Ne constituons pas des ghettos culturels pour riches !

Mise à jour 28 décembre 2014

Bilan, cinq ans après avoir écrit ce papier : une majorité de titres d’informations ont opté pour un modèle mixte, en partie gratuite, en partie payante. Médiapart, Le Monde, Le Figaro, L’Obs, Le Parisien, Libération, Les Echos, L’Equipe… Rares sont ceux qui maintiennent le modèle non-payant, financé par la publicité, tels le Huffington Post ou Slate.

Parallèlement, se sont développés Google News et Facebook qui sont devenus des distributeurs majeurs de l’information, opérant des hiérarchies fondées sur des critères purement économiques, accentuant les biais dramatiques et émotionnels

Ce que je redoutais s’est donc produit : l’aggravation des inégalités d’accès à l’information. Aux instruits, la presse payante de qualité, aux moins instruits (qui ne mesurent pas la valeur d’une bonne information), « l’entertainement » et la rumeur

Il est temps que la puissance publique remette de l’ordre dans la maison et réduise ses subventions pour les titres qui se coupent du plus grand nombre en instaurant un accès payant. Et réinvestisse cette manne publique dans des services d’information de qualité accessibles à tous…

Edwy Plenel se félicite du succès de Médiapart, consécutif aux révélations de l’affaire Woerth. Le site payant d’information a recruté plus de 5000 nouveaux abonnés en quelques semaines, se rapprochant du seuil de rentabilité. Une victoire de la démocratie ? Oui et non…

Dans une interview donnée à frenchweb, Edwy Plenel revient sur l’origine de son choix de business fondé entièrement sur l’abonnement. Il arbore le sourire et la bonne humeur de celui qui a eu raison contre tous (“nous étions les seuls au monde”) en défendant un modèle de presse en ligne payant.

Au cours de l’interview, il s’exprime longuement sur ses “amis de Rue89” (à 9:18 mn dans la vidéo), qu’il amoche pourtant assez sérieusement sur le fond.

“Qu’est-ce qui fait la rentabilité de TF1, de RTL et Europe 1, c’est pas l’information, c’est le divertissement . Il peut y avoir de très bonnes rédactions, mais la rentabilité elle est venue de quoi. la pub c’est les grosses têtes, la pub c’est la télé-réalité, la pub c’est la Star-Academy, c’est pas l’info qui amène la pub.

Donc mon doute sur le pari de mes amis de Rue89, c’est que si ils veulent gagner leur pari qui est une logique d’audience, avec des recettes publicitaires fortes, cela aura une incidence sur leurs pratiques journalistiques. Il faudra qu’ils fassent des papiers plus people, plus superficiels, plus accrocheurs, plus de buzz. Nous on fait des papiers raides, longs, durables, forts, lourds. On ne fait pas que Karachi ou Béttencourt.”

Ce passage est tout à fait éclairant de la philosophie profonde d’Edwy Plenel sur l’information, mais aussi sur la culture et l’éducation en général. Il se situe assez loin de ma manière de concevoir non seulement mon métier de journaliste, mais aussi mon devoir de citoyen.

PLENEL A LES MAINS PROPRES, MAIS IL NA PAS DE MAINS

J’ai envie de paraphraser Charles Péguy critiquant le rigorisme de l’impératif kantien pour émettre quelques objections au propos du grand Edwy Plenel. Je dis cela sans ironie, j’ai beaucoup d’admiration personnelle pour le journaliste, pour sa rigueur intellectuelle, ses qualités professionnelles, son engagement et son courage.

Péguy critiquait la raideur de Kant qui prétendait qu’un bon citoyen devait obéir coûte que coûte à la loi morale et notamment au principe supérieur de vérité. Ainsi, quand bien même un mensonge pourrait sauver un innocent, il faudrait s’en abstenir pour rester conforme à ce principe supérieur de vérité. D’où l’absence de mains de celui qui abandonne le malheureux à son sort. Discussion philosophique abstraite qui prendra une autre résonance avec la seconde guerre mondiale…

Quel rapport avec Plenel ? Ce même rigorisme par rapport au principe de vérité, dans le devoir d’information. Ce respect sacré des faits, du vrai au détriment du reste. Il y a du Kant chez Plenel : une construction mentale impeccable, un véritable système de pensée cohérent et implacable. Et en même temps un certain manque d’humanité, ou en tout cas de psychologie.

LES HOMMES SONT PLURIELS, LA PRESSE AUSSI

Pour Edwy Plenel, qui est représentatif d’une certaine vision de l’information, le seul rôle de la presse semble être celui d’informer. Je conteste ce point de vue non seulement aujourd’hui mais aussi dans son rapport à l’Histoire que je n’ai pas enseignée mais étudiée avec un grand spécialiste

Informer, divertir, servir, relier… voilà les quatre principaux besoins auxquels répond la presse depuis l’origine.

1-Informer avant tout bien sûr, former les opinions éclairées du citoyen votant, cœur de la légitimité démocratique de la presse. Mais s’arrêter à cela, c’est passer à côté de la psychologie humaine.

2-Divertir. Le divertissement a toujours été un des motifs forts de lecture et d’achat de la presse. Depuis la relation des événements de la Cour au peuple via la Gazette de Théophraste Renaudot au 17e s qui l’amusaient beaucoup, jusqu’aux faits divers sanglants qui ont fait le succès de La Presse d’Emile Girardin au 19es. En passant par les mots croisés, rébus, cartoons et autre friandises divertissantes du Monde.

D’ailleurs ce distingo entre information est très délicat. Quand finit l’information et quand commence le divertissement ? On le voit bien aujourd’hui avec une scénarisation de plus en plus forte de l’information politique qui tend à rapprocher la première du second, alors même que la thématique reste “noble”. Raphaelle Bacqué, avec tout le talent d’écriture qui est le sien en est l’une des plus éminentes représentantes. Qui décide de l’information noble et sur quels critères ? On le sent en filigrane chez Edwy, le seul critère qui vaille est cette capacité à éclairer le choix politique, j’y reviendrai plus loin.

3-Rendre service : ce sont les informations pratiques, les heures d’ouverture de la crèche, les adresses des services publics, les informations concernant les travaux sur la rocade… Bref, ce qui constitue l’un des plus forts ciment de la presse régionale vis à vis de ses lecteurs.

4- Créer du lien social : le journal est ce prétexte à discussion, cette occasion de débattre, échanger des idées, rencontrer l’altérité dans l’échange et la confrontation d’informations lues dans le canard. Les infos sont en ce sens une sorte de carburant social de premier ordre, remplacé depuis longtemps par la télévision, elle-même concurrencée aujourd’hui par Internet. D’ailleurs Edwy a pour le coup bien intégré cette dimension via la plateforme communautaire de blogs de Médiapart.

LA RENTABILITE DES JOURNAUX N’EST JAMAIS VENUE DE L’INFO

Ma conviction est que l’information citoyenne n’ a jamais justifié à elle seule ni la lecture, ni a fortiori l’achat d’un journal. C’est ce “mix produit” des quatre critères évoqués ci-dessus, comme on dit chez les marketeux, qui l’expliquait et l’explique toujours.

Il y a chez Edwy Plenel un biais égocentré dans sa conception de l’information et la culture. Il projette sur la majorité ses propres goûts, alors qu’elle ne représente qu’une conception élitiste. En réussissant à atteindre ses 60 000 abonnés, ce que je lui souhaite, Edwy aura réussi l’incroyable pari, encore plus impressionnant sous cet angle, d’attirer à lui lune bonne partie des élites intellectuelles de France. Je ne parle pas des cadres supérieurs ou chefs d’entreprise, mais plutôt des clercs : professeurs, universitaires, chercheurs, artistes, écrivains… la société de l’intelligence qui représente finalement pas mal de monde dans la mesure où elle englobe l’Education nationale, mais n’est qu’une portion minoritaire des Français.

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UN “GHETTO” CULTUREL DE RICHES

Voilà la grande crainte que je ressens vis à vis de Médiapart et autre Arrêts sur images. La constitution d’enclaves culturelles privées réservées à une élite sociale, celle ayant un certain niveau socio-culturel initial. A la « masse bêlante », les programmes plus ou moins abêtissants de la Star Ac ou de la télé-réalité décriés ci-dessus.

Non pas que j’en rende Edwy Plenel ou Daniel Schneidermann responsables, naturellement. Les deux défendent un projet de qualité avec passion et j’admire leur ténacité, leur abnégation, leur courage. Mais je m’interroge sur le résultat de pareilles fuites des cerveaux à échelle globale.  Le problème est bien d’ordre politique et économique. Avec un abandon progressif des missions de service public, en particulier l’école, sous l’effet conjugué d’une crise économique, d’une mondialisation dé-régulée et d’une politique nationale clientéliste et injuste.

Mais en se retirant des organes subventionnés par nous autres citoyens et sinon gratuits – du moins plus ou moins « indolores » car financés par l’impôt, Edwy et Daniel ne nous rendent pas un grand service. Ils réduisent la portée de leurs médias payants aux seuls instruits capables de saisir la valeur d’une information payante de qualité.

Ils accentuent ainsi, indirectement les inégalités socio-culturelles.

medias pédagogues ?
medias pédagogues ?

DU ROLE PEDAGOGIQUE DE LA PRESSE

Notre société se tourne de plus en plus vers le divertissement, vers le léger (dont le LOL est une incarnation), vers le plaisir. Pour plein de raisons éducatives, économiques, psychologiques… Mais de fait, la société des jeunes lecteurs a changé et modifie de façon très forte le fameux “mix produit” nécessaire pour vendre.

Un peu plus de divertissement et de superficiel que de sens, par rapport à nos aînés, la génération d’Edwy. On peut le déplorer c’est vrai, je ne me réjouis pas de voir des émissions débilitantes envahir complètement nos vies, à commencer par les séries américaines au scénario industriel, programmes d’une pauvreté affligeante qui colonisent tout l’espace culturel de nos médias audiovisuels.

Mais si je suis sûr d’une chose, c’est que la création et le succès économique de Médiapart et Arrêt sur images n’y changera rien. Edwy Plenel semble vraiment croire à la contagion positive de son modèle : « en pariant sur une réussite qui serait chimiquement pure qui aiderait toute la profession, tous les producteurs d’information sur le net et qui aiderait profondément le journalisme dans un moment de crise, c’est de montrer qu’on peut arriver en trois ans, à faire un journal indépendant, sans publicité, avec plus d’une trentaine de salariés, qui arrivent à l’équilibre ».

C’est assez naïf. Quand les deux auront fait les fonds de tiroirs des élites intello, il ne restera plus grand nombre de lecteurs cultivés à se mettre sous la dent. Et de toutes façons, le frein le plus puissant reste celui de l’éducation et du capital culturel.

Moi j’ai une autre méthode qui se résume à cette fameuse phrase : “il faut être dans l’avion pour le détourner”. C’est le principe de la pédagogie : s’adapter à son élève pour le faire progresser. Faut-il adapter Marivaux en langage « djeun’s » pour intéresser les banlieues ? Et bien soit ! Ce sera moins noble, moins beau, il y aura un peu de dégradation du message initial c’est vrai, mais au moins passera-t-il.

