Digital News Report 2025 : les 12 tendances clés à connaître

Le Digital News Report 2025 du Reuters Institute est paru. Il confirme un basculement dans la manière de s’informer. Les médias traditionnels chutent, mais le web aussi !

1. Les médias traditionnels décrochent, le web aussi

En moyenne, l’usage des sites ou applis d’info baisse de 10 points depuis 2018. En France, seulement 22 % des moins de 35 ans les utilisent chaque semaine. La télévision perd 25 points en dix ans en France. La presse papier 33 points.

>> La bascule générationnelle est profonde. Pour les plus jeunes, l’info est sociale ou n’est pas.

2. Les réseaux sociaux : nouveaux vecteurs d’information et de trafic

En France, 19% de la population s’informe principalement via les réseaux sociaux. Ce chiffre est en hausse continue depuis 10 ans. Il atteint 34% et 35% aux Etats-Unis et au Brésil.

Six plateformes atteignent au moins 10 % de la population chaque semaine pour l’actu : Facebook (26 %), YouTube (21 %), Instagram (16%), WhatsApp (15 %), X (11 %) et TikTok (10 %)
TikTok et Instagram ont le vent en poupe. Ils bondissent de +4 points et +3 points cette année.

>> Facebook est loin d’être mort, il se stabilise à 26% de taux de pénétration hebdo, au dessus des autres !

3. Les créateurs et influenceurs pèsent de plus en plus

22 % des moins de 35 ans en France suivent HugoDécrypte chaque semaine.
Aux USA, Joe Rogan touche 22 % de l’échantillon total. En France, l’économie du marketing d’influence a totalisé 519 millions € en 2024 selon France Pub et l’ARPP.

Toutefois, 47 % des personnes interrogées jugent les influenceurs comme une des principales sources de désinformation — au même niveau que les politiques.

>> Le récit d’actu passe par des visages, plus que par des marques médias.

4. L’info devient visuelle

La vidéo gagne du terrain : 75 % des répondants regardent de la vidéo d’actu chaque semaine, contre 67 % en 2020. Les 18–24 ans préfèrent massivement le format vidéo (41 %) ou audio (23 %) à la lecture.

>> Les usages évoluent. La lecture reste majoritaire (55 %) mais elle baisse vite chez les jeunes.

5. Les podcasts d’info trouvent leur public

9 % des internautes écoutent un podcast d’info chaque semaine. Aux États-Unis, les podcasts dépassent même la radio d’info chez les jeunes : 15 % vs 13 %.

En France, l’usage du podcast natif reste limité mais progresse chez les 25–34 ans. Selon l’ACPM, 27% des Français en écoutent. En revanche, ils consomment surtout de la radio de rattrapage (38%).
Au total, tous types de podcasts confondus, 44% des Français en écoutent dont 64% au moins une fois par semaine.

>> Le podcast devient un canal stratégique pour toucher un public engagé et mobile.

6. L’IA devient une source d’info… pour les jeunes

7 % des internautes disent utiliser une IA (type ChatGPT) pour s’informer chaque semaine.
Chez les moins de 25 ans, ce chiffre monte à 15 %. Mais seuls 18 % des utilisateurs aimeraient poser des questions à une IA sur l’actu.

L’usage global des outils génératifs progresse très vite. Selon l’étude du Crédoc de mars 2025, 33% des Français avaient testé un logiciel d’IA (le plus souvent chatGPT). Une autre étude IFOP évoquait pas moins de 45% d’usage en avril 2025.

>> L’IA entre dans les usages, y compris dans la recherche d’information. c’est plus inquiétant, car la plupart des outils génératifs ne sont pas faits pour cela.

7. Des attentes ciblées vis-à-vis de l’IA

Les utilisateurs valorisent les cas d’usage simples et pratiques :

  • Résumés d’articles : 27 %
  • Traduction automatique : 24 %
  • Recommandations personnalisées : 21 %

Mais la confiance reste limitée :

  • IA perçue comme moins fiable (-18 net de confiance)
  • Moins transparente (-8)
  • Moins précise (-8)

>> L’IA est utile… à condition de ne pas remplacer les journalistes.

8. L’évitement de l’info s’ancre

La fatigue informationnelle progresse. 36 % évitent parfois les nouvelles, 11 % le font souvent.
Les raisons : anxiété, lassitude, saturation.
Les formats longs, alarmistes ou moralisateurs découragent l’attention.

>> Les rédactions doivent revoir leur ton, leur volume et leur hiérarchie éditoriale.

9. L’info ne se cherche plus, elle se découvre

Les moins de 35 ans visitent peu les sites d’info (22 %).
Mais ils s’informent via les réseaux. L’info leur « tombe dessus ».
Les plateformes deviennent les premières vitrines de l’actu.

>> L’info doit aller vers les publics, pas l’inverse.

10. La confiance reste faible mais stable

29 % des répondants disent faire confiance aux infos. C’est stable depuis trois ans.
Les marques les plus fiables restent les médias publics et les grandes rédactions historiques.
Mais 58 % des sondés craignent de ne pas savoir distinguer le vrai du faux.

>> Les marques fortes ont un rôle essentiel pour préserver un socle de vérité.

11. Le paiement reste marginal

11 % des internautes français paient pour un média en ligne d’une façon ou d’une autre (stable depuis plusieurs années).

Norvège : 42 %, Suède : 31 %, USA : 20 %, France : sous les 10 %.
Les jeunes acceptent de payer… pour la musique, les films, les jeux. Pas pour l’info.

>> Le modèle payant progresse très lentement. Le gratuit reste la norme mentale.

12. Les « bundles » pourraient en convaincre certains

Les abonnements groupés – à tarif intéressant – pourraient convaincre 21% des personnes interrogées.
le point clé est bien sûr la complémentarité de l’offre : national/local ou généraliste/thématique.

>> Les abonnements groupés sont appelés à se multiplier pour tâcher de récupérer ces lecteurs rétifs à l’abonnement. On le voit déjà chez certains petits acteurs indépendants : Médiacités, ASI, Les Jours

Mais pas à n’importe quel prix, c’est pourquoi les grands acteurs NYT, Le Monde sont les mieux placés pour les mettre en place et les commercialiser. Ils ont les moyens pour amortir le coût, intégrer des verticales, et promouvoir l’offre.

Conclusion

Le Digital News Report 2025 est dans la lignée du précédent : il décrit un basculement durable. L’info se disperse, s’incarne, se consomme à la volée. Pour rester visibles et utiles, les rédactions doivent s’adapter aux formats, aux codes et aux attentes de leurs publics. Le problème reste la monétisation de ces audiences, largement captées par les plateformes. Et l’irruption de l’IA bouscule encore plus les équilibres économiques déjà précaires. Les concentrations vont se multiplier, mais aussi les regroupements de titres et les collaborations. Question de survie.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *