jour sans les inspirations tirées de l’art africain du début du XXe s et nombre de toiles de Monet, Van Gogh et Gauguin n’eussent pas vu le jour sans le « Japonisme ».
C’est bien la domination socio-économique qu’il faut dénoncer pas le brassage culturel, sans limitation !
Avec le concept de « blanchité », Rokhaya réussit même à justifier un racisme inversé vis à vis du peuple oppresseur, en s’abritant derrière son fameux argument du « système » qui avantage les blancs. En plaçant la couleur de peau comme un critère de classement des citoyens, elle ne se rend pas compte qu’elle entretient le racisme, pas systémique, mais essentialiste cette fois qui fait bien les affaires des partisans du racisme biologique. Le concept de « privilège blanc » est pour le moins dangereux et injuste aussi : comment parler de ce « privilège » aux plus démunis qui seraient blancs ?
Attention à ne pas tomber dans le piège funeste de la hiérarchie des malheurs, qui induit celle des causes et pousse les communautés les unes contre les autres. Je pense à la concurrence que certains veulent établir entre la tragédie de l’esclavage et celle de la Shoah (avec de forts relents antisémites). Entre les peuples d’origine africaine et les juifs (de toutes origines, et notamment africaine via les Tunisiens, Marocains ou encore les Falachas éthiopiens).
C’est bien mal défendre les intérêts de la communauté noire que de s’aventurer sur ce terrain de la concurrence des causes. Le racisme anti-noir devant l’anti-sémitisme, la lutte contre les injustices qui visent les personnes de couleur devant les injustices tout court, etc.
Les Juifs ont été exterminés par les nazis du seul fait de leur judéité (réelle ou supposée). Ces personnes n’ont pas été ciblées parce qu’elles étaient blanches mais parce qu’elles étaient juives.
Piège terrible que cette concurrence des causes qui sème la division au lieu de rassembler. Tentation à laquelle avait cédé Pierre Bergé, en 2009 lorsque, président du Sidaction, il avait fustigé le Téléthon qui selon lui « parasitait la générosité des Français d’une manière populiste ». Contamination de la culture néo-libérale individualiste : moi et ma communauté devant les autres.
Le paroxysme de ce séparatisme ethnique a pris la forme des « comités racisé.e.s non mixtes » à l’UNEF ou les camps d’été décoloniaux interdits aux blancs.
Séparatisme éthnique et séparatisme religieux, main dans la main
Sur la question du voile, Rokhaya Diallo fait cause commune avec les associations comme Lallab qui militent en faveur du port du voile islamique dans l’espace public, y compris dans l’administration ou l’éducation nationale. Et justifient ce droit au nom de la liberté individuelle, ce qui est très habile et apparemment imparable. Comment nous autoriser à porter une mini-jupe et nous interdire le voile ? Laissez donc les femmes décider de ce qu’elles veulent porter !
Comme le rappelait Caroline Fourest en 2017 sur son blog :
La principale action de Lallab consiste à banaliser le port du voile, notamment en se référant beaucoup à Asma Lamrabet, l’une des théoriciennes du féminisme islamique dont les ouvrages sont préfacés par Tariq Ramadan. Comme lui, elle tient un discours très doucereux qui peut donner le sentiment d’être très féministe et qui, en réalité, légitime la référence religieuse au détriment des autres féminismes.
Cette stratégie a très bien fonctionné auprès d’une partie des féministes (très représentées dans les médias). Elle a en tout cas bien réussi à fragmenter le mouvement féministe de gauche, comme de droite.
Séparatisme social des « Gilets jaunes »
La fronde persistante des « Gilets jaunes » a montré la forte tentation séparatiste des catégories sociales modestes vis à vis des élites et de tout groupe social soupçonné d’être plus ou moins complice du gouvernement.
Une partie croissante de la population vit une telle détresse économique, qu’elle prend de plus en plus ses distances avec la société avec qui elle se trouve en décalage. L’archipellisation de la société française développée par Jérôme Fourquet est accentuée par des leaders – tels que Eric Drouet, Maxime Nicolle ou Jérome Rodrigez, qui soufflent sur les braises.