Ca marchera beaucoup mieux et au final, on « boostera le ROI culturel ». Je sais que deux écoles de pédagogie s’affrontent là, entre ceux qui ne veulent pas édulcorer le contenu pour maintenir une stricte équité de l’offre et ceux comme moi, estimant qu’il est urgent de mettre en place des approches différenciées, pragmatiques.

Accommoder le sens à la sauce plaisir, voilà mon pari à moi. Les lecteurs populaires ne viendront pas tout seuls, il va falloir les chercher. Il ne s’agit pas d’accuser les nouveaux médias qui s’attachent à faire leur travail le mieux possible. Le premier facteur de l’inégalité  culturelle qui se creuse reste le pouvoir politique à travers l’échec scolaire et socio-économique.  Mon message consiste juste à les inviter peut-être à tendre davantage l’oreille et la main en direction de ces nouveaux publics qui s’éloignent d’eux, sans comprendre qu’ils passent à côté d’une grande richesse. A faire peut-être un peu de compromis, sans dénaturer ni galvauder leur travail, afin de vulgariser et rendre accessible leurs contenus. Ce que fait bien Slate.fr (j’espère n’avoir pas invoqué le diable).

Il en va beaucoup plus que de la survie de la presse. Il en va de la cohésion sociale, de l’harmonie démocratique. Pour éviter de creuser encore davantage ce fossé culturel et ce mépris perceptible de ceux qui savent, qui consomment la bonne information, la bonne culture n’existe pas vis à vis des millions de “beaufs”.

Cyrille Frank 

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Crédit photo via Flick’r @ aaronescobar et et @raisinsawdust

87 commentaires sur « Ne constituons pas des ghettos culturels pour riches ! »

  1. Ayé ! J’ai dessaoulé ! (mais je vais laisser de côté le clergé laïc, pour m’arrêter ici… lieu magique où l’on peut s’offrir le luxe de ne pas être d’accord… c’est suffisamment rare pour être souligné et ça propose l’avantage de ne pas se mirer le nombril entre con-vaincus 🙂 )

    Je vais être anecdotique et commencer par deux questions :
    – Sais-tu ce qu’est l’appel des appels ?
    – Qu’est-ce que les RGPP ?
    On peut aussi rassembler les questions en : « qu’en a-t-on appris dans la presse ? ».
    Je donne grosso-modo un élément de réponse : les RGPP c’est l’introduction de concepts issus du management dans les dispositifs des services publics (passage du citoyen au client, ce qui n’est pas moindre comme question de société).
    L’appel des appels sont des professionnels (santé, social, culture) qui se sont réunis pour décortiquer ces mécanismes et finalement envisager une forme de résistance sous forme d’inservitude volontaire : corruption du discours du maître (« je préfèrerai ne pas » du Bartelby de Melville) par des individus isolé plutôt que par la création d’un énième mouvement au statut légal.

    Je me rappelle encore la mine déconfite de Roland Gorri dans un reportage et la voix-off d’un journaliste qui se demandait sous quelle forme ils allaient s’organiser (association, syndicat, parti politique…).
    J’interprétais l’embarras de Gorri qui voyait peser sur ses épaules le fantôme de Lacan (il n’y a pas de maître, le seul maître c’est le langage. et une foule d’étudiant qui lui demandaient de quand même devenir ce maître… pour la petite histoire, il leur en a donné du maître sous forme d’un grand bourgeois cynique à l’énorme potentiel comique – ceci est mon interprétation strictement personnelle) .

    Sur ce sujet, j’en veux encore aux « partenaires sociaux » d’avoir lors des mouvements de contestations de l’année dernière d’avoir tenté de rallier tout le monde autour de l’égide du pouvoir d’achat :
    1) parce qu’encore une fois, on favorise le chiffre à la lettre (ça me prendrait plus qu’un dimanche pour expliquer le glissement vers le signifiant numéraire et la popersiation du monde).
    2) D’un autre côté, je comprends ce choix :
    a) ignorance, parti-pris, dogme : va donc parler de Lacan à un syndicaliste (même avec Onfray c’est impossible)
    b) fédérer qui que ce soit autour de moncharabia. J’en suis conscient mais je lui revendique le droit d’exister ailleurs qu’entre con-vaincus.
    3) Du coup, je ne remercierai jamais assez mediapart d’avoir mis en ligne des vidéos de Roland Gorri (quoique la plupart des journaux lui aient ouvert un tribune), Christophe Dejour (psychanalyste au CNAM). rien que parce que je me suis senti moins seul l’espace d’un instant.
    (ce qui n’a pas épargné le principal problème du net, c’est qu’il aurait fallu plus qu’un dimanche pour tout regarder).

    ça me fait penser à Franck Lepage (grand pape de l’éducation populaire) qui dans sa conférence gesticulée inculture 2 sur l’éducation (www.scoplepave.org pour plus d’info, si je développe ça va me prendre plus que mon dimanche): « Mon métier était (pour réduire la fracture sociale) d’enrichir les pauvres à coup d’engrais culturel. Sauf que j’ai remarqué que les riches se cultivent aussi ».

    Il y a en France c’est mon impression, une sorte de haine de l’intellectuel (j’ai même déjà pensé à saisir la HALDE pour discrimination 🙂 ).
    J’en sais quelque chose… là c’est ma critique de l’université qui pointe le bout de son nez…
    Je pense aussi qu’on oublie que mai 68 et parti de l’ENA (des petits intello qui tripaient sur Mao le poète et méconnaissance de cause sur la chine réelle).
    Cependant je comprends ton point de vue, mais j’y vois un risque de lissage à terme (toujours le même)

    Désolé d’être aussi confus, ce n’est pas le fait de mon éthylisme mais parce que je suis sur le départ pour essaimer de la parole vertueuse en essayant d’éduquer la populace (c’est une commande institutionnelle) (vive les dimanches) (on reprendra suite à tes commentaires)(je n’en doute pas). 🙂

    1. @Vincent ,

      Si je comprends bien, tu dénonces le risque d’appauvrissement des messages, des contenus par leur dilution au plus grand nombre ?

      Pour se faire comprendre du plus grand nombre il y aurait une nécessaire déperdition d’information, une troncature, voire une perversion du sens ?

      Dans une certaine mesure oui, mais cela est vrai à tous les niveaux. Les articles du Monde diplomatique sont une vulgarisation des rapports d’experts des cabinets ministériels ou des hauts fonctionnaires diplomatiques.

      La culture du chiffre au détriment du verbe : totalement d’accord. C’est le plus petit commun dénominateur qui permet aux syndicats de se réunir au moins sur une chose par exemple. C’est une réification de notre monde, une simplification qui permet de mesurer, jauger des choses intangibles et nous donner l’illusion ainsi de mieux les comprendre. CF le classement absurde de Shanghai…

      D’accord aussi avec toi sur cette tendance anti-intellectuelle. j’ai dénoncé cela il y a quelques années dans un post sur un autre blog politique : http://thebenitoreport.typepad.com/thebenitoreport/2007/04/sale_temps_pour.html

      S’agissant du premier point, je pense qu’il faut impérativement adapter nos façons de communiquer pour les rendre accessibles au plus grand nombre. la société d’aujourd’hui n’est pas celle d’hier. On doit changer notre pédagogie, sans trahir le message, si ce n’est en effet le simplifier à la marge. Et continuer aussi d’apporter du très haut niveau à ceux qui veulent et peuvent l’ingérer. Je ne préconise certainement pas un nivellement par le bas, mais des approches différenciées, car nous sommes face à un cas d’urgence.

      Il n’est plus l’heure de discourir sur l’intérêt idéologique de tel ou tel choix. Paternalisme condescendant ou adaptation pédagogique… Il faut donner plus et mieux à ceux qui ont moins, c’est une évidence.

      La philosophie par le foot, le théâtre par le parler de banlieue, le commentaire collectif de débats tv, l’Histoire par la bande, par l’Humain, par la BD… bref il faut redonner le goût des choses pour ensuite délivrer des infos, du contenu : faits, dates, citations.

      Le mythe de l’égalitarisme scolaire par la stricte équité a vécu. Il en de même des médias. Nous devons reconquérir ces lecteurs pour eux, pour nous, pour la société. Et certainement pas nous enfermer dans nos tours d’ivoire et déplorer la fin du monde, à la mode « qui m’aime me suive »…

      a +++

  2. Ayé ! J’ai dessaoulé ! (mais je vais laisser de côté le clergé laïc, pour m’arrêter ici… lieu magique où l’on peut s’offrir le luxe de ne pas être d’accord… c’est suffisamment rare pour être souligné et ça propose l’avantage de ne pas se mirer le nombril entre con-vaincus 🙂 )

    Je vais être anecdotique et commencer par deux questions :
    – Sais-tu ce qu’est l’appel des appels ?
    – Qu’est-ce que les RGPP ?
    On peut aussi rassembler les questions en : « qu’en a-t-on appris dans la presse ? ».
    Je donne grosso-modo un élément de réponse : les RGPP c’est l’introduction de concepts issus du management dans les dispositifs des services publics (passage du citoyen au client, ce qui n’est pas moindre comme question de société).
    L’appel des appels sont des professionnels (santé, social, culture) qui se sont réunis pour décortiquer ces mécanismes et finalement envisager une forme de résistance sous forme d’inservitude volontaire : corruption du discours du maître (« je préfèrerai ne pas » du Bartelby de Melville) par des individus isolé plutôt que par la création d’un énième mouvement au statut légal.

    Je me rappelle encore la mine déconfite de Roland Gorri dans un reportage et la voix-off d’un journaliste qui se demandait sous quelle forme ils allaient s’organiser (association, syndicat, parti politique…).
    J’interprétais l’embarras de Gorri qui voyait peser sur ses épaules le fantôme de Lacan (il n’y a pas de maître, le seul maître c’est le langage. et une foule d’étudiant qui lui demandaient de quand même devenir ce maître… pour la petite histoire, il leur en a donné du maître sous forme d’un grand bourgeois cynique à l’énorme potentiel comique – ceci est mon interprétation strictement personnelle) .

    Sur ce sujet, j’en veux encore aux « partenaires sociaux » d’avoir lors des mouvements de contestations de l’année dernière d’avoir tenté de rallier tout le monde autour de l’égide du pouvoir d’achat :
    1) parce qu’encore une fois, on favorise le chiffre à la lettre (ça me prendrait plus qu’un dimanche pour expliquer le glissement vers le signifiant numéraire et la popersiation du monde).
    2) D’un autre côté, je comprends ce choix :
    a) ignorance, parti-pris, dogme : va donc parler de Lacan à un syndicaliste (même avec Onfray c’est impossible)
    b) fédérer qui que ce soit autour de moncharabia. J’en suis conscient mais je lui revendique le droit d’exister ailleurs qu’entre con-vaincus.
    3) Du coup, je ne remercierai jamais assez mediapart d’avoir mis en ligne des vidéos de Roland Gorri (quoique la plupart des journaux lui aient ouvert un tribune), Christophe Dejour (psychanalyste au CNAM). rien que parce que je me suis senti moins seul l’espace d’un instant.
    (ce qui n’a pas épargné le principal problème du net, c’est qu’il aurait fallu plus qu’un dimanche pour tout regarder).

