Désinformation et rumeur : nous sommes notre pire ennemi !

Jamais le citoyen n’a disposé d’autant de moyens de s’informer. Pourtant, rumeurs et désinformation prolifèrent…

Les rumeurs et théories du complot les plus grossiers se diffusent dans la société, avec une facilité inquiétante, comme en témoigne la dernier complotisme de Charlie Hebdo.

Des chaînes d’information en continu, des milliers de sites d’actualité en ligne, des dizaines de bases de données officielles (INSEE, Légifrance, l’INA…), des bibliothèques en ligne gratuites (Persée, Gallica etc.)… les moyens de s’informer facilement – et à moindre coût – sont parvenus à un niveau de profusion inédit dans l’histoire de l’Humanité.

Wikipédia qui – en dépit des manipulations dont elle est l’objet régulièrement – reste une source globalement fiable. Ou du moins aussi faillible que les autres encyclopédies.

Un progrès considérable qui met la connaissance à la portée du plus grand nombre, même si cela n’arrange pas les finances des éditeurs et libraires.

Sans oublier les flux RSS, hélas peu pratiqués en raison d’interfaces trop compliquées, mais qui permettent de bénéficier d’une information beaucoup plus vaste, plus contradictoire et plus personnalisée. Je ne saurais trop vous recommander de vous y initier via les agrégateurs de flux de type Feedly dont j’ai réalisé d’ailleurs un tutoriel video.

PROGRESSION DE LA RUMEUR ET DE L’IRRATIONNEL

Pourtant, rumeur et désinformation semblent n’avoir jamais été aussi vivaces. En témoignent, parmi de multiples exemples récents, ces histoires de vaccins à l’origine de l’autisme, ces alertes contre des cours d’éducation sexuelle et de masturbation à la maternelle, ces rumeurs de maires qui font venir en douce des populations africaines dans leur ville…

La rumeur, vieille comme le monde, dispose avec l’e-mail, Internet et les réseaux sociaux de nouveaux vecteurs de diffusion qui accroissent indéniablement leur portée et leur fréquence.

Le site hoaxbuster.com dresse l’inventaire non exhaustif de ces fausses informations qui apparaissent ou réapparaissent au gré de l’actualité, ou de l’humeur des farceurs et manipulateurs innombrables.

Plus incroyable et inquiétant encore, se développe une autre tendance : celle du nihilisme rationnel. Le rejet de tout raisonnement scientifique ou argumentation logique. Peu importent les éléments dont on dispose pour démontrer l’antisémitisme dogmatique de Dieudonné. Ses défenseurs lui trouvent des excuses : il s’agit de manipulations médiatiques, de déformations… Non, c’est lui le vrai résistant au “système”. La foi l’emporte sur la raison.

Idem pour Eric Zemmour qui, dévoile de plus en plus ses fantasmes passéistes et misogynes ou xénophobes.  Et qui, même lorsqu’il se trompe grossièrement, passe pour un courageux et rigoureux pourfendeur de la pensée unique par ses adorateurs. L’anti-conformisme systématique devient gage de profondeur et de vertu : celle de révéler au grand jour une vérité cachée, trop dangereuse pour être dite. Le succès de Zemmour n’est pas étranger au complotisme ordinaire : “on nous cache tout, on nous dit rien”, sauf lui.

Alors, d’où vient ce recul apparent de l’esprit critique ?

1- REMISE EN QUESTION GLOBALE DE LA RATIONALITÉ

Depuis Hiroshima, l’utopie scientiste s’est écroulée tristement sur les ravages de la bombe A et ses centaines de milliers de morts. Il faut ajouter à cela les désastres écologiques de l’industrialisation, ce “machinisme” qui devait nous sauver de la pauvreté au 19e s, d’après les géniaux Ernest Renan, Nicolas Condorcet ou Auguste Comte. Un machinisme qui a surtout réussi à nous polluer, réchauffer l’atmosphère, détruire nos forêts, dévaster nos océans. Et abouti à une société d’hyper-consommation confortable, mais vaine et vide.

D’une manière générale, la science et la raison ont largement échoué à nous rendre heureux. Au contraire, se développe l’idée que finalement, mieux vaut ne pas trop savoir. Pour vivre heureux, vivons idiots. Rousseau et son “bon sauvage” triomphent de Voltaire.

Les médecines alternatives, homéopathie, ostéopathie, kinésiologie et autres disciplines plus ou moins efficaces – hors effet placebo – réunissent un nombre croissant d’adeptes.