Ils s’agitent sur les réseaux sociaux pour inviter leurs troupes à renverser la table (le gouvernement), rejoints par les mouvements anarchistes d’extrême-gauche (les black blocs) ou / et les identitaires d’extrême-droite.
Cette fronde n’est d’ailleurs pas étrangère à la méfiance croissante des plus modestes vis à vis de la politique sanitaire des autorités (rejet des vaccins, des masques, du compteur Linky, de la 5G…)
Séparatisme sexuel : le rejet des hommes
C’est la militante Alice Coffin qui a sonné la première la charge contre les hommes et prône ouvertement un séparatisme sexuel, même s’il est loin d’être aussi caricatural que les extraits publiés ici et là.
Ainsi dans son livre Le génie lesbien, elle déclare :
« Les hommes, je ne regarde plus leurs films, je n’écoute plus leur musique. Du moins j’essaie. (…) Commençons ainsi, plus tard, ils pourront revenir »
Il ne s’agit donc pas d’une déclaration de guerre, mais bien d’une volonté de s’éloigner du sexe opposé pour faire avancer la cause égalitariste des femmes, mais aussi dans l’intérêt plus global de ses « soeurs » (cette sororité, qui doit être inconditionnelle selon Alice Coffin – c’est à dire qu’elle doit empêcher toute critique public d’une femme, quels que soient ses torts).
Cf son interview pour National Geographic :
Quel est le plus grand défi pour les femmes d’aujourd’hui ?
Se soutenir. Faire bloc face à l’adversité. Cela requiert de se battre pour les femmes de minorités particulièrement opprimées. Les femmes migrantes, racisées, lesbiennes, précaires, toutes celles qui, en plus du sexisme structurel et quotidien, affrontent d’autres violences et discriminations. Mais cela implique, aussi, d’éviter toute critique publique envers d’autres femmes en position de pouvoir. C’est un exercice difficile, car certaines n’agissent pas en féministes, mais il me semble indispensable, si nous ne voulons pas entretenir la misogynie. Concentrons, en public, nos attaques contre les homme
Pauline Harmange écrivaine et féministe va même plus loin encore avec son « Moi les hommes, je les déteste ». Et sans prôner leur éradication, affiche une mysandrie décomplexée :
«Détester les hommes et tout ce qu’ils représentent est notre droit le plus strict. C’est aussi une fête. Qui aurait cru qu’il y aurait autant de joie dans la misandrie ?»
Dans les deux cas, il ne s’agit pas que d’un choix personnel , mais d’une démarche prosélyte : selon elles, les femmes seraient plus heureuses, si elles se passaient des hommes ou mieux, si elles étaient lesbiennes, comme le déclare Alice Coffin :
Soyez exigeantes, devenez lesbiennes ! Ou, du moins, apprenez à vous passer du regard des hommes.
Cette vision du combat féministe n’est pas nouvelle. Elle était prônée par les militantes différentialistes ou essentialistes lors de la révolution de 1968. On en perçoit les vestiges dans l’excellent péril jeune de Cédric Klapish ou dans le Monde selon Garp de John Irving. L’écrivain américain se moque cruellement des « Ellen Jamesiennes » partisanes d’un séparatisme sexuel radical (et se coupent la langue, en hommage avec la malheureuse fillette Ellen James, violée et mutilée ainsi pour l’empêcher de parler).
Le repli communautaire, solution aux travers de la société, est un poison mortel
Toutes ces formes de séparatisme peuvent se comprendre. De manière individuelle, chacun fait comme il peut (et souhaite) pour faire face aux injustices et révoltes – qui le touchent. Je m’abstiendrai donc de porter un jugement sur ceux et celles qui optent pour ce choix, à titre individuel. Même si on peut parfois regretter que beaucoup voient souvent le verre à moitié vide et ne mesurent pas toujours la chance qu’ils ont d’être Français, et de bénéficier, sinon du meilleur des mondes, d’un système plutôt moins injuste qu’ailleurs (notamment infiniment moins injuste que les pays anglo-saxons ou a fortiori ceux du Golfe persique).
