– “Non monsieur Barnach… Sincèrement…
– “Barnatché ! Barnatché !… C’est basque ! ..”
-“Hum, oui…Monsieur BARNATCHEE… [putain le con, me lâche pas les miennes…], je ne voudrais pas que l’on parte sur de mauvaises bases. Je ne peux pas faire ce que vous me demandez… C’est comment dire… immoral, inacceptable, contraire à la déontologie de ma profession, c’est…”
– “Haha, je vous vois venir vous… C’est quoi la rallonge qui fait défaut à votre conscience ? 10, 15… 20 000 pops ?”
– “…” Monsieur Barnatch”
“Barnatchéééé !!!”
“Oué… Monsieur B. Ecoutez-moi. Il y a des choses que nous ne pouvons nous permettre. Il y a des principes que cette agence ne peut baffouer, c’est une question d’éthique, de respect de soi, de mora…..”
“50 000 ?”
“…”
“Monsieur Barnatché… Je suis frappé… Tant d’insistance… Cette volonté que vous avez… Vous devez être en situation de détresse… Qu’espérez-vous de moi ?”
——————————————-
23h. Le faisceau de suggestions publicitaires est déconnecté. L’ingénierie olfactivo- sonore est hors ligne. C’est fini, le client est parti.
Putain de journée. Putain de client. Putain de loyer.
Enfoiré … de Barnatschhhh. Connard des îles. Basque mon cul. Encore un empaffé de Hongrois… Pas prêt d’intégrer la CECS*(1) …Tu parles d’un sexe. Il est en train de bien me le fourrer, le salopard de magyar plein aux as. C’est pas lui qui se tapera la taule si je me fais chopper. Et il est là à m’agiter ses jetons sous le nez… C’est dégueulasse de jouer sur la vénalité des petits.
Il l’aura son identité parfaite, le con. Opération lissage de profil sur tous les réseaux sociaux. Sa popularité va faire Bing.
Il me dégoûte. Je me dégoûte.
Merde, 50 000 , ça se refuse pas ? Ahhh, j’aurais pu faire le beau, le grand seigneur “non monsieur, moi je ne mange pas de ce pain là… blabla, bloblo… »
La vérité, c’est que je tuerais à ce tarif. Et là, j’ai juste à rehausser la vie d’un médiocre. Lui donner un peu de lustre et de matière. Je risque 15 ans de prison, mais bon, on se sort pas de merde en escarpins. Je vais prendre un petit raccourci de popularité, c’est tout.
Y’a quand même plus salaud que moi… payé moins cher. Faut juste que je me fasse pas prendre. La DRIN* (2) n’a pas encore sonné, mais jusqu’à quand ?
Ok, 50 000. Deux jours. Concentrons-nous un peu.
Dans la famille des gros beaufs, je voudrais… Monsieur Barnatchééé.
Commençons par ajouter des études supérieures… INPEC (Institut national de perfectionnement en éducation consensuelle), le must du must. Mmm…Trop élévé , pas crédible ? Rhooo… Avec cette médaille en chocolat, les autres ouvriront grand leurs bras. Si on leur présentait un phacochère, armé du Césame… ils le feraient pioncer dans leur lit.
Donc aucune lettres mmm. Collons y une petite citation des familles. “pourquoi pas: » La volonté de dominer est l’’euphémisme de nos finitudes” oué… ça veut rien dire mais c’est joli, et ça sonne intelligent. Avec ça, Barnasdjé’ va chopper grave.
Fréquentations… Club des organiseurs du peuple (COPS) … Si avec ce profil, il emballe pas… faut que je change de métier… Ils vont aimer les moutons, c’est sûr. Ca panurge à mort.
Cinq ans que je fais le pied de grue pour intégrer l’élite copsienne et c’est moi qui aide les autres à y entrer… Chié…je suis trop bon. Trop con… Bon, trop pétochard… Salopard de pollack ! Je vais le faire cracher !
Maintenant, passons aux choses sérieuses. Intégration de photos 3D , modifications vocales, effacement des sites, témoignages factices… Monsieur Barnatché, vous êtes désormais un homme respectable, spirituel et populaire. Et accessoirement un gros porc, mais je serai le seul à savoir. Quelle supériorité ça me donne sur l’espèce humaine… pathétique.