L’astrologie et les sciences paranormales séduisent aussi de plus en plus. Le très rationnel et cynique François Mitterrand, y recourait lui-même régulièrement, non pas pour prendre des décision qui engageaient la France mais tout de même. A moins que ce ce n’ait été pour les beaux yeux de l’astrologue (et sociologue !) qui lui prodiguait ses visions.

2- LA PAROLE OFFICIELLE FRAPPÉE DE DISCRÉDIT

L’épisode Tchernobyl a inauguré le mensonge des scientifiques eux-mêmes. Ceux-ci nous ont assuré, les yeux dans les yeux, que le nuage radioactif ne passerait pas au dessus de la France, et qu’il n’y avait aucun risque.

Le mensonge historique de Colin Powell aux Nations-Unies sur le risque des armes de destruction massives, armé de sa petite fiole, a bien servi à se payer la nôtre. Avec des conséquences incroyablement funestes, et dont l’onde de choc n’a pas fini de se répandre dans le monde (les Etats-Unis et l’Europe n’ont plus aucune légitimité en tant que garants de la démocratie et du bien commun).

Ces mensonges ne sont pas les premiers, mais, par leur gravité, ils jettent un profond discrédit sur la parole politique et ceux qui nous gouvernent.

Les chiffres de la délinquance manipulés par l’ONDRP et son patron Alain Bauer, par vénalité et complicité politique avec son ami Nicolas Sarkozy, créent un précédent fâcheux. Ils tendent à discréditer l’ensemble des chiffres officiels et accentuent notre méfiance et paranoïa naturelles.

Parfois ce sont aussi les outils de mesure qui sont inadaptés, comme la mesure de l’évolution du pouvoir d’achat, qui évite soigneusement les plus gros postes de dépense comme le logement, la voiture ou les assurances. L’insee a certes ajouté un indice de pouvoir d’achat arbitrable qui inclut enfin ces coûts, mais ce n’est pas toujours ce chiffre qui est médiatisé.

3- MÉLANGE DES GENRES, BLAGUE, BLOG… LE GRAND GLOUBI-BOULGA

Les sites parodiques sont quelquefois pris au pied de la lettre (exemple le Gorafi). Une erreur susceptible de toucher tout le monde, y compris les personnalités politiques, comme en atteste l’exemple de Christine Boutin. La fervente opposante au mariage pour tous et plus s’était appuyée sur une blague du Gorafi pour dénoncer la politique du gouvernement.

On est surpris (et inquiets), de constater que les lecteurs prennent pour de l’information, un article qui se présente ouvertement comme une blague. Pire encore, une fois lancés sur la pente de leur émotion, ils n’écoutent plus rien… Arrêtez tout : c’est une BLAGUE ! Trop tard.

reactions crepe bretonne facebook

Les sites médias contribuent au brouillage des repères via les blogs et contributeurs qu’ils relaient, sans les vérifier autant qu’ils le devraient parfois. C’est le cas de cet article d’un contributeur de CNN qui établit un lien direct entre vaccination et autisme.

Demain, le mélange opaque entre information et publicité, pourrait détériorer encore davantage ce lien de confiance entre lecteurs et médias, via cette “publicité native” (publi-rédactionnel) qui (re)-devient très à la mode. A moins qu’elle ne soit pratiquée avec discernement et précaution, ce qui n’est pas gagné, il faut le reconnaître.

4- LE PRIX DES ERREURS RÉCURRENTES DES MÉDIAS

Les médias traditionnels ne sont pas exempts de responsabilité dans cette montée de la défiance globale vis à vis de l’information “officielle”.

Les exemples en la matière ne manquent pas, hélas, et ne datent pas d’hier. Les historiens expliquent la chute vertigineuse de tirages de la presse française d’après-guerre (1918), notamment par le discrédit qui l’a frappée. Les journaux ont en effet abusé de la propagande et du “bourrage de crâne” guerrier, avant et pendant le conflit.

“Les dissimulations et les excès du bourrage de crâne conduisent alors à une chute générale des tirages dans le second semestre 1917. La méfiance des lecteurs face au « bobard » ou à la « rumeur » discrédite pour longtemps la presse d’information.” écrit l’historien Olivier Forcade pour le magazine Histoire.