En revanche, je pense que ce sont de mauvaises réponses collectives, à de vraies questions. Ce n’est pas parce que l’idéal universaliste est inaccompli, qu’il faut l’abandonner. Avec ce raisonnement pourquoi ne pas se débarrasser non plus de l’école, accusée régulièrement de produire l’inégalité scolaire, autant qu’elle la corrige ?
Il faut s’évertuer à corriger les injustices en général pour admettre tout le monde à la même table, pas accepter que certains fassent bande à part ! Cela les conforterait peut-être dans un premier temps, mais les stigmatiserait et les isolerait toujours plus sur le long terme. Cela ferait imploser le vivre-ensemble, et conduirait progressivement à l’affrontement de plus en plus violent des groupes sociaux, voire des chapelles (les féministes laïcistes contre les féministes « tolérantes », les vegan contre les végétariens, les LGBTQIA+ contre les LGBT etc.). Surenchère cathare (de « pureté ») là encore, orgueil et volonté de puissance.
Nous sommes déjà dans une société fragmentée ou chacun se méfie plus que jamais d’autrui, de celui qui est différent de soi. Pense-t-on sérieusement améliorer les choses ainsi ?
Il y a selon moi deux raisons culturelles profondes à ces revendications identitaires :
1- le vide laissé par la fin des idéologies qui dominaient jusque-là : religion, science, communisme, libéralisme. L’échec du libéralisme à donner du sens à nos existences, est patent depuis la fin du communisme dans les années 90. Du moins dans les pays occidentaux, car en Asie, le socialisme de marché a le vent en poupe, en Afrique le capitalisme aussi (le sens, un problème de riche ?). Ce moment coïncide avec la dérégulation financière Thatcho-réganienne – néo-libéral – qui a renforcé les inégalités économiques et contribué à l’appauvrissement des Etats. De l’idéologie libérale, chacun a néanmoins gardé ce qui l’arrangeait.
2- la prégnance du « libéralisme zombie », pour plagier (en exagérant) le « catholicisme zombie » d’Emmanuel Todd et Hervé le Bras dans Le mystère français.
>> Primat du « chacun pour soi » : ma cause l’emporte sur celle des autres, la discrimination des gens de couleur sur les pauvres blancs, le droit des malades du Sida sur les gens atteints de mucovicidose, la cause animale devant l’écologie etc.
>> Culte de la liberté individuelle. Chacun a le droit de faire ce qui lui plaît revendiqué très souvent, comme Pauline Harmange : « Détester les hommes et tout ce qu’ils représentent est notre droit le plus strict ».
Les défenseurs du voile ou burkini, utilisent très habilement ce droit de chacun à disposer de son corps et reprennent à leur compte les arguments des féministes des années 60 et 70 et leur droit à porter des habits plus courts. Ils retournent ainsi la liberté individuelle contre elle-même, de même que les antisémites renvoient régulièrement la liberté d’expression à la loi Gayssot (sans la connaître le plus souvent) :
La laïcité, règle extraordinaire de coexistence pacifique, et l’idéal universaliste sont en danger car ils subissent les coups de butoir d’agitateurs. Ceux-ci, plus ou moins sincères ou instrumentalisés, ne cherchent qu’à s’en débarrasser pour développer un prosélytisme plus agressif vis-à-vis d’un mode de vie rigoriste et puritain (qui interdit notamment la liberté sexuelle, cf la violence des islamistes vis-à-vis des homosexuels). Alors que la religion catholique semble enfin évoluer sur ce point, si l’on en croit les récentes déclarations du pape François.
La conquête lente des esprits est un projet géopolitique
Le séparatisme ethnique et religieux ou sexuel avancent ensemble. Leur objectif est d’enterrer l’universalisme républicain qu’ils considèrent comme factice. Si j’en perçois les défauts et les hypocrisies (comme la « méritocratie » biaisée), je m’inscris vigoureusement en faux contre ce combat.
Le séparatisme ethnique et religieux, eux, sont téléguidés par des puissances étrangères : principalement le Qatar, l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et la Turquie. Ces pays dépensent des milliards chaque année à promouvoir à l’étranger leur modèle théocratique ou rigoriste promouvant la charia.