    ça me fait penser à Franck Lepage (grand pape de l’éducation populaire) qui dans sa conférence gesticulée inculture 2 sur l’éducation (www.scoplepave.org pour plus d’info, si je développe ça va me prendre plus que mon dimanche): « Mon métier était (pour réduire la fracture sociale) d’enrichir les pauvres à coup d’engrais culturel. Sauf que j’ai remarqué que les riches se cultivent aussi ».

    Il y a en France c’est mon impression, une sorte de haine de l’intellectuel (j’ai même déjà pensé à saisir la HALDE pour discrimination 🙂 ).
    J’en sais quelque chose… là c’est ma critique de l’université qui pointe le bout de son nez…
    Je pense aussi qu’on oublie que mai 68 et parti de l’ENA (des petits intello qui tripaient sur Mao le poète et méconnaissance de cause sur la chine réelle).
    Cependant je comprends ton point de vue, mais j’y vois un risque de lissage à terme (toujours le même)

    Désolé d’être aussi confus, ce n’est pas le fait de mon éthylisme mais parce que je suis sur le départ pour essaimer de la parole vertueuse en essayant d’éduquer la populace (c’est une commande institutionnelle) (vive les dimanches) (on reprendra suite à tes commentaires)(je n’en doute pas). 🙂

    1. @Vincent ,

      Si je comprends bien, tu dénonces le risque d’appauvrissement des messages, des contenus par leur dilution au plus grand nombre ?

      Pour se faire comprendre du plus grand nombre il y aurait une nécessaire déperdition d’information, une troncature, voire une perversion du sens ?

      Dans une certaine mesure oui, mais cela est vrai à tous les niveaux. Les articles du Monde diplomatique sont une vulgarisation des rapports d’experts des cabinets ministériels ou des hauts fonctionnaires diplomatiques.

      La culture du chiffre au détriment du verbe : totalement d’accord. C’est le plus petit commun dénominateur qui permet aux syndicats de se réunir au moins sur une chose par exemple. C’est une réification de notre monde, une simplification qui permet de mesurer, jauger des choses intangibles et nous donner l’illusion ainsi de mieux les comprendre. CF le classement absurde de Shanghai…

      D’accord aussi avec toi sur cette tendance anti-intellectuelle. j’ai dénoncé cela il y a quelques années dans un post sur un autre blog politique : http://thebenitoreport.typepad.com/thebenitoreport/2007/04/sale_temps_pour.html

      S’agissant du premier point, je pense qu’il faut impérativement adapter nos façons de communiquer pour les rendre accessibles au plus grand nombre. la société d’aujourd’hui n’est pas celle d’hier. On doit changer notre pédagogie, sans trahir le message, si ce n’est en effet le simplifier à la marge. Et continuer aussi d’apporter du très haut niveau à ceux qui veulent et peuvent l’ingérer. Je ne préconise certainement pas un nivellement par le bas, mais des approches différenciées, car nous sommes face à un cas d’urgence.

      Il n’est plus l’heure de discourir sur l’intérêt idéologique de tel ou tel choix. Paternalisme condescendant ou adaptation pédagogique… Il faut donner plus et mieux à ceux qui ont moins, c’est une évidence.

      La philosophie par le foot, le théâtre par le parler de banlieue, le commentaire collectif de débats tv, l’Histoire par la bande, par l’Humain, par la BD… bref il faut redonner le goût des choses pour ensuite délivrer des infos, du contenu : faits, dates, citations.

      Le mythe de l’égalitarisme scolaire par la stricte équité a vécu. Il en de même des médias. Nous devons reconquérir ces lecteurs pour eux, pour nous, pour la société. Et certainement pas nous enfermer dans nos tours d’ivoire et déplorer la fin du monde, à la mode « qui m’aime me suive »…

      a +++

  3. Je travaille à Arret sur Images.net depuis sa création et je voudrais rappeler que l’abonnement est de 35 euros/an à ne pas confondre avec celui de Mediapart beaucoup + cher.

    Alors si 35 euros/an c’est pour une « élite sociale » Certains payent autant pour leur mobile, et par millions. Sans oublier qu’Arret sur Images a un tarif chômeurs etc..

    Deuxièmement Arret sur Images a une rubrique en accès gratuit 7 jours sur 7, toute l’année, les Vite Dit, qui couvrent l’actualité des médias France/étranger plutôt fournie : près de 9 000 infos en moins de trois ans, et souvent des infos développées, et.. pas toujours sinistres ou écrites dans un langage pour initiés avec des sujets abscons..

    La vraie question c’est plutôt le fossé entre ceux qui lisent, écoutent, regardent plusieurs sources d’informations différentes, gratuites ou payantes, parce qu’ils ont le niveau scolaire, le temps, les outils pour le faire, et la force physique après une journée qui n’aura pas été aussi épuisante que celle de quelqu’un qui fait les 3/8 en horaire décalé etc..

    1. Bonsoir Gilles,

      Les « pauvres » achètent aussi des écrans plats 3D, les dernières baskets à la mode et se ruinent à trouver une compensation socialement visible à leur situation. Ils auraient les moyens largement de s’acheter de la culture, sauf que, comme tu le dis, il y a un problème d’instruction qui ne leur en donne ni le goût, ni l’idée.

      Le problème du prix est en effet secondaire, mais il ne risque pas d’améliorer les choses ! Entre lire le gratuit du métro et acheter un canard, il y a quand même l’une des deux options qui est plus incitatives que l’autre… Moi j’ai toujours été favorable aux gratuits, comme moyen d’évangéliser de nouveaux publics, de les intéresser ou les ré-intéresser à l’actualité.

      Ce qui pose des problèmes de partage pub et de remise en cause du modèle éco de la presse en général, mais ce qui m’intéresse c’est le citoyen, pas la santé des journalistes. 🙂

      Il est vrai que ASI propose davantage de contenus gratuits, mais j’ai été abonné longtemps avant d’arrêter faute de temps pour lire. ce que je retiens, c’est que la vraie richesse, ce sont les dossiers payants, les analyses, les enquêtes comme on aime. Et c’est ,normal, on va pas se tirer une balle dans le pied non plus…

      Une fois de plus je ne tiens à accuser personne et certainement pas les créateurs eux-mêmes de ces bons journaux qui n’ont pas bcp de choix pour se financer. Mon propos s’adresse surtout aux pouvoirs publics pour réintégrer ces brebis égarées dans le « service public » d’intérêt général, afin qu’ils deviennent gratuits et profitent au plus grd nombre.

      Quant à l’indépendance vis à vis du pouvoir politique, il y a des moyens de l’assurer de façon statutaire, par des systèmes de contrôle paritaires à la BBC council… par ex.

      Je ne voudrais pas que mes lecteurs se trompent sur mon propos, mon article n’est pas un pamphlet. c’est plus une inquiétude générale sur notre société et son système éducatif, d’information et culturel…

      A bientôt !

  4. nous sommes face à une situation d’urgence ça au moins c’est clair !
    Il y a une prise de risque ça aussi c’est sûr !
    Mais c’est épineux !

    Autant je peux abhorrer les journaux tout gratuit comme on peut en distribuer dans les transports en commun, autant j’adore la gratuité du net… en tout cas comme on la pratique ici.

    On en tire des bénéfices culturels évident simplement parce qu’on échange, on peut éventuellement en tirer des bénéfices secondaires en terme de « notoriété », sauf qu’on est en même temps parfaitement lucide sur le fait que c’est pas ce qui nous donne des choses à faire bouillir dans la marmite.

    En plus, si ce n’est pas nous qu’on le fait, d’autres vont de toute façon s’en charger, ça aussi c’est plus que certains…

    En terme d’information ma crainte est que les grosses machines se transforment en (voir continuent d’être) des flux ininterrompus de dépêches AFP, attirées par la course à l’audience et leur cpm..
    (j’ai remarqué pour être intervenu dans des procédés industriels de gestion que la connaissance qu’il y une sorte de déni qui s’instaure : on préfère se dire qu’on fait bien parce qu’admettre qu’on fait mal est trop douloureux )

    Je ne suis pas fan des pyramides genre maslow, mais mine de rien je pense que la personne moyennement interessée va trouver son compte dans ce modèle sans même se douter qu’un au-delà ou un autre chose puisse exister.
    Bon ensuite effectivemment, les pas intéressés du tout risquent d’apprendre des choses… ce serait le moindre mal.

    Cependant pour les plus intéressés dont je fais partie, il est évident qu’ils ne trouveront pas leur compte dans ce modèle… Pour ma part j’enrage déjà suffisamment comme ça 😀
    Du coup pour eux, ne reste que des formules à abonnements… je n’y vois rien de choquant sauf que les con-vaincus continueront à palabrer avec ceux qui leur ressemble… ça aussi c’est tout à fait certain.

    Conclusion le net est entrain de réinventer la roue…

    Pour l’aspect culturel/éducation reste un petit aperçu des possibles « fait maison » mais encore une fois difficilement viables (en tout cas faut y croire très fort) :
    http://www.aimer-resister.net/index.php/ill/creations

    1. Vincent,

      « ma crainte est que les grosses machines se transforment en (voir continuent d’être) des flux ininterrompus de dépêches AFP, attirées par la course à l’audience et leur cpm.. »

      Je crois que cela est en train de changer, car le modèle a montré son échec. regarde ce qui se passe du côté Rue89 ou Slate… il y a des choses très bien.

      Mais les sources d’info de qualité, nous n’en avons jamais eu autant ! Payants ou pas ! Le prob ne se pose pas pour nous. Il se pose pour les petits, les faiblemement éduqués, qui tend à devenir la classe moyenne aujourd’hui c bien le problème.

      Si on ne les récupère pas, on va les couper d’une info de qualité et cela est dangereux pour la démocratie. celle-ci ne fonctionne bien qu’avec ce garde-fou qui éclaire l’opinion publique. Elle n’a jamais été autant dans le brouillard aujour’d’hui car le journalisme ne s’est pas réinventé pour l’éclairer, lui qui a tant changé avec le monde…

      Tiens je le note pour un futur billet… 🙂
      Merci de ces échanges d’où naît une petite lueur toujours…

      PS : tu seras à la Cantine demain ? j’ai vu un Vincent B inscrit…

  5. A non ! moi pas être à la cantine 🙂
    C’est quoi la cantine ?
    Mais s’il y a moyen d’en être je veux bien.
    J’ai même un numéro de siret pour facturer mes interventions ou faire la plonge 😀

  6. A non ! moi pas être à la cantine 🙂
    C’est quoi la cantine ?
    Mais s’il y a moyen d’en être je veux bien.
    J’ai même un numéro de siret pour facturer mes interventions ou faire la plonge 😀

  7. Je vais retourner la proposition alors…
    Si on me défraie mon billet de train, je viens sans guitare et surtout je chante pas 😀
    Si loin, si proche… malgré le TGV-est #LaDèche 😉

  8. Je vais retourner la proposition alors…
    Si on me défraie mon billet de train, je viens sans guitare et surtout je chante pas 😀
    Si loin, si proche… malgré le TGV-est #LaDèche 😉

    1. Je comprends rien, t’es médecin et tu peux pas te payer un billet de train 😉
      Mais je comprends plus moi, on dit Saint-Moritz ou saint-Maurice ?

      keskonrigole

    1. Je comprends rien, t’es médecin et tu peux pas te payer un billet de train 😉
      Mais je comprends plus moi, on dit Saint-Moritz ou saint-Maurice ?

      keskonrigole

  9. Comme dirait Laurent Baffie : « je suis gynécologue de campagne. Une estafette, un karcher et hop c’est parti ! »

    Tulavoulutulaeu 😀

  10. Comme dirait Laurent Baffie : « je suis gynécologue de campagne. Une estafette, un karcher et hop c’est parti ! »

    Tulavoulutulaeu 😀

  11. « Mais en se retirant des organes subventionnés par nous autres citoyens, Edwy et Daniel ne nous rendent pas un grand service. »

    Hum… Daniel a été viré de france5. Je pense que s’il avait pu il aurait continué Asi à la télé.