Les médias (télévisés en particulier) se sont compromis dans le traitement de la guerre du Golfe de 1991 “propre” et sans victimes, grâce aux prétendues frappes chirurgicales; ils ont manqué de prudence lors de l’épisode du faux charnier de Timisoara; Sans parler des manipulations pures et simples, comme l’interview bidonnée de Fidel Castro par Patrick Poivre d’Arvor… la coûteuse bague de Rachida Dati opportunément effacée ou les bourrelets du Président gommés par un zélé flatteur

Récemment, le montage en épingle de l’agression de juifs par des militants pro-arabes, a donné l’image de médias plus prompts à relayer des « on-dit », qu’à vérifier les faits.

Aux Etats-Unis, la presse s’est largement compromise auprès de l’opinion en soutenant les positions belliqueuses du clan Bush après le traumatisme du 11 septembre. Jusqu’à accepter sans mot dire les lois liberticides du Patriot Act ou l’instauration de l’infâme base de Guantanamo lieu des pires tortures

Désinformation et rumeur : aveuglés par nous-mêmes...
Désinformation et rumeur : aveuglés par nous-mêmes… ©nicemichael en CC via flickr.com

5- NOTRE FAINÉANTISE INTELLECTUELLE

Le sociologue Gérald Bronner dénonce dans son livre “la démocratie des crédules” les différents biais dont nous, citoyens, sommes victimes vis à vis de l’information.

Le plus connu d’entre eux est le biais de confirmation qui consiste à ne s’exposer qu’aux messages qui confortent notre position initiale et à rejeter tout ce qui pourrait la déstabiliser.

Mais c’est loin d’être le seul biais dont nous sommes victimes. Perception sélective, conformisme, illusion des séries, biais d’auto-complaisance… nos tendances à nous tromper spontanément ne sont pas rares.

La solution, face à cet ennemi de l’intérieur qui nous égare ? Examiner les mauvaises intuitions qui nous viennent à l’esprit et les passer au filtre de notre raisonnement. User d’un esprit critique constructif, contre le nihilisme cognitif. Un effort qui n’est pas gratuit, comme le montre bien Platon et son allégorie de la caverne : la lumière brûle les yeux, et la vérité n’est pas toujours plaisante.

Mais, saurons-nous lutter contre le principal ennemi de la vérité: l’égoïsme ?

Le plus souvent, nous chérissons nos croyances, car elles nous arrangent. Comme tous les tenants de la méritocratie qui assurent” s’être faits tout seuls, à force de volonté. Et les autres ont ka bosser, les fainéants !”. Biais d’auto-complaisance qui minore tous les atouts dont ils ont bénéficié, contrairement à ceux qu’ils accusent de ne pas réussir : confiance, instruction, capital culturel (le réseau), capital social (la maîtrise des codes), capital tout court (oui dépenser 25 ou 30 euros en famille au musée ne viendra pas à l’esprit d’une mère de famille modeste, le coût dépassant le bénéfice “ressenti”).

6- LE BESOIN DE TROUVER DES RÉPONSES, COÛTE QUE COÛTE

Par ailleurs, nous vivons dans une société qui accepte de moins en moins l’incertitude, ne pas savoir. Alors, quand on ne sait pas, on cherche soi-même des réponses. Et on retombe dans la croyance, superstition ou la religion. C’est le cas de multiples recherches effectuées par les citoyens contestant la version officielle du 11 septembre ou celles de l’assassinat de Kennedy. Notant les zones d’ombre des rapports officiels, ils en déduisent de multiples théories, car ils n’ont finalement aucun élément pour trancher.

Leur besoin viscéral de comprendre les emmène du doute intellectuel légitime, aux théories les plus paranoïaques. Et en matière de doute, comme en toute chose, tout est question d’équilibre. Il faut douter un peu pour avancer, car si l’on pense être déjà arrivé, pourquoi se bougerait-on ? Mais à trop douter, on n’avance plus, tétanisé par le risque de chuter.

Et contrairement à ce que j’ai longtemps cru, l’instruction ne protège pas contre ces errements. Les cadres supérieurs sont plus enclins à croire aux théories irrationnelles comme les E.T. ou certaines croyances non-scientifiques. Simone de Beauvoir et Sartre ont refusé de serrer la main d’Arthur Koesler, auteur du génial « zéro et l’infini » qui dérangeait leur idéal communiste. Bêtise de l’intelligence.

Comme disait Pascal, le demi-habile est le plus dangereux. A la différence du sot qui sait qu’il ne sait pas, et du sage qui mesure son ignorance, le demi-sot croit savoir. C’est cette arrogance et cette certitude qui le placent en réalité dans le camp des imbéciles.