C’est ce qu’expliquait fort bien Youssef Chiheb, professeur associé à l’université Paris 13 à la Commission sénatoriale sur la radicalisation en décembre 2019 :
Le rapport sénatorial de juillet 2020 montre bien comment les Frères musulmans, experts de l’entrisme, appliquent avec succès une stratégie initiée depuis le début du XXe s. Celle-ci consiste à infiltrer toutes les institutions des pays occidentaux, pour mieux les modifier de l’intérieur (le projet).
Une stratégie fort bien mise en oeuvre par Tariq Ramadan, petit fils du fondateur des frères musulmans Hassan el-Banna, qui affichait deux visages. Respectueux de la République et de la laïcité quand il parlait aux médias, fondamentaliste en privé. On a vu aussi l’étendue de sa duplicité dans son rapport aux femmes.
C’est grâce à leurs provocations qu’ils ont ébranlé le conseil d’Etat en 1989, lequel a ouvert la première brèche dans la laïcité en autorisant en 1989 le port du voile à l’école, au nom de l’intégration des trois millions de musulmans français d’alors.
Jérôme Fourquet raconte combien la gauche a été mal à l’aise sur ce sujet, elle dont l’ennemi héréditaire était le catholicisme. Ils ont alors opté pour une tolérance face à un risque pour la laïcité qu’ils ont sous-évalué :
« En 1989, beaucoup ont cru à une crise d’adolescence, et qu’il suffisait d’être patient. S’opposant à l’exclusion des collégiennes voilées de Creil, SOS Racisme estimait que « le jean finira par l’emporter sur le tchador ». Avec trente ans de recul, et alors que les jeunes qui avaient 15 ans à l’époque en ont aujourd’hui 45, on voit que l’empreinte de la religion sur cette population ne s’est pas effacée, bien au contraire ».
Pour Naëm Bestandji, fondateur du collectif « Ni putes, ni soumises » de Grenoble, « l’islamisme est un fondamentalisme« . Le projet politique (l’islamisme politique) ne s’inscrit pas dans la temporalité de nos politiques, mais sur plusieurs générations ». Il analyse ainsi la tentative de pénétration de tous les aspects de la vie sociale par les islamistes :
« Ils ne s’opposent pas à la société, ils veulent l’investir : syndicats, écoles, associations, etc., pour faire prévaloir leurs valeurs par la voie de la banalisation. » Ainsi en est-il de la prescription selon laquelle « les femmes voilées doivent investir toutes les strates de la société, pour banaliser le voile et le faire accepter ». En matière électorale aussi, « les islamistes ont choisi deux méthodes : créer leurs propres listes ou infiltrer les listes d’autres partis ».
Les Frères musulmans ont réussi à convaincre une bonne part des jeunes journalistes, séduits par le message de tolérance et d’égalité apparents – et d’autant moins enclins à croire à cette stratégie d’entrisme – que celle-ci est dénoncée par l’extrême-droite, entre autres complots (dont la théorie délirante du « grand remplacement« ).
Certains le font par idéalisme candide et par volonté de faire plutôt partie des gentils contre la « fachosphère ». D’autres par orgueil et besoin de cultiver cette nouvelle distinction morale.
D’autres encore, car ils sous-estiment largement le problème, voire le nient. Et pensent plus à défendre les musulmans qu’une laïcité qui ne craint rien.
L’entrisme des Frères musulmans – soutenus par une partie de l’extrême gauche – a consisté aussi à développer l’usage très efficace du terme « islamophobie« , interprété comme du racisme anti-musulman, concept fallacieux qui interdit moralement de se moquer ou de critiquer l’Islam, et surtout sa version la plus radicale.
Ce terme d’islamophobie est une invention très maligne des plus rigoristes pour disqualifier toute critiques envers l’interprétation salafiste de l’Islam. Lesquels prétendent parler au nom de tous les musulmans, alors que ceux-ci n’ont pour la plupart ne réclament rien de tel ! La majorité s’accommode très bien d’un islam sécularisé ou très modéré.
Cela représente un recul immense sur le plan de la liberté d’expression. Et c’est Salman Rushdie qui le raconte très bien :
Grâce à cette idée, ils ont réussi à promouvoir une violente critique de Charlie Hebdo, accusé d’être anti-musulman et de blesser les croyants par des caricatures injurieuses. Soutenu dans cette idée par nombre de médias et journalistes, ils ont réussi un lent travail de sape.