    Je ne pense pas qu’@asi soit un ghetto culturel pour riches. C’est plutôt le ghetto d’une classe moyenne intellectuelle. Et puis ghetto, ghetto… cette classe moyenne n’est pas forcément coupé du monde populaire. Il y a des analyses chez @si, rien n’empêche les lecteurs de la rediffuser en la vulgarisant.

    Pourquoi aligner tout le monde sur le même modèle ? Pourquoi tout le monde devrait-il faire comme rue89 ou slate ? Il faut de la pluralité. Sur les sujets importants les médias se reprennent l’info et s’autocitent donc je ne vois pas le soucis d’une info qui serait réservée. Et pourquoi ne penser que par les journaux ? Et le rôle du citoyen ? du blogueur ? Un journal est par nature un média de masse et il ne peut s’adresser à des individus de manière différenciée en fonction de son vécu ou de sa classe sociale. D’où l’importance des réseaux intermédiaires qui pourrait être sur internet, les blogueurs, et dans la société, le militant, le citoyen, l’association qui a le temps de s’informer et de vulgariser pour son ami, son voisin, son élève….

    1. Antoine,

      Oui je sais bien, ce n’est pas ni à Edwy ni à Daniel que je jette la moindre pierre. Je constate juste le résultat que je ne trouve pas optimal.
      Cette classe moyenne intellectuelle dont vous parlez est précisément une élite. Bourdieu décrit cela très bien dans « la distinction » : ce sont les dominés de la classe dominante.

      Cette diffusion ne se produit que dans le même groupe d’appartenance, rarement en dehors. En gros la plupart du temps vous prêchez des convertis.

      Je suis d’accord sur la diversité des titres, des modèles, des lignes édito. Mais je pense sincèrement que mettre le meilleur de l’info derrière un mirador, ce n’est aps souhaitable pour la démocratisation culturelle. Surtout si ce modèle fait tâche d’huile, ce dont je doute, mais qu’Edwy appelle de ses « vieux » (petit clin d’oeil à Jospin)

      Les réseaux intermédiaires qui diffusent l’information vérifiée, confrontée, de qualité se trouvent chez les dominants, pas chez les dominés qui partagent surtout des émotions Star Ac ou les Experts.
      Non qu’ils soient plus sots, il leur manque juste les clés sociales pour en avoir l’idée ou le goût.

      Mon propos sur ce blog c’est de rappeler ces évidences sociales démontrées par quantité d’études. Le capital culturel initial est déterminant pour favoriser ou pas l’accès à la culture. Et rajouter un frein économique, c’est carrément achever la bête.

      Merci pour commentaire intéressant

      🙂

  12. « Mais en se retirant des organes subventionnés par nous autres citoyens, Edwy et Daniel ne nous rendent pas un grand service. »

    Hum… Daniel a été viré de france5. Je pense que s’il avait pu il aurait continué Asi à la télé.

    Je ne pense pas qu’@asi soit un ghetto culturel pour riches. C’est plutôt le ghetto d’une classe moyenne intellectuelle. Et puis ghetto, ghetto… cette classe moyenne n’est pas forcément coupé du monde populaire. Il y a des analyses chez @si, rien n’empêche les lecteurs de la rediffuser en la vulgarisant.

    Pourquoi aligner tout le monde sur le même modèle ? Pourquoi tout le monde devrait-il faire comme rue89 ou slate ? Il faut de la pluralité. Sur les sujets importants les médias se reprennent l’info et s’autocitent donc je ne vois pas le soucis d’une info qui serait réservée. Et pourquoi ne penser que par les journaux ? Et le rôle du citoyen ? du blogueur ? Un journal est par nature un média de masse et il ne peut s’adresser à des individus de manière différenciée en fonction de son vécu ou de sa classe sociale. D’où l’importance des réseaux intermédiaires qui pourrait être sur internet, les blogueurs, et dans la société, le militant, le citoyen, l’association qui a le temps de s’informer et de vulgariser pour son ami, son voisin, son élève….

    1. Antoine,

      Oui je sais bien, ce n’est pas ni à Edwy ni à Daniel que je jette la moindre pierre. Je constate juste le résultat que je ne trouve pas optimal.
      Cette classe moyenne intellectuelle dont vous parlez est précisément une élite. Bourdieu décrit cela très bien dans « la distinction » : ce sont les dominés de la classe dominante.

      Cette diffusion ne se produit que dans le même groupe d’appartenance, rarement en dehors. En gros la plupart du temps vous prêchez des convertis.

      Je suis d’accord sur la diversité des titres, des modèles, des lignes édito. Mais je pense sincèrement que mettre le meilleur de l’info derrière un mirador, ce n’est aps souhaitable pour la démocratisation culturelle. Surtout si ce modèle fait tâche d’huile, ce dont je doute, mais qu’Edwy appelle de ses « vieux » (petit clin d’oeil à Jospin)

      Les réseaux intermédiaires qui diffusent l’information vérifiée, confrontée, de qualité se trouvent chez les dominants, pas chez les dominés qui partagent surtout des émotions Star Ac ou les Experts.
      Non qu’ils soient plus sots, il leur manque juste les clés sociales pour en avoir l’idée ou le goût.

      Mon propos sur ce blog c’est de rappeler ces évidences sociales démontrées par quantité d’études. Le capital culturel initial est déterminant pour favoriser ou pas l’accès à la culture. Et rajouter un frein économique, c’est carrément achever la bête.

      Merci pour commentaire intéressant

      🙂

  13. @Cyceron :

    Article très intéressant… qui donne à réflechir 🙂

    je comprends globalement ta position, mais je ne reste pas convaincu de la « menace mediapart » que l’on peut résumer comme tu le dis : « Si on ne les récupère pas, on va les couper d’une info de qualité et cela est dangereux pour la démocratie.  »

    Je ne crois pas à ce cloisonnement total entre l’info payante et gratuite. La vérité est que les gratuits (journalistes ou blogueurs) ne vont pas se priver pour réutiliser les infos de mediapart, faisant ainsi circuler l’information jusqu’à ceux qui ne paieraient jamais un abo à mediapart ou @si.

    Alors certes, il y aura un décalage temporel, mais je n’y vois pas un danger pour la démocratie dans le sens ou cela ne changera rien à la situation actuelle.

    Au passage, c’est d’ailleurs pour cela que le modèle de mediapart n’a jamais été rentable jusqu’ici puisque la majorité des gens sait qu’elle aura de toute façon accès à l’information crée par mediapart … ailleurs.

    Ceci dit, ce n’est pas perdu non plus pour eux. Mediapart pourrait peut être devenir la prochaine AFP de luxe. Et faire financer leurs enquêtes par des tiers créateurs de contenus… gratuits.

    Qu’en pensez-vous ?

    PS : c’est quoi cette histoire de TVA à 2,1 % ? Médiapart n’y a pas droit parce qu’elle refuse les subventions ???!!! o_0

  14. @ Stan merci 🙂

    Je réponds d’abord à votre PS : Médiapart n’y a pas droit car les pure-players non rattachés à un groupe de presse avec numéro de commission paritaire n’y ont pas droit jusqu’à présent, ils restent assujettis à une TVA normale de 19,6%, comme toute société de service non reconnue d’utilité publique. Et il semble que cela ne soit pas prêt de changer car l’Europe voit d’un très mauvais ces distorsions de la concurrence, exception culturelle ou pas.

    ils ne vont pas en plus ouvrir la boîte de Pandore du web, sachant que c’est déjà une survivance (jusqu’à quand ?) pour la presse papier.

    Vous avez raison en partie. Une partie de l’info se diffuse, mais pas l’essentiel. Certes les grands scandales circulent, mais pas le plus important : l’analyse au jour le jour des petites infos qui sont la face immergé ed e l’iceberg info : confrontation des chiffres Insee, remise ne cause des classements, enquête sur les résultats de telle ou telle politique (ex : plan banlieue etc.)

    C’est ce suivi quotidien qui constitue le vrai fossé d’information, ce dont se prévaut d’ailleurs Edwy Plenel et je lui fait confiance sur la qualité de ce qu’il produit (j’ai pu voir quelques exemples sympathiques)

    La bonne information, c’est comme la bonne formation : elle doit se faire en continu, pas au coup par coup.

    La difficulté du modèle économique reposait sur la difficulté à convaincre un nombre suffisant de lecteurs de payer pour ce plus intangible et pourtant si important. Je crois que Médiapart est en train de gagner son pari (en utilisant d’ailleurs les armes qu’il dénonçait, la polémique et le non hiérarchisé, mais après tout aux grands maux, les grands remèdes

    – On sent cette gène chez Edwy d’ailleurs qui n’est pas très fier d’avoir usé de ces méthodes pour décoller. Là dessus je lui donne à 100% raison, il faut des concessions pour gagner le pouvoir de changer les choses. Et sans équilibre le projet meurt; Bravo Edwy pour ce pragmatisme qui n’a pas du être facile à digérer pour un pur comme vous 😉

    Oui c’est une idée qui les a traversés d’ailleurs, puisqu’avant l’augmentation des ventes liées à l’affaire Woerth-Bétancourt, Plenel et son équipe réfléchissait à de la vente d’info en marque blanche. C’est le modèle « agence ». Ce qui me gène c’est le côté électron libre, à la fois qualité et défaut. Il y a du militantisme chez Médiapart anti-Sarkozy (contre retrouve d’ailleurs chez Marianne encore plus fortement et dans une moindre mesure chez Rue89).

    Or, ce n’est pas le rôle d’une agence de presse qui doit être aussi neutre que possible. D’où la composition de sa direction qui doit être paritaire ou équilibrée : éditeurs/journalistes, représentants patrons/ société civile. C’est la confrontation et l’équilibre d’opinions diverses qui crée l’équilibre. Ensuite, que des journaux choisissent des positionnements différents, c’est normal et même sain (plutôt qu’une prétendue objectivité de façade, illusion hypocrite).

    Mais pas pour une agence de presse, processeur de l’ensemble des médias presse ou audiovisuels. D’où l’extrême intérêt que je porte au changement à venir de ses statuts… 😉

  15. @ Stan merci 🙂

    Je réponds d’abord à votre PS : Médiapart n’y a pas droit car les pure-players non rattachés à un groupe de presse avec numéro de commission paritaire n’y ont pas droit jusqu’à présent, ils restent assujettis à une TVA normale de 19,6%, comme toute société de service non reconnue d’utilité publique. Et il semble que cela ne soit pas prêt de changer car l’Europe voit d’un très mauvais ces distorsions de la concurrence, exception culturelle ou pas.

    ils ne vont pas en plus ouvrir la boîte de Pandore du web, sachant que c’est déjà une survivance (jusqu’à quand ?) pour la presse papier.

    Vous avez raison en partie. Une partie de l’info se diffuse, mais pas l’essentiel. Certes les grands scandales circulent, mais pas le plus important : l’analyse au jour le jour des petites infos qui sont la face immergé ed e l’iceberg info : confrontation des chiffres Insee, remise ne cause des classements, enquête sur les résultats de telle ou telle politique (ex : plan banlieue etc.)

    C’est ce suivi quotidien qui constitue le vrai fossé d’information, ce dont se prévaut d’ailleurs Edwy Plenel et je lui fait confiance sur la qualité de ce qu’il produit (j’ai pu voir quelques exemples sympathiques)

    La bonne information, c’est comme la bonne formation : elle doit se faire en continu, pas au coup par coup.

    La difficulté du modèle économique reposait sur la difficulté à convaincre un nombre suffisant de lecteurs de payer pour ce plus intangible et pourtant si important. Je crois que Médiapart est en train de gagner son pari (en utilisant d’ailleurs les armes qu’il dénonçait, la polémique et le non hiérarchisé, mais après tout aux grands maux, les grands remèdes

    – On sent cette gène chez Edwy d’ailleurs qui n’est pas très fier d’avoir usé de ces méthodes pour décoller. Là dessus je lui donne à 100% raison, il faut des concessions pour gagner le pouvoir de changer les choses. Et sans équilibre le projet meurt; Bravo Edwy pour ce pragmatisme qui n’a pas du être facile à digérer pour un pur comme vous 😉

    Oui c’est une idée qui les a traversés d’ailleurs, puisqu’avant l’augmentation des ventes liées à l’affaire Woerth-Bétancourt, Plenel et son équipe réfléchissait à de la vente d’info en marque blanche. C’est le modèle « agence ». Ce qui me gène c’est le côté électron libre, à la fois qualité et défaut. Il y a du militantisme chez Médiapart anti-Sarkozy (contre retrouve d’ailleurs chez Marianne encore plus fortement et dans une moindre mesure chez Rue89).

    Or, ce n’est pas le rôle d’une agence de presse qui doit être aussi neutre que possible. D’où la composition de sa direction qui doit être paritaire ou équilibrée : éditeurs/journalistes, représentants patrons/ société civile. C’est la confrontation et l’équilibre d’opinions diverses qui crée l’équilibre. Ensuite, que des journaux choisissent des positionnements différents, c’est normal et même sain (plutôt qu’une prétendue objectivité de façade, illusion hypocrite).

    Mais pas pour une agence de presse, processeur de l’ensemble des médias presse ou audiovisuels. D’où l’extrême intérêt que je porte au changement à venir de ses statuts… 😉

  16. Merci pour cette réponse.

    Bizarre cette histoire de TVA. Soit on fait les mêmes règles pour tout le monde, soit on fait pas de règle du tout, non ? 😉

    1. Stan,

      Je vous en prie. Oui, tout comme il était bizarre il y a 15 ans, quand j’ai débuté mon métier de journaliste sur Internet (ZDnet) que seuls les journaleux travaillant pour un groupe de presse papier, avec ce même numéro de commission paritaire, puissent obtenir la fameuse carte de presse.

      Carte dont j’ai pu bénéficier grâce au fait que le groupe Ziff Davis possédait aussi deux canards papiers (PC direct et PC Expert) mais carte à laquelle j’ai du renoncer en travaillant pour AltaVista, bien que répondant aux critères objectifs que je vais vous résumer :

      – Est journaliste celui qui a pour principale activité rétribuée le métier de journaliste. Il faut exercer 51% de son activité à du journalisme minimum

      – Définition du journalisme par la jurisprudence : activité intellectuelle (reconstruction verbale), originale (pas de simple copie) en rapport avec l’actualité et remplissant une mission d’intérêt général (pas de journaux d’entreprises)

      De nombreux journalistes web remplissaient ces critères sans bénéficier de la carte et a contrario de nombreux salariés des entreprises de presse ne répondant pas à ces critères mais bénéficiant du numéro de commission paritaire, en bénéficiaient… Ex : les rédacteurs graphistes (maquettistes)

      Voilà le même genre d’injustice qui a touché les web-journalistes à leurs débuts et qui s’expliquait par le manque à gagner de l’abattement fiscal (-50 000 francs à déduire de ses revenus à l’époque, 7650 euros aujourd’hui). Il ne s’agissait pas d’ouvrir la boîte de Pandore de tous ces gratte-papiers du web. Et puis pourquoi subventionner indirectement un secteur économique aux faibles coûts d’entrée ? S’agissait pas de trop aider ds concurrents potentiels d’une presse papier soutenue à bout de bras pour sauver des emplois (ouvriers du Livre en particulier)

      Voilà pour l’Historique…

      a bientôt

  17. Juste un truc, en diagonale.

    Ma vieille maman, Mexicaine, m’a encore raconté l’autre jour comment, quand elle rentrait de l’école pendant la 2ème guerre mondiale, elle passait tous les jours devant deux ouvriers qui lisaient le journal côte à côte, et commentaient l’actualité: « compadre, ils ont débarqué en France, vous vous rendez compte! », « compadre, ils sont bloqués dans les Ardennes! », « compadre, ils sont à Berlin, mais pas de trace d’Hitler! ».

    Petite fille, c’étaient ces commentaires verbaux d’ouvriers liseurs de journaux qui lui « expliquaient » la guerre.

    Aujourd’hui les ouvriers de Mexico ne mettent guère la main à la poche que pour des romans-photos, des bd, des magazines people ou des saloperies sanguinolentes à côté desquelles le Nouveau Détective fait office de guide pour boy-scouts.

    Avant on mettait la main à la poche pour…?
    Le curseur s’est déplacé, entre information et divertissement. Moi à 12 ans je ne faisais pas de collection de timbres, je jouais à Pac Man et Space Invaders…

    La faute à qui?

    J’en sais rien, mais à un moment donné on a quand même la capacité de mettre ses piécettes dans ce qu’on veut. Closer, Public, Voici, tous ces trucs-là, il y aura toujours du pouvoir d’achat pour…

    La faute à qui? Peut-être pas que du côté des « décideurs ». Si la démocratie a une quelconque validité, c’est que le simple citoyen de base est lui aussi une entité responsable: et de lui-même, et, collectivement, du cap du navire dans son ensemble…

    J’ai peur qu’à ce jeu-là, à toujours déresponsabiliser la cellule de base de la société, on parte dans une fuite en avant à tellement de niveaux…
    Autrement on va je le subodore vers un effet de tubes, d’entonnoirs de plus en plus grave, devant canaliser une mélasse de plus en plus amorphe… « Allez voter deux fois de suite cette année et gagnez un voyage à Phloston Paradise avec le Club des organiseurs du peuple »…

    Bref, tout ça pour dire que, à moins qu’un journal en ligne ne pratique un abonnement à un prix inaccessible, c’est peut-être pas un casus belli.

    🙂

  18. Juste un truc, en diagonale.

    Ma vieille maman, Mexicaine, m’a encore raconté l’autre jour comment, quand elle rentrait de l’école pendant la 2ème guerre mondiale, elle passait tous les jours devant deux ouvriers qui lisaient le journal côte à côte, et commentaient l’actualité: « compadre, ils ont débarqué en France, vous vous rendez compte! », « compadre, ils sont bloqués dans les Ardennes! », « compadre, ils sont à Berlin, mais pas de trace d’Hitler! ».

    Petite fille, c’étaient ces commentaires verbaux d’ouvriers liseurs de journaux qui lui « expliquaient » la guerre.

    Aujourd’hui les ouvriers de Mexico ne mettent guère la main à la poche que pour des romans-photos, des bd, des magazines people ou des saloperies sanguinolentes à côté desquelles le Nouveau Détective fait office de guide pour boy-scouts.

    Avant on mettait la main à la poche pour…?
    Le curseur s’est déplacé, entre information et divertissement. Moi à 12 ans je ne faisais pas de collection de timbres, je jouais à Pac Man et Space Invaders…

    La faute à qui?

    J’en sais rien, mais à un moment donné on a quand même la capacité de mettre ses piécettes dans ce qu’on veut. Closer, Public, Voici, tous ces trucs-là, il y aura toujours du pouvoir d’achat pour…

    La faute à qui? Peut-être pas que du côté des « décideurs ». Si la démocratie a une quelconque validité, c’est que le simple citoyen de base est lui aussi une entité responsable: et de lui-même, et, collectivement, du cap du navire dans son ensemble…

    J’ai peur qu’à ce jeu-là, à toujours déresponsabiliser la cellule de base de la société, on parte dans une fuite en avant à tellement de niveaux…
    Autrement on va je le subodore vers un effet de tubes, d’entonnoirs de plus en plus grave, devant canaliser une mélasse de plus en plus amorphe… « Allez voter deux fois de suite cette année et gagnez un voyage à Phloston Paradise avec le Club des organiseurs du peuple »…

    Bref, tout ça pour dire que, à moins qu’un journal en ligne ne pratique un abonnement à un prix inaccessible, c’est peut-être pas un casus belli.

    🙂

  19. Daniel,

    La faute aux inégalités sociale et à l’école massifiée, cherchez pas.

    Il ne s’agit pas d’exonérer les citoyens de toute responsabilité mais d’observer les chiffres http://www.inegalites.fr/

    Plus vous êtes de milieu modeste, moins vous avez de chances d’aller au théâtre, de lire des essais, de regarder Arte. Je me souviens d’avoir étudié dans ma jeunesse un cas d’école en sociologie. Il s’agissait de voir dans quelle mesure les programmes éducatifs de la chaîne américaine PBS favorisaient la démocratisation culturelle auprès des masses populaires. résultat sans appel : seules les classes aisées en profitaient. Conclusion : les technos accroissent les inégalités plus qu’elles ne les résolvent. Il faut arrêter de se bercer d’illusions.

    Je pourrais faire bien d’autres parallèles avec mes cours de développement en géopolique… TOUT à la base vient de l’éducation des masses.

    Mais ne vous méprenez pas : je ne suis pas déterministe. je parle de probabilité, pas de fatalité. Il existe des contre-exemples, tiens, au hasard… Moi. 🙂 je suis un miraculé social, mais à bien y regarder, j’avais le capital culturel, même si aucun capital économique.

    C’est le plus important, que votre milieu soit ouvrier, paysan ou cadre…

    Il n’y a pas de faute de la part des journaux cités. je ne les rends responsables de rien. En revanche, il est du devoir des services publics, de la république de faciliter l’accès à ces journaux, pourquoi pas en les subventionnant, tout comme les autres titres de presse douteux. Même Minute bénéficie de la TVA réduite à 2,1%.

  20. Daniel,

    La faute aux inégalités sociale et à l’école massifiée, cherchez pas.

    Il ne s’agit pas d’exonérer les citoyens de toute responsabilité mais d’observer les chiffres http://www.inegalites.fr/

    Plus vous êtes de milieu modeste, moins vous avez de chances d’aller au théâtre, de lire des essais, de regarder Arte. Je me souviens d’avoir étudié dans ma jeunesse un cas d’école en sociologie. Il s’agissait de voir dans quelle mesure les programmes éducatifs de la chaîne américaine PBS favorisaient la démocratisation culturelle auprès des masses populaires. résultat sans appel : seules les classes aisées en profitaient. Conclusion : les technos accroissent les inégalités plus qu’elles ne les résolvent. Il faut arrêter de se bercer d’illusions.

    Je pourrais faire bien d’autres parallèles avec mes cours de développement en géopolique… TOUT à la base vient de l’éducation des masses.

    Mais ne vous méprenez pas : je ne suis pas déterministe. je parle de probabilité, pas de fatalité. Il existe des contre-exemples, tiens, au hasard… Moi. 🙂 je suis un miraculé social, mais à bien y regarder, j’avais le capital culturel, même si aucun capital économique.

    C’est le plus important, que votre milieu soit ouvrier, paysan ou cadre…

    Il n’y a pas de faute de la part des journaux cités. je ne les rends responsables de rien. En revanche, il est du devoir des services publics, de la république de faciliter l’accès à ces journaux, pourquoi pas en les subventionnant, tout comme les autres titres de presse douteux. Même Minute bénéficie de la TVA réduite à 2,1%.

  21. mmmh…
    Le truc c’est aussi la question du contenu. L’avantage de Médiapart et d’@si c’est que, finalement ils se donnent les moyens de faire, de construire, un vrai contenu. On évite les articles en une sur les dernières appli iPhone qui sont là pour « faire » du sujet conso. On évite le remplissage faux cul sur le thème « on est gratuit c’est formidable » (… mais on remplit le site de contribution de bloggueurs qui n’ont pas compris que leur boulot est rentabilisé… mais par eux puisqu’ils bossent pour la gloire et pour générer du clic pour la pub. Le blogueur médiapart ne génère rien comme revenu, sinon qu’il fait éventuellement de la pub pour son hote).

    Bref, c’est aussi pour l’élite parce que les autres sont dans une démarche un peu racoleuse. (et franchement grosso modo le gratuit sur le web de l’info est plutôt de pire en pire)
    L’ironie c’est que le Post finit par devenir intéressant parce que comme il y a tout et n’importe quoi on a au moins droit à quelques voix discordantes et pas nécessairement inintéressantes. Mais Rue89 se remplit de voix de droite pour faire pluraliste et politiquement se situe de plus en plus derrière Libé c’est à dire à gauche mais « ouh la pas trop » et le reste c’est de l’article en 1500 caractères sur tout et n’importe quoi. Du scoop maison de plus en plus « médiasphère » ( parce que le reste nécessite temps et moyens ? ), Libé… revient au payant, Slate… comment dire… bonne petite pensée vaguement branchée, vaguement engagée, vaguement intello, vaguement fun, vague vague vague. Le Monde… c’est le monde… boarf…

    Bref, je ne vois pas en quoi faire payer sur internet est plus élitiste que faire payer sur le papier. En gros c’est une logique qui, me semble t il, est plutôt un peu en avance ou en tout cas complémentaire : Le net peut avoir les deux, le citoyen peut choisir et non, ni médiapart ni @si ne sont suffisamment cher pour être élitistes.

    1. @Bilou

      Aucun titre n’est parfait. Pour vous dire ma façon personnelle de consommer l’information, j’utilise un agrégateur de news qui me permets de piocher ici et là selon les sujets. Je crois beaucoup à cette dimension « kiosque » pour les sites d’information.

      « je ne vois pas en quoi faire payer sur internet est plus élitiste que faire payer sur le papier. » >> vous avez raison sur ce point, mais qui a dit que la presse payante à la française était bien ?

      Les tarifs de la presse française sont parmi les plus élevés au monde et cela n’est pas sans rapport avec une des diffusions les plus faibles !

      Oui la presse française est élitiste et le web promettait de changer un peu cela. En remettant des paywall, on retombe dans les mêmes errements…

      La gratuité de la presse n’est pas une condition suffisante pour intéresser les classes populaires, mais c’est une condition nécessaire.
      Il faudra aussi et surtout tâcher de corriger les inégalités scolaires et sociales, à la base. L’un n’exclue pas l’autre. 🙂

      1. Je m’étonne que vous ne vous interessiez pas au fond. Vous bottez en touche sur toutes les questions de fond en disant « aucun titre n’est parfait » oui et alors ?

        Comme si le contenu n’était pas aussi fonction du modèle économique.
        Selon votre raisonnement, Europe 1, radio Lagardère de propagande plus ou moins subtile est un média non élitiste et populaire. Sauf que son propos est plutôt de convaincre le populaire de permettre à l’élite de le rester sans l’emmerder.
        Les journaux en ligne gratuit ont trouvé comme mode de fonctionnement de générer du clic et de la fréquentation tout en créant du contenu gratuit par l’abus des intervenants extérieurs non rémunérés le plus souvent et ensuite vaguement méprisés.
        Je suis désolé mais ça pose sérieusement question.
        Enlevez à Rue89 ses commentaires et ses blogueurs et il reste un site qui fait des articles conso vaguement rebelle et des analyses politiques pertinentes mais qui ne vont pas beaucoup plus loin que Libé.
        Le Post c’est encore pire mais là au moins c’est l’essentiel. Il n’y a pas de distinction.
        Rue 89 est emblématique parce que c’est le plus important, le premier.
        Si il n’y avait la « communauté » de riverains tout le monde verrait que le site est rempli d’article « d’ouvertures » (= de droite), de blogueur gratuit ou d’enquêtes qui tiennent en 2000 signes ou d’articles mal écrits d’étudiants en journalisme. La communauté de riverains est persuadée d’être sur un site « plus à gauche » uniquement parce qu’elle accentue les effets des articles (dépréciation massive des articles d’ouverture / Boostage des articles timorés de gauche).
        Donc en gros le clic est généré par le gratuit (pour le site) i.e. le lecteur.
        En gros c’est la logique américaine internet qui est censée être scandaleuse du « on fait travailler le consommateur lui même sans qu’il s’en rende compte ».
        Le Post étant la version la plus abouti de ce genre de pratique mais, encore une fois, c’est un peu différent parce que c’est complètement assumé : il n’y a pas de hierarchie claire entre « internaute » et journaliste. Il n’y a pas de « ligne éditoriale » trop définie. C’est assez habile.
        QUoi qu’on pense de ces pratiques on ne peut pas faire comme si ça ne posait aucune question quand à la qualité du journalisme (nécéssité d’avoir un fond conso pour rassurer les annonceurs, nécessité d’avoir des articles ultrapolémique plus que de vrais scoop ou analyses, articles courts etc.)

        Finalement le moins élitiste serait le diplo avec ses blogs : Accessible, érudit, non racoleur, sans pub.

        Donc si l’anti élitisme c’est le gratuit, il faudrait se pencher sur sa qualité et de là, envisager l’hypothèse qu’il reste peut-être entièrement à inventer.

        1. @ Bilou

          Ah ce blog commence à vraiment me plaire !!
          Merci pour ce commentaire très intéressant qui me donne l’occasion de préciser certaines choses.

          Naturellement que je m’intéresse au fond, ne vous méprenez pas. Je pense simplement que c’est de la diversité de points de vue que naît l’opinion éclairée. Or pour se faire, je ne vois pas de meilleur outil que les lecteur de flux RSS et demain, je l’espère un service kiosque aux utilisateurs qui mélangera les sujets mais aussi les angles et les points de vue.

          Mais il y a quand même une hiérarchie très claire dans mon esprit entre les différents titres, par rapport à mes besoins et goûts personnels. Et c’est toute la différence : je ne prétends pas imposer ma vision du « bon goût ». Je constate qu’il y a de meilleurs articles que d’autres sur le fond et la forme. Mais j’évite de critiquer un journal devant son lecteur. Car s’il le lit et l’achète, c’est qu’il y trouve un service qui lui ressemble. Mépriser ce journal, c’est le mépriser lui. Et je ne méprise pas les petits, au contraire.

          En revanche, je fais la promo d’autres titres pour tâcher de donner envie, et d’évangéliser par le haut. Mais pour être honnête, l’efficacité est nulle ou presque. Pour comprendre l’importance d’un article du Monde qui traite du problème institutionnel de fond de la représentativité à la proportionnelle ou à la majorité par exemple, il faut du bagage. Il faut avoir été équipé, sinon c’est tout simplement insupportable !

          Donc les journaux sont limités par des facteurs externes : l’éducation, la scolarisation, le capital culturel des lecteurs. Il en faut pour tout le monde, y compris pour les pauvres, ceux qui n’ont pas les clés pour décoder l’information; Il ne saurait y avoir 15 Monde.

          Les journaux avant tout sont le reflet de la société même s’ils contribuent aussi, à la marge, à la façonner : cf traitement de thèmes sécuritaires sécurité à la veille de l’élection présidentielle 2007.

          La grande manipulation des foules par la presse est une vision excessive qu’aucun sociologue des médias ne tient plus depuis longtemps (« le viol des foules par la propagande politique », Serge Tchakhotine 1952 : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1953_num_3_2_452713_t1_0416_0000_001)

          Il y a des effets indirects certes qui sont puissants et dont il faut se méfier (notamment la technique Pernaud la plus dangereuse car la plus insidieuse). Mais globalement l’effet d’influence politique des journaux est à relativiser, car ils ne prêchent que des convertis, des chapelles d’opinions préalablement construites (on choisit un journal qui correspond à ses idées préalables, pour conforter ses opinions et bénéficier d’un confort psychologique rassurant).

          Pour la télévision c’est très différent, car en tant que mass média sont influence est déterminante. Mais c’est un autre débat… C’est effectivement sur la télé qu’il faut concentrer son attention d’où mon papier http://www.mediaculture.fr/2010/07/14/traitement-politique-en-tele-cinq-choses-a-changer-en-urgence/

          D’où mon soutien aussi à ASI (j’ai même été abonné jusqu’à n’avoir plus le temps de le lire)

          A bientôt

          1. (avant d’y revenir) ma remarque sur Radio Lagardère était une caricature pour illustrer mon propos de manière plus simple.
            Tout le reste de ce que vous dites est très intéressant et je voudrais y revenir.
            Il va falloir que je trouve le temps.

            Merci pour cet échange.

  22. mmmh…
    Le truc c’est aussi la question du contenu. L’avantage de Médiapart et d’@si c’est que, finalement ils se donnent les moyens de faire, de construire, un vrai contenu. On évite les articles en une sur les dernières appli iPhone qui sont là pour « faire » du sujet conso. On évite le remplissage faux cul sur le thème « on est gratuit c’est formidable » (… mais on remplit le site de contribution de bloggueurs qui n’ont pas compris que leur boulot est rentabilisé… mais par eux puisqu’ils bossent pour la gloire et pour générer du clic pour la pub. Le blogueur médiapart ne génère rien comme revenu, sinon qu’il fait éventuellement de la pub pour son hote).

    Bref, c’est aussi pour l’élite parce que les autres sont dans une démarche un peu racoleuse. (et franchement grosso modo le gratuit sur le web de l’info est plutôt de pire en pire)
    L’ironie c’est que le Post finit par devenir intéressant parce que comme il y a tout et n’importe quoi on a au moins droit à quelques voix discordantes et pas nécessairement inintéressantes. Mais Rue89 se remplit de voix de droite pour faire pluraliste et politiquement se situe de plus en plus derrière Libé c’est à dire à gauche mais « ouh la pas trop » et le reste c’est de l’article en 1500 caractères sur tout et n’importe quoi. Du scoop maison de plus en plus « médiasphère » ( parce que le reste nécessite temps et moyens ? ), Libé… revient au payant, Slate… comment dire… bonne petite pensée vaguement branchée, vaguement engagée, vaguement intello, vaguement fun, vague vague vague. Le Monde… c’est le monde… boarf…

    Bref, je ne vois pas en quoi faire payer sur internet est plus élitiste que faire payer sur le papier. En gros c’est une logique qui, me semble t il, est plutôt un peu en avance ou en tout cas complémentaire : Le net peut avoir les deux, le citoyen peut choisir et non, ni médiapart ni @si ne sont suffisamment cher pour être élitistes.

  23. Je suis reconnaissante à Cyceron d’ouvrir ce débat.
    Le prix est un faux problème: ce n’est pas parce qu’Arte ou France-culture font partie du service public et sont gratuites que le public trop épuisé par des boulots abrutissants pour des « prises de tête  » ou intimidé socialement par leur langage va se les approprier.
    Pour travailler dans une revue culturelle, je sais que les mêmes controverses agitent depuis cinquante ans l’ensemble du milieu du théâtre, entre l’aspiration au public populaire et le refus des concessions. Sans pour autant trouver de solutions… Si ce n’est la pratique partagée de l’art qui rend accessible des langages supposés inaccessibles.

    1. @ Valdo,

      je vous fais la même réponse que ci-dessus. Hélas je sais bien que vous avez raison. je me suis battu des années pour vendre des sujets « intelligents » au plus grand nombre (je travaillais pour AOL) mais…

      >>

      La gratuité de la presse n’est pas une condition suffisante pour intéresser les classes populaires, mais c’est une condition nécessaire.
      Il faudra aussi et surtout tâcher de corriger les inégalités scolaires et sociales, à la base. L’un n’exclue pas l’autre

  24. J’ai un peu rigolé parce qu’honnêtement je ne suis pas du tout convaincu que mediapart ou @si forment des enclaves de riches … Ben oui faut avoir au moins quelques euros en poche pour s’y abonner … Un peu comme tous les journaux du monde quoi. Sauf les gratuits (métro woohoo) avec lesquels personnellement je préfère encore me torcher, quoique on peut y trouver un article correct si on cherche bien peut-être. Qu’est ce qui vous fait croire que les milliers d’abonnés que Mediapart a engrangé depuis l’affaire Bettencourt.

    Le divertissement c’est une chose, l’abrutissement dont l’unique objectif est la mise à disposition pour les annonceurs de spectateurs bien mous du cerveau pour écouler leurs produits en est une autre. Plenel a le mérite de considérer la vérité comme une chose primordiale dans le journalisme, ce qui est très rare somme toute. Moi quand je lis les principaux journaux et que je regarde la télé/écoute la radio, je n’ai pas forcément le sentiment qu’on cherche à me présenter la vérité. On cherche généralement à me présenter « tous les points de vue » de façon « objective », c’est à dire en gros ne rien dire du tout et rester à la surface de tous les sujets, ce qui revient à nier la vérité. A la cacher. Ou bien on a carrément ceux qui déforment la vérité effrontément (LeFigaro toussa).

    Je crois que ce que vous critiquez entre autre chez Plenel serait un certain rigorisme intellectuel dont il fait preuve, rigorisme intellectuel qui serait automatiquement imperméable à un lectorat populaire et qui l’éloignerait d’emblée. Il ne faut pas prendre les gens pour des cons. Parce que, à ce que je sache, et du relativement peu qui j’y ai lu, les journalistes de Mediapart n’ont pas franchement un langage particulièrement « de riche » ou d' »élite » si vous préférez. Enfin si, le même langage que les autres journalistes quoi, la différence elle est dans le contenu. L’investigation est quasiment morte sur les télés et dans les grands journaux. Sans déconner, la plupart des grands journaux tirent leurs sources en gros de deux choses : l’AFP et le gouvernement. Le gouvernement est devenu une sorte de rassemblement d’ordures en tout genre à propos desquels les journalistes devraient avoir un seul mot d’ordre « ignorez-les » puisque leurs interventions dans les médias sont systématiquement des opérations de comm qui visent à tromper les français.

    La question d’un abonnement ou pas est secondaire, la seule question qui importe réellement c’est celle de la vérité. La vérité pour le citoyen. Or en ce moment la vérité est clairement plus chez Mediapart et Arret sur Images que sur d’autres médias.

    Que l’on s’adresse à des lecteurs adultes et qu’on arrête de prendre les gens pour des cons avec cette soi disante objectivité journalistique qui ne fait qu’obscurcir la vérité tant les journalistes se retrouvent à parler pour ne rien dire, et vous verrez les journaux se vendront par milliers.
    Autre exemple : le journalisme d’idées. Cela n’existe plus. On ne parle plus des idées dans les journaux. Les idées, la pensée c’est pour les intellos donc c’est Monde Diplo et Alter Eco, point barre. C’est là qu’on pourrait dire que les journalistes des grands médias contribuent à établir une sorte de « ghetto culturel pour riches » en virant systématiquement toutes idées et pensées de leurs journaux grand public pour les laisser à l’unique usage des journaux spécialisés et scientifiques.
    Aujourd’hui les grands journaux c’est quoi ? Leur agenda leur est imposé par le gouvernement assez globalement, avec systématiquement les mêmes débats de merde qui tournent en boucle depuis 20 ans sur les immigrés et sur telle ou telle mesure sécuritaire à la con. Qu’est ce qu’on a ressorti de tout ça ? Rien. Ah si, les gens n’achètent plus de journaux.

    1. Stephen,

      Votre critique des médias traditionnels rencontre un certain écho chez moi, mais c’est un autre débat que nous ouvriront lors de futurs papiers, c’est promis 🙂

      Vous dites :

      « Je crois que ce que vous critiquez entre autre chez Plenel serait un certain rigorisme intellectuel dont il fait preuve, rigorisme intellectuel qui serait automatiquement imperméable à un lectorat populaire et qui l’éloignerait d’emblée. Il ne faut pas prendre les gens pour des cons. »

      Non, ce n’est pas son propos qui éloigne les masses, c’est son « paywall », son abonnement qui est rédhibitoire. Si c’était gratuit, ce ne serait pas ,suffisant pour qu’ils s’y intéressent j’en conviens. Les exemples contraires pullulent, à commencer par Arte.
      Mais c’est une condition nécessaire, même si elle n’est pas suffisante.

      C’est comme si vous disiez, de toute façons l’école ne fait que reproduire les inégalités sociales, alors supprimons-la pour les classes populaires.

      On n’est pas obligés de tirer sur l’ambulance…

    2. Stephen,

      oublié des choses 🙂

      Attention, la notion de « vérité » en journalisme est dangereuse.
      Je lui préfère de beaucoup la notion de « réalité ». La réalité des faits.

      « Vérité » est empli de morale, de jugement de valeurs par définition très éloigné de la distanciation journalistique nécessaire à l’exercice neutre du témoignage informatif.

      Vous touchez au cœur de ce qui me gène chez Plenel : ce mélange des genres. Journaliste et juge. Témoin et militant…

      Marianne suit la même logique, on retrouve une presse militante, politisée, constitutives de chapelles, de lectorats très imperméables. d’un côté Marianne, Médiapart, de l’autre Le Figaro ou le JDD.

      Deux mondes qui ne se parlent pas. Aucun échange d’idées puisqu’on se parle entre soi. On ne fait que se conforter dans les positions acquises et cela fait surtout vivre des journalistes.

      Quant à la réflexion démocratique ? tout ce qui est excessif est insignifiant… Je préfère de beaucoup la mesure, l’équilibre de la critique d’un Rue89 que vous dénoncez comme étant trop tiède. c’est là justement qu’il y puise toute sa légitimité auprès du plus grand nombre, de gauche ou pas.

      Je vais continuer de vous horrifier. Le Parisien fait cela très bien aussi de temps à autre. Certains encadrés démontrant concrètement les conséquences de telle ou telle mesure sont bien plus puissants que l’édito le plus violent et enflammé d’un journaliste militant.

      Les faits coco, les faits… ne jamais perdre de vue cela. Tout comme Durkheim qui disait : « il faut considérer les faits comme des choses ».

      Il faut les regarder posément, la tête froide, abandonner un peu son émotion pour traiter l’information.

      On n’y parvient jamais complètement, car nous sommes tous prisonniers de nos acquis, notre passé, nos valeurs etc., mais c’est un idéal vers lequel il faut tendre. Si vérité il y a , elle se situe de ce côté.

      Ou alors, il faut distinguer très très clairement les faits, du commentaire.
      Et respecter un équilibre de traitement des infos. Sarkosy a-t-il fait quelque chose de bien ? Disons-le. Nous ne serons jamais tant écoutés que si notre jugement est équilibré.

      Il y a beaucoup à dire sur ce sujet de la neutralité/vérité journalistique. j’y reviendrai…

      Merci de vos commentaires 🙂

      1. J’ai mal interprété ton post, j’ai fait l’amalgame dans ma tête avec les attaques des UMP et des pontes de la presse traditionnelle contre Mediapart et autres à grand coup de « Fascisme ! COLLABO ! » et autres « déontologie » et ta critique, et j’ai interprété ça en plus comme une défense de la presse traditionnelle, donc au temps pour moi.

        Donc sur la presse traditionnelle on est globalement d’accord, Rue89 je n’ai rien contre eux, d’ailleurs je les lis assez peu donc je ne saurais les juger. Par contre je t’arrête sur Le Parisien ^^
        Mon père est abonné à ce torchon depuis plusieurs années et voilà, globalement ça suit l’agenda xénophobe et hystérique du gouvernement, encore une fois la une d’hier ou d’aujourd’hui c’est quoi ? Besson et sa 4 ou 5e loi sur l’immigration du mandat, avec une interview de celui ci où il peut à l’aise réciter sa leçon à deux balles de « fabriquer des bons français » …
        Il n’y a que dans la rubrique locale que je vois parfois des articles intéressants (93 pour moi), bon il y a toujours des exceptions mais voilà globalement le Parisien ne m’informe pas, il sert de relais entre les campagnes de comm’ du gouvernement et moi. Il se laisse imposer un agenda racoleur et abêtissant.

        Quand à la Vérité, mea culpa sur ce mot, il porte à confusion.
        Sur Durkheim, je ne peux que plussoyer (je suis en L2 Histoire et Sociologie, L2 hein donc je suis très novice cela dit).