Fondamentalement, la science et la raison ne peuvent répondre au besoin métaphysique de l’être humain : à quoi sert de vivre, si c’est pour mourir ? Et sur ce point,  il n’y a qu’une seule réponse possible qui réside en l’humilité. On ne sait pas tout, on ne maîtrise pas tout, il faut l’accepter. C’est peut-être en cela que la religiosité, sous toutes ses formes, prend sa revanche sur le rationnel. Et explique sa résurgence indéniable.

Cyrille Frank

Sur Twitter
Sur Facebook
Sur Linkedin

Sur Mediacademie.org (newsletter mensuelle gratuite des tendances, outils, modèles d’affaire du journalisme/production d’information)

 A LIRE AUSSI :

7 commentaires sur « Désinformation et rumeur : nous sommes notre pire ennemi ! »

  1. Bonjour,

    Première remarque : le gloubi-boulga est un plat imaginaire. En revanche, son orthographe est rationnelle, et je vais vous servir une assiette de ma propre recette. 🙂

    Deuxième et autres remarques : il y a aussi un bon gros gloubi-boulga dans votre analyse. Même si votre analyse, car il s’agit d’un constat récurrent très contemporain, est assez vérifiable, vous auriez dû réduire l’éventail du fourre-tout de vos choix qui passent allègrement du coq à l’âne. Pas très synthétique, tout ça ! Quelques étalements de trop.

    Mais il est vrai que nul ne peut être au top de toutes les spécificités du vivant. Ceci dit, quand on ne sait pas, on s’abstient de faire passer sa croyance pour une « vérité ». Il me semblait que c’était le sujet principal de votre article.

    Par exemple, vous dites : « Les médecines “alternatives”, homéopathie, ostéopathie, kinésiologie et autres disciplines plus ou moins efficaces – hors effet placebo – réunissent un nombre croissant d’adeptes. »

    Déjà, vous mélangez les « genres », les traitements médicamenteux à effet placebo étant bel et bien du domaine de la médecine traditionnelle. Ensuite, vous dévoilez un grand pan de votre ignorance, car la médecine traditionnelle, en toute sagesse, a recours en complément, à ces médecines douces que vous considérez comme des sectes (en utilisant le qualificatif « adeptes »), du fait qu’elles ne sont pas tout le temps agréées par les autorités compétentes (dominantes), ce qui est en train de changer, les 3 spécialités que vous dénoncez sont enseignées en faculté de médecine, depuis quelques années déjà. Elles sont utilisées par la médecine traditionnelle, y compris (et surtout) dans les très pointus centres de recherche en cancérologie… Donc, vous vendez de l’erreur, à ce sujet.

    N’avez-vous jamais utilisé les soins d’un ostéopathe qui vous débloque un torticolis en deux temps et trois mouvements ? Sans médicaments patentés par les autorités dominantes qui vous détruisent les viscères ? Ainsi, de toute évidence, à ce sujet, vous donnez dans le grand n’importe quoi, car vous ne connaissez pas grand chose en la matière, et vous permettez malgré tout, de donner un avis, induisant en erreur vos lecteurs demi-sots ou 100 % sots. Vous accomplissez de la sorte, ce que vous êtes en train de dénoncer…. et vous comportez ainsi comme ces demi-sots, en colportant une rumeur, la vôtre…

    Poursuivons le gloubi-boulga. Selon votre recette, le demi-sot est l’individu qui accède à la culture sans entrer dans le détail des sujets… Déjà, l’aspect élitiste et ségrégatif de vos idées m’interpelle. La culture et le savoir ne sont pas des propriétés privées, et heureusement. Si l’on veut déverrouiller les blocages mentaux des individus, il vaut mieux les diffuser largement. A moins que certains aient la prétention de garder ces choses pour eux : « Celui qui détient l’information détient le pouvoir » (1984 – George Orwell).

    « Comme disait Pascal, le demi-habile est le plus dangereux. A la différence du sot qui sait qu’il ne sait pas, et du sage qui mesure son ignorance, le demi-sot croit savoir. C’est cette arrogance et cette certitude qui le placent en réalité dans le camp des imbéciles. »

    Ah, c’est vous qui l’écrivez ! En plus du reste, vous cultivez le paradoxe, en traitant ceux qui cherchent à acquérir le plus de savoir possible, comme des demi-sots, tout en leur faisant le reproche de ne pas approfondir savoir et culture… Il faudrait savoir… Ça voir (clairvoyance). Le demi-sot, quelque part, tout comme le con, est toujours celui de quelqu’un d’autre, dès lors où, comme tout un chacun, nul n’est expert en tout.