Le résultat a pu s’observer après les attentats contre Charlie hebdo, quand se sont multipliés les « Je ne suis pas Charlie ». Aujourd’hui on le voit aussi dans les attaques terribles contre Mila par des hordes d’internautes fanatisés par le manque de respect à leur prophète qui justifierait toutes les menaces de mort, de viol, de torture…
Cette stratégie d’entrisme porte ses fruits à l’école où un grand nombre d’élèves prennent fait et cause pour leurs camarades musulmans, contre la laïcité, en défendant l’idée que le blasphème est mal – ignorant souvent que ce n’est pas interdit par la loi.
Ou ne comprenant rien aux principes de la laïcité, tout en ayant la certitude du contraire. C’est le fameux effet Dunning-Kruger.
Ils sont d’autant plus enclins à adopter cette attitude qu’ils sont exposés à la propagande habile de sites comme AJ+ financé par le Qatar (qui appelle au boycott des produits français pour protester contre les mesures « islamophes » d’Emmanuel Macron). Ce site, très diffusé sur les réseaux sociaux, promeut discrètement le port du voile ou les associations fondamentalistes (comme le CCIF). Ce, au milieu de sujets « cool » et bienveillants (droits des femmes, des animaux, des minorités, de l’environnement…), bien conçus pour intéresser les jeunes et susciter leur approbation.
Il faut aussi préciser que ce lobbying discret n‘est pas l’apanage exclusif de l’islam radical. Du côté catholique aussi, il y a des alliances avec les religieux salafistes pour affaiblir la laïcité. C’est le cas de l’association Coexister qui promeut discrètement un prosélytisme plus grand, derrière un discours de tolérance inter-religieuse et de paix.
S. Grzybowski, le fondateur de Coexister explique :
« Certains voudraient aller au delà de ces principes et « engager ce qu’Emile Combes appelait le processus de laïcisation intégrale, faire de la laïcité une religion d’Etat ».(…) Les laïcistes de 2016 veulent une neutralité de l’espace public qui n’existe pas. La stricte application de la loi de 1905, sans compromis, ni concessions, n’exige pas, par exemple, l’interdiction du port de signes religieux à l’université par des adultes. »
En 2013, l’association s’est vue retirer son statut d’intérêt général, de manière non avouée parce qu’elle exerçait une pression contre la laïcité. Ce que soupçonne d’ailleurs son fondateur :
« Nous nous refusons à croire à une décision visant à augmenter les recettes fiscales de l’État. Nous ne voudrions pas non plus voir dans cette décision un acte de mépris vis-à-vis de l’esprit de la loi de 1905, ou de laïcisme excessif ne distinguant pas la foi du « religieux », en tant que fait social.
Il semble même que certaines thèses – invitant à une forme de mesure (de censure) les caricaturistes – aient touché certains des représentants de l’islam modéré comme Mohammed Moussaoui – qui a toujours affiché jusqu’ici une primauté des lois de la République.
Je ne parle pas de l’affichage public des caricatures qui pose question s’agissant de l’invasion de l’espace public par ce qui pourrait être perçu comme clairement offensant. La jurisprudence ne s’est pas toujours prononcée en faveur de la liberté d’expression, en matière d’affichage public pouvant heurter la foi catholique (ex. la censure de l’affiche pour le film Ave Maria en 1984).
Il ne faudrait pas qu’il y ait une liberté à géométrie variable selon la religion considérée qui discréditerait le droit à la liberté de critiquer les religions. Ou alors, et c’est mon souhait, il faut l’appliquer à toutes les religions de la même façon. Ce fut la grosse erreur de la loi de 2004 sur l’interdiction des signes religieux ostentatoires à l’école.
Il s’agissait en réalité de limiter l’usage du voile islamique, considéré comme une incursion forte des islamistes à l’école, mais la gauche fut contrainte par la décision du Conseil d’Etat qui a considéré :
les élèves ont la liberté d’exprimer et de manifester leurs croyances dans les établissements scolaires, dans le respect du pluralisme et de la liberté d’autrui.
Il a donc fallu encadrer l’interdiction par les termes « ostensibles ou revendicatifs ». Mais alors quid. des croix affichées par dessus les pull-overs ? Des rubans sikhs ? Les militants radicaux et pourfendeurs de racisme eurent tôt fait de s’engouffrer dans la brèche.
Pourquoi ne pas dénoncer un objet porteur en soi d’une idéologie anti-féministe de claustration patriarcale (et lié à l’irruption récente d’un islam politique dans les pays arabes et perse) ? Peut-être le Conseil d’Etat n’eusse-t-il pas apprécié et aurait rejeté comme anti-constitutionnel un texte formulé en ce sens. L’opinion de gauche, elle, était prise en étau entre leur esprit d’ouverture et de tolérance multiculturel et la lutte contre les discriminations à l’égard des femmes. Il fallait aussi veiller à pas stigmatiser les musulmans modérés qui le portent. Evidemment, il s’agissait d’un piège tendu par les plus radicaux qui prétendent représenter tous les musulmans, alors qu’ils ne satisfont qu’une minorité. Jérôme Fourquet rappelle :
« Et il est intéressant de noter que bien qu’elle soit encore présentée par certains comme une loi de “ségrégation” (Edwy Plenel, janvier 2015) anti-musulmans, la loi sur l’usage de signes religieux à l’école est soutenue par une forte proportion de personnes de confession musulmane (41%), tout comme d’ailleurs la loi de 2010 interdisant le port du voile intégral dans les espaces publics (47%).
Enfin, il faut ajouter que les différents gouvernements de droite, comme de gauche, portent une responsabilité dans la montée de cet islamisme rampant. Sans parler de cet abandon progressif des quartiers difficiles à leur pauvreté, ils ont été plus que conciliants avec les pays qui leur achètent des armes ou investissent dans leurs pays : le Qatar, l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes. Il est plus que temps que la diplomatie française hausse le ton.
Les mouvements séparatistes accentuent la fragmentation de la société. Ils prennent leur source avant tout dans une crise du modèle républicain et les problèmes structurels d’inégalité. La tentation du repli communautaire se comprend fort bien, mais ce n’est pas un voie susceptible d’améliorer le « vivre ensemble », bien au contraire.
Mais s’agissant du séparatisme religieux – dont le plus dynamique est islamiste – il est très largement le fruit de l’activisme de forces étrangères et d’un entrisme subtil. De ce point de vue, la stratégie au long cours des Frères musulmans représente le danger principal, car elle sape petit à petit les fondement de la laïcité et infiltre tous les pans de notre société. Les journalistes, mais aussi les universitaires et les intellectuels doivent se forcer à regarder de ce côté, à se documenter sérieusement sur le sujet et ne pas céder à l’anathème anti-fachiste vis-à-vis de ceux qui soulèvent ces dangers.
PS : à tous ceux qui me reprocheraient mon manque de tolérance vis-à-vis de la religion, ou mon laïcisme radical (oxymore), je les invite à lire ce que j’ai écrit au sujet des croyances et croyants.
Cyrille Frank
Le racisme d’État existe et c’est précisément Rockaya Diallo qui en est la suprême incarnation. Cette activiste d’extrême droite représente le racisme et l’obscurantisme à l’état pur : n’importe quel Blanc tenant le centième de ses propos aurait déjà été condamné pour incitation à la haine. Dans les faits les deux formes de racisme les plus répandues et les plus virulentes au vingt et unième siècle, celles qui se traduisent par le plus de crimes ou d’agressions voire de massacres sont l’antisémitisme et le racisme anti-blancs _ aujourd’hui quasi inséparables dans leur dialectique (le « privilège blanc » étant la version moderne du « privilège juif » et incluant d’ailleurs les Juifs) et leurs conséquences. Cette réalité se vérifie partout : de l’Afrique du sud et du Zimbabwe à l’Amérique du nord en passant par Israël et l’Europe de l’ouest. Le « racisme inversé », c’est le racisme tout court.
A signaler les médias d’extrême droite Washington Post et France Amérique qui servent tous les deux de tribune à cette activiste raciste proche du PIR. La désinformation la plus haineuse vient manifestement d’outre-Atlantique.