50 000 pops, c’est pas cher payé, je lui en ai donné pour au moins 500 000.
Bon, c’est au black, soyons pas chien.
Mais pourquoi, c’est toujours les salauds de riches qui en profitent ?
…
Paris, 24 septembre 2018
(1) Communauté Européenne de Culture Semblable
(2) *Direction de la Répression des Infraction Numériques
Cyrille Frank aka Cyceron
Crédit photo via Flick’r Ilde Casotti et Flickruser2
Cette nouvelle inaugure une série que je vais consacrer au fil de l’eau à ma vision du futur, à plus ou moins long terme. Elle n’a aucun prétention littéraire. Juste une façon d’exprimer un point de vue de manière plus ludique.
Le diable s’habille en 2.0.
– Je prends le service !
– Vous désirez ?
– Ben juste payer mon loyer en vendant les petites conneries que j’écris…
– Hum ! Donc acquérir des lettres de noblesse.
– C’est plutôt mon banquier et mon proprio qui l’exigent ! Moi perso, j’aurais plutôt tendance à m’en fiche de la notoriété et tout le tintouin…
– Ça va falloir que ça change !
– Vous croyez que je suis venu vous voir juste parce que j’ai rien à foutre le vendredi ?
– Ça va vous couter des ronds !
– Je sais mais si j’avais déjà des ronds, vous croyez que je serais venu vous voir ?
– Effectivement !
– Comment qu’on s’arrange alors…
– y a toujours moyen de de moyenner…
– ???
– J’connais un type qui pourrait éventuellement se porter garant.
– Ah oui !
– Envoyer simplement ÂME au 666 depuis votre portable et souscrivez à l’abonnement.
– C’est un peu cher payé ça quand même !
– Ben autrement vous pouvez aussi aller vous faire reluire la rondelle… je connais un plateforme pétrolière qui…
– Non merci ! Dites ? le 666 c’est un numéro surtaxé ?
Très bon ça Vincent 🙂
génial, envoyez ÂME au 666…
LAN faire, c’est les hôtes
(hum)
ça c’est une blague de geek lettré, assez rare 🙂
Bon, j’avais pas eu le temps de le lire l’autre jour, et (quelle surprise), c’est excellent.
Déprimant aussi. Après un docu vu ce soir sur les hackers, et un soupçon de (je soupçonne) Final Cut avec Robin Williams…
Relooker social, relookeur historique (Yalta: Staline, Churchill, Rumsfeld, preuves à l’appui)… la boîte de pandore est entrouverte.
Il y aura probablement des cyber-archéologues un jour aussi!
Ca parle aussi à travers l’importance du cv (en anglais on dit « resumé », on dira peut-être bientôt « bande-annonce », avec réalité augmentée à l’appui…) et de la sempiternelle supériorité du packaging sur le contenu réel, du paraître sur l’être. Ce qui nous ramène à la bouillasse verdâtre infâme de Brazil.
Au final là n’dans, l’élément clé c’est probablement l’inaptitude de tout un chacun à se fier à son propre jugement, fiable, au lieu de suivre des courants comme un caniche suit des effluves… où tout cela nous mènera-t-il, donc, oui, DTC.
Sapristi, « ça panurge »! J’avais inventé « panurgisme » mais le verbe est encore plus savoureux.
La suite!!!
@ Daniel merci !!
Relookeur historique , mm, je vais envisager un second volet…
Et oui, mais d’où vient précisément le jugement « fiable » ? De la connaissance validée par l’esprit critique, lui-même travaillé par le raisonnement . Les faits passés au tamis de la pensée, selon Socrate.
Autant de méthodes et données que l’école massifiée ne parvient plus à transmettre…
Quand vous creusez, vous retombez toujours sur ce problème : l’école, l’instruction et les conditions inégalitaires de la vie en communauté.
Tant qu’on se s’attaquera pas à ces problèmes, tout le reste sera vain.
Ah bravo, vinte sur vinte. 🙂