    Puisque ce n’est pas parce que Descartes et consort ignoraient beaucoup de choses, qu’elles n’existent pas. Le but de la recherche scientifique étant de les découvrir. Donc, dans ce domaine, vous contribuez largement à enrichir la crasse dominante, qualifiée en ce début de XXIè s. « d’idiocratie ». Car il faudrait peut-être prendre en compte que tous les savoirs ne sont pas encore tirés du néant. Donc, quiconque s’exprime de manière « subjective » ou « alternative » ou « parallèle », sur un sujet, s’expose à développer de la croyance, selon son degré d’incompétence, et de la transmettre à autrui. S’il transmet une découverte hors canal patenté, selon son degré de compétence, il est passible d’Inquisition… et de procès en sorcellerie.

    A propos de rumeur, de Zemmour et Diabledonné… L’étude de la rumeur d’Orléans est l’un des grands classiques des cours de psychologie sociale, elle date de 1969. Soit près de 45 ans… Ce n’est pas tout nouveau, et bien entendu, cette rumeur est faite pour discréditer le « juif », en 1969 comme aujourd’hui. Les mécanismes sont connus, simples et efficaces. Ce qu’il faudrait, c’est déloger ceux qui initient ces rumeurs. Là, c’est moins évident. Car il faut aller taper en haut de la pyramide. Et avoir, au moins un peu, de courage.

    Ceci pour dire que la crasse de l’humanité n’est pas un fait nouveau. En revanche, elle est multipliée par plus de 7 milliards d’individus (contre moins d’un milliard au siècle des « Lumières », et 2,5 milliards en 1950), et rendue planétairement visible avec Internet, justement par le partage des informations et des savoirs. Globalement, je n’ai pas d’étude sous la main, mais la proportion de sots, demi-sots et « intelligents », doit être constante, celle que la nature a créée.

    Cette constante, que l’absence totale de transformation d’Homo Sapiens en plusieurs milliers d’années d’existence, pourrait conforter ceci : la branche Homo Sapiens de l’humanité est mentalement limitée. Sa spécialité serait la survie par la force physique, et non par l’usage de l’intelligence émotionnelle et du libre-arbitre.

    Or la population « homme moderne » qui peuple actuellement la Terre, est devenue l’espèce dominante : Homo Sapiens a disséminé son ADN par croisement au Moyen Orient il y a 42 000 ans (en l’état des connaissances actuelles), zone où il a été confronté à l’espèce « locale », dont il a massacré les mâles et violé les femelles. Cela s’était vraisemblablement déjà produit plusieurs fois. L’humanité actuelle porte les gênes de ces dominants, quelquefois, d’autres gênes, mais chut ! Les scientifiques patentés ont le droit de se taire… Un éternel recommencement.

    1. Bonjour,

      Merci Geneviève pour votre long et argumenté commentaire ! Merci aussi pour votre correction orthographique que j’ai intégrée 🙂
      Je sens que je vous ai fâchée sur les médecines alternatives. Je ne suis pas un expert de ces questions en effet, je dois m’en remettre – par délégation – aux experts qui m’entourent. Vous avez raison, je sors l’ostéopathie dont certains effets positifs sont avérés. Pour le reste, je crains que la science n’ait pu en démontrer l’efficacité, hors effet placebo. Mais je peux me tromper, je suis toutes ouies des sources contradictoires que vous pourrez me transmettre.
      Non, je n’ai pas utilisé adepte dans le sens de secte, mais tout simplement d’utilisateurs. je suis un adepte de la marche, de la poterie, de la peinture sur soie.

      Je me place dans le camp des sots plus que des demi-sots. Je sais que je ne sais pas, mais cela ne m’empêche pas de chercher à comprendre. Et d’émettre des hypothèses en vue d’une discussion. Oui ce sont des croyances, mais je suis prêt à en changer si l’on m’en démontre l’erreur.

      En revanche je récuse votre attaque s’agissant de mon manque de synthèse. Vous me permettrez, j’en suis sûr, de faire les liens distants qui me semblent pertinents et de relier en effet des choses qui ne semblent pas évidente au premier abord. Et arrêtez un peu de donner des coups de règles sur ceux qui tiennent des propos qui vous déplaisent (en l’occurrence, moi ;-). Cela nuit, je trouve, à la sérénité de la discussion.

      Vous n’avez pas compris, je pense mon allusion à Pascal. Je critique ceux qui sont sûrs de savoir, pas ceux qui cherchent à comprendre, au contraire -) même s’ils peuvent se tromper (et je me trompe souvent moi-même, bien sûr !).

      Oui, il faut rester ouvert à la possibilité du doute, mais je reste attaché (à notre échelle humaine), à la rationalité comme critère d’évaluation. Jusqu’à ce qu’on trouve un autre système (qui existe en effet dans l’infiniment petit via la théorie générale et l’organisation aléatoire de la matière).

      Je ne partage pas du tout votre analyse sur la répartition constante des sots, demi-sots, sages. Cela voudrait dire que ce sont des paramètres naturels. Or l’homme est à 99,9% culture. L’homme d’aujourd’hui est sur le plan de la rationalité bien moins sot que celui du 13e s, toutes classes confondues. Les lumières, l’école sont passés fort heureusement par là. Je constate juste une résurgence de formes d’irrationalité pour des raisons qui sont- elles – rationnelles et compréhensibles : discrédit de la science, erreurs des médias, mensonges des élites.

      Vous vous trompez totalement sur l’Homme, qui est l’espèce ayant évolué le plus rapidement dans toute l’Histoire de la vie terrestre !! Et de très loin. Son potentiel n’est probablement pas limité, mais bien malin qui pourrait le certifier aujourd’hui.

      Votre vision réduite à la génétique est inquiétante. Elle sous-estime le plus important : la culture, la capacité d’apprendre, de se perfectionner et partant la liberté humaine. C’est une vision fermée, élitiste qui moi me rappelle Aldous Huxley et son meilleur des mondes.

      Au plaisir de vous lire

  2. Bonjour. Certes nous vivons à l’heure de la post-vérité mais la facilité serait de croire qu’elle est surtout le fruit des réseaux sociaux. En réalité les médias traditionnels (en France et dans les pays anglo saxons) contribuent beaucoup plus à la radicalisation de la société, à la désinformation et à la haine. Je ne vais pas développer ici par manque de temps et manque de place, et me contenterai de citer 3 exemples :
    _ que penseriez-vous d’un proche qui qualifierait des néo-nazis de « militants antiracistes » ? Eh bien c’est ce que font tous les jours une grande partie des médias francophones et anglophones en qualifiant des activistes indigénistes d »antiracistes », alors que la mouvance indigéniste est factuellement une mouvance d’extrême droite raciste et antisémite. Pire : de nombreux journalistes reprennent a leurs comptes les thèses racistes de cette mouvance d’extrême droite et les propagent, par écrit ou verbalement. Une partie de ce qui existe de pire sur les réseaux sociaux se trouve donc également dans les médias traditionnels mais avec une capacité de nuisance beaucoup plus forte.
    _ la sous-information. Double exemple faisant écho au point précédent : des crimes racistes avérés en France (viol collectif et actes de torture commis sur une jeune femme blanche à Evry en 2014 et meurtre antisémite de Sarah Halimi en 2017). Quelques médias n’ont pas tu les faits (Le Parisien dans le premier cas, Tribune Juive et quelques autres dans le second) mais la majeure partie a volontairement passé sous silence le caractère raciste de ces crimes. Donc au mépris de la vérité et des faits s’ajoute un mépris total des victimes et de leurs proches. Éthique Zéro.
    _ l’absence de neutralité politique. En disant que la grande majorité des médias français soutiennent l’actuel pouvoir en place, y compris en déformant les faits, je ne fais qu’enfoncer une porte ouverte. Ces pratiques sont exactement les mêmes que celles reprochées à juste titre au régime autoritaire de Poutine. Et elles s’accompagnent parfois d’acccusations diffamatoires contre certains intellectuels (par définition ) opposants.

    Je pense que nous en sommes arrivés à un stade où la désinformation émane en fin de compte davantage d’une grande partie des médias traditionnels que des réseaux sociaux, dans la mesure où ceux-ci contiennent par nature le pire mais aussi le meilleur. Y compris des contenus politiques (rarement, je vous l’accorde), culturels et scientifiques de grande qualité . En outre le complotisme existant sur les réseaux sociaux s’appuie parfois sur des mensonges de la presse traditionnelle : par exemple les théories du complot antisémites que l’on trouve sur le web sont indiscutablement nourries par la diabolisation mensongère d’Israël propre à une grande partie de la presse française classique.

    Bien à vous

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *