Hier, place Saint-Pierre de Rome, la foule se pressait pour immortaliser ce balcon papal, à l’aide de son smartphone ou de sa tablette. « Immortaliser », le terme en dit long sur l’une des motivations fortes qui nous anime, photographes compulsifs. Elle n’est pas la seule.
Cette photo (merci à Jérémie Clévy de l’avoir twittée), aussi incroyable qu’édifiante, témoigne de la généralisation des appareils mobiles et du réflexe de l’enregistrement visuel permanent (même si la comparaison est douteuse, la tendance est réelle). Ici, le moment est historique, c’est pourquoi le réflexe est général, mais cette photo révèle bien d’autres choses encore sur notre société et nos besoins.
UNE COMMUNICATION DEPLACEE ET REPORTEE
Indépendamment de l’évolution des pratiques qu’elle révèle, elle met en exergue un paradoxe visuel frappant (merci à Rémi Barra d’avoir attiré mon attention sur ce point). La foule compacte communique avec des objets mobile, mais chacun des individus est isolé des autres, dans sa propre bulle sociale. Il y a une forme flagrante d’incommunicabilité qui semble accentuée ici par les nouvelles technologies.
Ce thème rappelle les films français des années 70, de Bertrand Blier (Buffet froid ») à Alain Jessua (« Les chiens »). Comment la ville moderne en rapprochant les individus physiquement, les isole en réalité, ce qui génère détresse et violence.
Ici, les mobiles sont utilisés pour une communication ailleurs, avec sa tribu sur les réseaux, et ultérieure. L’instant présent et le monde alentour est gommé, oblitéré et l’individu se retranche finalement dans son monde, dans son univers affectif connu et rassurant (un peu comme il le fait déjà avec le casque musical vissé en permanence sur la tête). D’une certaine manière, les gens semblent dans l’incapacité de communiquer « réellement ». On retrouve aussi la critique sociale maligne de l’excellent Wall-E.
En bref, la question que pose cette photo c’est : la distance créée par les objets technologies par rapport à la vie physique ne fait-elle pas de nous des asociaux ? Un point de vue à nuancer et qui serait, une fois de plus, très dépendant des acquis sociaux-culturels des individus. Mais reste à analyser sur le long terme l’évolution de nos comportements sociaux publics qui évoluent, me semble-t-il, vers davantage de réflexes d’isolement protecteur.
LA PHOTOGRAPHIE LUTTE CONTRE LA MORT
D’une manière générale, la photographie est aussi une lutte contre la mort et l’oubli. Il s’agit d’inscrire sa présence dans le “marbre” de la pellicule, et de prolonger les moments heureux de sa vie par l’ersatz du souvenir.
Avec ce paradoxe originel de la photographie qui est précisément de figer l’instant, donc automatiquement de le tuer. La photo n’est en soi qu’un immense cimetière d’instants morts.
La photo se propose de vaincre le grand drame de la condition humaine, qui le distingue paraît-il de l’animal : la certitude qu’il va mourir. Un traumatisme essentiel inscrit dans l’Histoire à travers de grands mythes…
– Le pêché originel dans le jardin d’Eden où Adam et Eve croquent la pomme de connaissance et perdent à la fois leur immortalité et leur confort
– La tour de Babel, symbole de cette volonté de puissance de l’Homme contre la fatalité divine, punie bien sévèrement comme pêché d’orgueil (et concurrence déloyale).
– Le vol d’Icare qui se brûle les ailes à la lumière de la connaissance. Rappel également brutal à la finitude et aux limites du genre humain prétendument inapte à la vérité “supérieure”.
– La tragédie de Faust qui pactise avec le diable et troque l’immortalité de son âme contre une enveloppe charnelle. (je vous invite à revoir “La beauté du diable” de René Clair)
– La pierre philosophale extenseur de vie dont le secret s’est hélas perdu, la fontaine de jouvence dont personne ne retrouve le chemin…
Autant de mythes garants de l’obscurantisme religieux, monothéiste ou pas qui visent à briser toute velléité d’autonomie de l’Homme par la connaissance. Car même quand l’homme arrive à quelque résultat, c’est une réussite fugace ou porteuse de plus grand malheur.
La photographie représente donc de ce point de vue un progrès considérable : prolonger la vie sans effet secondaire indésirable, ou presque…
LA PHOTO NUMERIQUE OU L’ABSENCE DE CHOIX
La photo numérique par sa capacité de stockage et la gratuité des clichés pris, permet de tout garder, plus besoin de choisir. La technique le permet, pourquoi se priver ? Le photographe frénétique se berce de l’illusion qu’ainsi, le souvenir, par son exhaustivité, n’en sera que mieux préservé.
En réalité, la rareté qui implique le choix est la meilleure garantie de mémoire. L’effort de sélection par une attention intellectuelle ou émotionnelle fixe le souvenir mieux que n’importe quoi.
La prise de vue sans distinction au contraire, annule cette insolation à la lumière de l’attention. Les images prises en rafale conservent l’intégralité des lieux, des situations des visages, mais sont vides d’émotion, d’impressions de sensations car ces dernières n’auront pas été éprouvées dans l’instant.
L’activisme forcené du photographe numérique produit en effet un autre effet pervers : celui de l’éloigner du présent. La photographie en soi est une projection dans le futur, elle répond à ce besoin “il faut que je me souvienne de cette image, de ce visage, de ce paysage”. Mais à toujours anticiper le futur, le malheureux se condamne à ne pas vivre l’instant (cf les pensées de Pascal : “nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre, et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais.”
CHOSIFICATION DU MONDE
La pratique excessive de la photo numérique est symptomatique d’une autre dérive de notre société de consommation. C’est la chosification du monde, le matérialisme exacerbé qui prétend emballer le monde dans un papier cadeau.
Tout s’emporte, tout s’enregistre, tout s’achète : “Le sourire d’un enfant, ça n’a pas de prix, pour tout le reste il y a Mastercard”.
La photo numérique se propose d’acheter la mémoire, toute la mémoire à la différence de son aînée argentique qui opérait une sélection. Il s’agit de recréer cette société d’abondance, simulacre d’Eden rassurant où, comme le note Baudrillard (“la société de consommation”), les denrées alimentaires débordent des rayonnages de supermarché, où les cartes mémoire regorgent de tous ces instants accumulés, thésaurisés, comme autant de précautions inutiles contre la mort.
NARCISSISME
Et bien sûr, dans cette volonté d’accumulation, on retrouve aussi la motivation sociale : comment ces clichés vont valoriser ma personne, mon existence au regard des autres ? Les photographies sont autant de preuves de cet enjeu considérable : se distinguer (cf mon billet précédent « la bonne culture n’existe pas)
D’où cette recherche d‘originalité, d’authenticité dans les voyages organisés à destination des “bobos” qui exigent de renoncer à un certain confort pour mieux éprouver le sentiment de singularité (voir le voyagiste de luxe “voyageurs du monde”), pour attirer cette fameuse attention qui valorise leur égo.
La photo numérique, dans sa pratique frénétique, trahit certaines dérives de notre société : hyper-consommation, narcissisme et dépendance sociale, négation du présent… Conjuguée à la mobilité elle traduit un déplacement temporel et géographique de la socialisation qui renforce partiellement notre coupure physique au monde. De là à dire qu’elle nous isole des autres, non, mais elle traduit un phénomène de repli et de protection plus profond.
Cyrille Frank
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Amendement du 19/11/10 – Dédicace à Emmanuel Torregano
PS : ne vous y trompez pas, je ne critique pas la photo numérique dans sa globalité. J’en suis moi-même un amateur et défenseur passionné. Pour le prouver je vais donc citer aussi ses multiples avantages :
– En permettant l’erreur, le ratage le numérique libère la créativité, met fin à l’autocensure de précaution, ou d’épargne. On va pas quand même pas gâcher une pelloche comme ça, au prix que ça coûte ?
– La photo nbumérique est un outil d’apprentissage » formidable. On peut tout essayer, tout tester et avoir le résultat immédiat avec en plus les informations précises qui permettent d’en tirer les conséquences immédiates. Profondeur de champ, ouverture, vitesse sont inscrits sur chaque cliché, ce qui permet de comprendre pourquoi la photo n’est pas bonne. Autrefois, il fallait des années pour maîtriser son appareil, comprendre quelle était vraiment sa luminosité, ce qu’on pouvait en espérer en éclairage faible. Et surtout comment on allait pouvoir s’amuser avec les règles, sortir du cadre de la photo « réussie », celle qui correspond au curseur bien au milieu des repères.
– La photo numérique, c’est aussi la possibilité de prolonger sa créativité en l’investissant dans les secteur des arts graphiques. Longtemps cloisonnés, ces deux domaines fusionnent désormais et efface la barrière psychologique entre l’art pictural et l’artisanat, manière pour certains de considérer la photographie comme sous-art (moins difficile à produire, moins de « travail », moins de talent)
On peut retoucher sa photo, mais aussi faire des montages créatifs, s’amuser en se libérant de la technique pour valoriser le résultat, qu’importent les moyens, c’est la fin qui compte.
Ainsi le numérique contribue-t-il à lutter contre cette idée tenace que le talent repose sur le mérite, sur le travail, sur la difficulté. Vision plutôt populaire de l’art qui a la vie dure et qui n’est- probablement que le reflet de leurs valeurs méritocratiques. Pourtant, il faut véritablement distinguer les deux. Combien d’esquisses superbes de Picasso exécutées en quelques minutes pour combien de croutes laborieuses et vides de talent ? Avec le numérique donc, le photographe ne peut plus se réfugier derrière la technique « oui, mais c’est dur à faire », car la maîtrise de la netteté de l’image par exemple est désormais très simple : l’appareil le fait automatiquement. C’est l’objet de son attention, son cadrage, son jeu avec les règles (et le flou notamment) qui distingue désormais le bon photographe du mauvais. Le numérique enfin permet d’aller à l’essentiel et c’est tant mieux.
Crédit photo @Trona via Flick’r
Ben tu vois que tu l’as comprise ma « censure par noyade » 😉
Sinon petite précision sur le mythe de Babel. Dans mon alchimie personnelle nous serions un poil en amont avec le chiffre comme langage commun entre les peuples.
Chouette travail encore une fois ! Merci pour nous 🙂
Vincent,
Merci ! Je crois que j’ai compris à cet instant ton propos grâce au rapprochement.
Le chiffre langage commun? Oui c’est aussi une des origines du langage sumérien : la nécessité de chiffrer, organiser les richesses centralisées de la théocratie… Et le c’est au coin que les prêtres scribes trouveront la solution… 😉
Il y a une tentation, depuis l’avènement du numérique de se référer toujours à un temps, pas si lointain, où les choses allaient autrement. A cette époque, ici celle de l’argentique, opérait une certaine distinction entre les gens. Il y avait un air aristocratique qui entre les hommes de goût, de connaissance, et de force, s’échangeait comme un divin nectar. Il faut bien le dire, tout cela est perdu avec le numérique. Les quelques-uns sont devenus foules; Informes masses de désirs primaires, qui aiment rien moins qu’à se rassurer aux feux triviaux des commerciaux. Ils ne savent plus s’élever. A tous on donne un appareil à souvenir, et ils s’empressent d’en faire un instrument de destruction de la mémoire. Ils ne photographient plus, ils ne savent pas quel rapport intime la focal entretient avec l’essence de ce monde. Comment en un tour de main, un 28 devient un 130, pour capter la balle, l’instant, bref faire le déclic de l’éternité …
S’ils déclenchent, c’est de toute manière pour ne jamais plus regarder le cliché. S’ils cadrent, c’est dans l’indifférence.
Et puis… Malade volontaire, une main tendue au dessus du gouffre, sous-pesant, évaluant ma propre affirmation du monde, je me suis retourné. Du trivial j’ai finalement préféré faire ma demeure intranquille. Le numérique est la grande faille de ce monde suffisant. C’est par lui que coule désormais la fontaine de vie – oui oui, celle ci que l’on croit perdue ci-dessus, alors qu’elle nous inonde déjà.
Le présent n’est pas saisi dans la photo. Ni chez Capa, et pas plus pour Cartier Bresson. La photo est un glissement. Il n’y a d’instantané que pour l’imagination de ceux qui y croient. Toutes les photos recèlent du flou. Elles sont toutes un peu ratées, mais c’est dans ce glissement ontologique qu’elles » prennent » la vie. La photo est trace avant tout. Qu’importe donc le nombre, le multiple ne change rien à l’affaire. Et des grands mythes ? Un jour aussi il faudra bien qu’on les shoot…
Ouch Emmanuel,
Quel style, tu devrais commenter plus souvent ! 🙂
« Le présent n’est pas saisi dans la photo » : si tu parles de réalité, alors je suis bien d’accord. En revanche la photo choisie, pensée ou spontanée du fait de sa rareté est pour moi une construction mentale qui fixe une certaine mémoire. Certes une mémoire-et tu as raison de le souligner- factice, trahie par la subjectivité de ses émotions qui ne représente pas le vrai, mais là n’est pas sa fonction.
On lui demande d’être chargée d’un pouvoir presque magique d’invocation, de souvenirs éventuellement embellis (« cristallisés » dirait Stendhal) d’émotions, de sensations parfois post-construites, mais d’où jaillira cette petite musique douce-amère qu’on appelle nostalgie.
Le nombre y change quelque chose par cette déperdition d’attention qui dilue le lien entre l’objet et soi-même, entre le moment de la prise de vue et le photographe. Un nombre qui détruit la tension en amont et en aval de la photo qui devient alors coquille vide.
Symptôme de ce « gouffre » dont tu parles, la photo numérique mue par les « feux triviaux commerciaux », entre autres pratiques culturelles, sombre dans le vide, le néant intellectuel et affectif. Au même titre que la 20e paire de chaussures efface la magie de ses premières groles en cuir et les renvoie au cimetière des souvenirs oubliés.
Je ne suis pas sûr d’avoir bien compris en revanche cette phrase : « C’est par lui que coule désormais la fontaine de vie – oui oui, celle ci que l’on croit perdue ci-dessus, alors qu’elle nous inonde déjà. » ?
Mais dans l’ensemble je suis d’accord, il faut se méfier du « c’était mieux avant », mieux pour qui de toutes façons ?
PS : je pondèrerai mon papier d’une partie narrant aussi la beauté et els avantages nombreux de cette photo numérique amateur dans laquelle je suis tombé avec délice.
Passionnant et très juste. Et toujours,présente dans tes articles, la difficulté de l’homme à faire le tri dans ses choix, donc dans ses libertés.
Merci Valérie, oui c’est cela… 🙂
Ah, je ne vous jette pas la pierre, Pierre !
Jolis propos d’esthéte, ah la nostalgie de l’argentique !
M’enfin la joie d’avoir le bon visue lhonteusement numérique, shooté par hasard et inadvertance
ce n’est pas le progrès ça ? 😉
Bonsoir Anne,
Je suis un fan de photo numérique, j’en suis à mon 5e appareil dont 3 reflex. Je ne critique absolument pas la photo numérique en soi, mais son abus, sa consommation effrénée, son usage compulsif, par égo, par gourmandise, par vacuité sociale.
Mais je vais rédiger bientôt un panégyrique de la photo numérique. A chaque défaut des nouvelles technos, des qualités… En toute chose il faut raison garder 🙂
Et puis …d’un simple clic on peut anéantir sans remord des milliers de clichés….
Avez-vous déjà jeté dans un vide-ordure plusieurs dizaines d’ albums photos naufragées concernant lieux et gens inconnus ?
Brrrrr..
Bonsoir Cyrille
Bonjour Anne,
Oui il y a ensuite dans la sélection et la mise au panier des clichés « ratés », une certaine brutalité. Et dans la démarche un certain culte de la performance, de négation de l’aléa. dehors les photos ratées, à l’instar de employés trop lents, des amants pas assez efficaces à donner du plaisir, des amis pas assez drôles ou intéressants sur Facebook qu’on supprime d’un clic. Société libérale dure ou la rentabilité imprègne tous les domaines, y compris ceux de la vie privée.
Que cela ne vous déprime pas trop 😉
Bonne journée
Cyrille
Bon. Nous sommes bien d’accord. Une bonne photo doit rester rare.
Ce qui est rare est cher. Un cheval vieux est rare. Donc un cheval vieux est cher. Hors sujet désolé… :))
– …mais combien de temps vous a-t-il fallu pour prendre cette photo ?
– Boarf… 1/125 ème de seconde…ou toute ma vie.
Une course contre la mort ? : vrai
Un hymne à la vie ? : vrai
Aux foules sentimentales comme à l’artiste, qu’ importe le flacon.
Ô époque ?
Ô moeurs ?
oui
enfin…mon oeil !
Bonjour Martin,
Sympa ce commentaire créatif en forme de dialogue 🙂
La beauté de la création ne dépend pas de la quantité de travail, du temps passé, nous sommes bien d’accord.
Chacun voit midi à sa porte aussi et trouve en la photo des plaisir différents. il ne s’agit pas de conspuer l’usage récréatif et social de la photo.
Je ne m’attache qu’aux excès, à cet usage compulsif qui est un symptôme plus global d’une manière de vivre sans vivre. Le fond de mon papier n’est pas tant la photo que la relation au temps, à la vitesse… O tempora o mores ? Oui via l’accélération techno qui accentue les travers de notre société de conso déjà très bien décrits depuis les années 70 par des Baudrillard ou Bourdieu…
😉
Salut Cyrille,
OK OK j’arrête avec les messages sybillins / écrans de fumée et je vais tenter de circonstancier un peu plus mes remarques ( mais je manque d’entraînement et m’embrouille assez facilement )
Oui, la photo numérique s’inscrit bien dans la « dromosphère » de Virilio.
, mais où est le désastre ? Le présent nous échappe-t-il essentiellement plus qu’à l’époque de Pascal du fait de nos nouveaux outils ? La standardisation des comportements est elle un apauvrissement ou une naturelle réaction/adaptation des individus face à la croissance exponentielle de l’espèce ? Et puis cet excès de standardisation est accompagné à proportion égale de son opposé ( originalité, créativité ). Tous nos outils ne sont « que » des outils. ( guns don’t kill people…)
Ce sentiment d’accélération est fort déagréable si on imagine un mur en face de soi ( armageddon, l’apocalypse, etc ), mais si on se place dans une perspective elliptique, ça n’est plus si grave.
Mais je m’éloigne trop du sujet, et finirais ( peut-être ) par conclure que rien n’est grave…
D’autre part
Vrai : on n’accède pas à la beauté par un « travail » ( tripalium, instrument de torture ), mais lorsqu’elle devient une quête, elle laisse peu de repos. La beauté se ressent de manière fugace. Le « travail » est d’essayer de la retenir, de la fixer ; c’est là qu’il prend son sens originel. Picasso était en quasi constante activité, comme n’importe quel « grand » artiste. Il était obsédé, habité entièrement par sa quête. D’où vient d’aprés toi l’archétype de l’artiste « torturé » ? Le talent ne dépend pas du travail, mais son expression en demande ainsi que de l’énergie !
Je crois que je vais arrêter là.
Digressions. digressions.
Mais j’appécie ta façon d’écrire et ta volonté d’équilibre dans le discours.
C’est ciselé, bien découpé. Chaque papier est comme une toile ! Ta technique m’impressionne. Tu as été à bonne école et ton énergie déborde à chaque phrase.
Tu es un artiste aussi car tu es « actuel » ( Rimbaud ). Tu t’inscris dans ton époque et participes activement à son écriture.
Et je me sens proche de toi car nous partageons beaucoup de références générationelles.
Ceci dit, je crois ma présence peu à propos dans ton blog qui s’adresse au premier chef à des professionnels des médias ou des techniciens.
Je suis photographe de quartier, peu engagé technologiquement, idéologiquement, et même assez peu engagé en général et je ne voudrais pas » pourrir ton groove » avec mes bêtises
Salut Cyrille
Merci Martin pour tous ces compliments sans doute largement immérités 😉
Tu poses de très bonnes questions :
« Le présent nous échappe-t-il essentiellement plus qu’à l’époque de Pascal du fait de nos nouveaux outils ? »
Probablement pas en effet. Mais il est toujours utile de rappeler à l’être humain ses travers/tendances qui le condamnent à passer à côté des bonnes choses, notamment profiter des moments agréables quand ils se produisent. Le bonheur n’est pas solide, ce sont des grains de sables qui s’échappent des doigts.
« La standardisation des comportements est elle un appauvrissement ou une naturelle réaction/adaptation des individus face à la croissance exponentielle de l’espèce »
La multitude à l’origine du panurgisme ? Oui très certainement. Quant à penser que c’est une adaptation, je ne le crois pas. C’est un effet de bord, tout comme la massification scolaire a eu des effets négatifs sur la qualité de l’enseignement et suscite échecs scolaires ou « ratés ». On sent d’ailleurs chez les classes aisées ce besoin de sortir de la norme, du lot pour casser cette standardisation de la masse. Tiens voici l’idée d’un billet…
Merci 🙂
PS : mon blog est un lieu ouvert à tous et je me félicité de sa diversité porteuse de richesse intellectuelle. Tes commentaires sont les bienvenus !
Très intéressant point de vue sur notre monde numérique, avec tous ces appareils qui nous permettent de capter un instant précis, un véritable luxe des temps modernes.
la photos argentique est un art qu’il faut préservé au mieux possible pour les
générations avenir
bonjour
non le numérique ne permet pas une bonne socialisation
car on est devant sont ordinateur pour vidé la carte mémoire