        Je suis un peu crevé là les mots ne sortent plus donc je repasserais à l’occasion 😉

        A bientôt

        1. @Stephen j’apprécie les gens qui reconnaissent s’être trompés, c’est rare 🙂

          Je partage votre avis sur Le Parisien pour le poujadisme commercial (il s’agit de cela hein, pas vraiment de militantisme chez Amaury à la différence du Figaro de Dassault)

          En tant que rédacteur en chef de l’actualité d’AOL entre 2005 et 2008 je parcourais 5 à 6 journaux tous les jours (plus quelques hebdos et mensuels), dont Le Parisien. Je leur reconnais d’excellents papiers pratiques, simples et accessibles.
          Ils ont aussi un vrai talent pour dénicher les sujets et les angles qui intéressent les classes populaires, je trouve cela très bien (ex : les 50 ans d’Asterix, visite de l’A380 etc).

          De ce point de vue c’est un excellent canard, qui fait ce que je préconise : apporter de l’information, du sens, par la bande, l’air de rien, sans brusquer son public qui n’a pas des outils éducatifs très élevés. Je n’entonne pas le chant des protestations outragées des élites intellectuelles méprisantes vis à vis du petit peuple et ses journaux. je pense que Le Parisien, c’est beaucoup mieux que rien et je souhaite qu’ils perdure le plus longtemps possible.

          En revanche je n’aime pas lorsqu’ils font du Jean-Pierre Pernaud passéiste, un poil xénophobe et anxiogène à mort. Mais je sais aussi que sans cette couche là leurs ventes chuteraient dramatiquement.

          C’est terrible à dire, mais je crains que ce ne soit presque un passage obligé pour toucher le plus grand nombre. Mais je ne les suis pas là dessus, je suis comme vous, ça me choque : les faits divers montés en épingle, les sujets racolleurs et poujadistes « on nous cache tout on rien », le détournement émotionnel des sujets graves (sécurité, santé…)
          Sur la politique, ils sont plus équilibrés que vous le dites même si orientés quand même clairement à droite. Mais ils ne se gênent pas pour taper des deux côtés. leur seule credo, c’est plaire au lecteur. Et le lecteur, faut pas le prendre pour un imbécile, études ou pas études…

          Je ne suis pas dupe de leurs graves défauts et malheureusement, si Dassault les rachète, cela ne pourra qu’empirer. Notamment sur le traitement politique de l’information. Car il y a une chose certaine, notre avionneur ne se paie pas une danseuse de ce prix pour rester sur le bord du lit. Il va méchamment la dépuceler à grands coups d’édito engagés, de manchettes orientées, d’angles biaisés, de sondages commandés. Comme il le fait avec le Figaro quoi.

          Cet homme a le désir de changer la cité dans son sens. malheureusement pour nous tous, il n’ pas les moyens intellectuels de comprendre grand chose ou pire, c’est un cynique égoïste qui défend ses intérêts économiques et politiques. Pourvu que le Parisien se sauve de là…

          1. J’adopte souvent un ton un peu outrancier quand je parle de la presse généraliste, des grands quotidiens, mais je suis d’accord avec vous sur le Parisien, je déteste leur stratégie de vente (ce qui apparaît à la une et sur les premières pages), pour autant il est vrai que certains articles sont limpides, ils sont assez vigilants il me semble sur les trucs un peu « consomag » avec les hausses de prix en supermarché, du gaz, etc.
            Donc bon tout n’est pas à jeter, et voilà face au Figaro y a pas photo c’est pas non plus la pravda le Parisien, comme vous dîtes ils cherchent à vendre et parfois les ficelles sont un peu grosses ce qui occulte des infos plus importantes mais bon, ils ne déforment pas systématiquement la réalité. Et c’est clair et net que si Dassault prend le Parisien, la différence on la ressentira.

            Fin bon, vive les blogs.

          2. Juste un truc : j’ai qualifié Le Parisien de « torchon » mais je ne voulais pas être méprisant (c’est ce que je voulais dire par « ton outrancier » entre autres ^^)

  25. J’ai un peu rigolé parce qu’honnêtement je ne suis pas du tout convaincu que mediapart ou @si forment des enclaves de riches … Ben oui faut avoir au moins quelques euros en poche pour s’y abonner … Un peu comme tous les journaux du monde quoi. Sauf les gratuits (métro woohoo) avec lesquels personnellement je préfère encore me torcher, quoique on peut y trouver un article correct si on cherche bien peut-être. Qu’est ce qui vous fait croire que les milliers d’abonnés que Mediapart a engrangé depuis l’affaire Bettencourt.

    Le divertissement c’est une chose, l’abrutissement dont l’unique objectif est la mise à disposition pour les annonceurs de spectateurs bien mous du cerveau pour écouler leurs produits en est une autre. Plenel a le mérite de considérer la vérité comme une chose primordiale dans le journalisme, ce qui est très rare somme toute. Moi quand je lis les principaux journaux et que je regarde la télé/écoute la radio, je n’ai pas forcément le sentiment qu’on cherche à me présenter la vérité. On cherche généralement à me présenter « tous les points de vue » de façon « objective », c’est à dire en gros ne rien dire du tout et rester à la surface de tous les sujets, ce qui revient à nier la vérité. A la cacher. Ou bien on a carrément ceux qui déforment la vérité effrontément (LeFigaro toussa).

    Je crois que ce que vous critiquez entre autre chez Plenel serait un certain rigorisme intellectuel dont il fait preuve, rigorisme intellectuel qui serait automatiquement imperméable à un lectorat populaire et qui l’éloignerait d’emblée. Il ne faut pas prendre les gens pour des cons. Parce que, à ce que je sache, et du relativement peu qui j’y ai lu, les journalistes de Mediapart n’ont pas franchement un langage particulièrement « de riche » ou d' »élite » si vous préférez. Enfin si, le même langage que les autres journalistes quoi, la différence elle est dans le contenu. L’investigation est quasiment morte sur les télés et dans les grands journaux. Sans déconner, la plupart des grands journaux tirent leurs sources en gros de deux choses : l’AFP et le gouvernement. Le gouvernement est devenu une sorte de rassemblement d’ordures en tout genre à propos desquels les journalistes devraient avoir un seul mot d’ordre « ignorez-les » puisque leurs interventions dans les médias sont systématiquement des opérations de comm qui visent à tromper les français.

    La question d’un abonnement ou pas est secondaire, la seule question qui importe réellement c’est celle de la vérité. La vérité pour le citoyen. Or en ce moment la vérité est clairement plus chez Mediapart et Arret sur Images que sur d’autres médias.

    Que l’on s’adresse à des lecteurs adultes et qu’on arrête de prendre les gens pour des cons avec cette soi disante objectivité journalistique qui ne fait qu’obscurcir la vérité tant les journalistes se retrouvent à parler pour ne rien dire, et vous verrez les journaux se vendront par milliers.
    Autre exemple : le journalisme d’idées. Cela n’existe plus. On ne parle plus des idées dans les journaux. Les idées, la pensée c’est pour les intellos donc c’est Monde Diplo et Alter Eco, point barre. C’est là qu’on pourrait dire que les journalistes des grands médias contribuent à établir une sorte de « ghetto culturel pour riches » en virant systématiquement toutes idées et pensées de leurs journaux grand public pour les laisser à l’unique usage des journaux spécialisés et scientifiques.
    Aujourd’hui les grands journaux c’est quoi ? Leur agenda leur est imposé par le gouvernement assez globalement, avec systématiquement les mêmes débats de merde qui tournent en boucle depuis 20 ans sur les immigrés et sur telle ou telle mesure sécuritaire à la con. Qu’est ce qu’on a ressorti de tout ça ? Rien. Ah si, les gens n’achètent plus de journaux.

    1. Stephen,

      oublié des choses 🙂

      Attention, la notion de « vérité » en journalisme est dangereuse.
      Je lui préfère de beaucoup la notion de « réalité ». La réalité des faits.

      « Vérité » est empli de morale, de jugement de valeurs par définition très éloigné de la distanciation journalistique nécessaire à l’exercice neutre du témoignage informatif.

      Vous touchez au cœur de ce qui me gène chez Plenel : ce mélange des genres. Journaliste et juge. Témoin et militant…

      Marianne suit la même logique, on retrouve une presse militante, politisée, constitutives de chapelles, de lectorats très imperméables. d’un côté Marianne, Médiapart, de l’autre Le Figaro ou le JDD.

      Deux mondes qui ne se parlent pas. Aucun échange d’idées puisqu’on se parle entre soi. On ne fait que se conforter dans les positions acquises et cela fait surtout vivre des journalistes.

      Quant à la réflexion démocratique ? tout ce qui est excessif est insignifiant… Je préfère de beaucoup la mesure, l’équilibre de la critique d’un Rue89 que vous dénoncez comme étant trop tiède. c’est là justement qu’il y puise toute sa légitimité auprès du plus grand nombre, de gauche ou pas.

      Je vais continuer de vous horrifier. Le Parisien fait cela très bien aussi de temps à autre. Certains encadrés démontrant concrètement les conséquences de telle ou telle mesure sont bien plus puissants que l’édito le plus violent et enflammé d’un journaliste militant.

      Les faits coco, les faits… ne jamais perdre de vue cela. Tout comme Durkheim qui disait : « il faut considérer les faits comme des choses ».

      Il faut les regarder posément, la tête froide, abandonner un peu son émotion pour traiter l’information.

      On n’y parvient jamais complètement, car nous sommes tous prisonniers de nos acquis, notre passé, nos valeurs etc., mais c’est un idéal vers lequel il faut tendre. Si vérité il y a , elle se situe de ce côté.

      Ou alors, il faut distinguer très très clairement les faits, du commentaire.
      Et respecter un équilibre de traitement des infos. Sarkosy a-t-il fait quelque chose de bien ? Disons-le. Nous ne serons jamais tant écoutés que si notre jugement est équilibré.

      Il y a beaucoup à dire sur ce sujet de la neutralité/vérité journalistique. j’y reviendrai…

      Merci de vos commentaires 🙂

      1. J’ai mal interprété ton post, j’ai fait l’amalgame dans ma tête avec les attaques des UMP et des pontes de la presse traditionnelle contre Mediapart et autres à grand coup de « Fascisme ! COLLABO ! » et autres « déontologie » et ta critique, et j’ai interprété ça en plus comme une défense de la presse traditionnelle, donc au temps pour moi.

        Donc sur la presse traditionnelle on est globalement d’accord, Rue89 je n’ai rien contre eux, d’ailleurs je les lis assez peu donc je ne saurais les juger. Par contre je t’arrête sur Le Parisien ^^
        Mon père est abonné à ce torchon depuis plusieurs années et voilà, globalement ça suit l’agenda xénophobe et hystérique du gouvernement, encore une fois la une d’hier ou d’aujourd’hui c’est quoi ? Besson et sa 4 ou 5e loi sur l’immigration du mandat, avec une interview de celui ci où il peut à l’aise réciter sa leçon à deux balles de « fabriquer des bons français » …
        Il n’y a que dans la rubrique locale que je vois parfois des articles intéressants (93 pour moi), bon il y a toujours des exceptions mais voilà globalement le Parisien ne m’informe pas, il sert de relais entre les campagnes de comm’ du gouvernement et moi. Il se laisse imposer un agenda racoleur et abêtissant.

        Quand à la Vérité, mea culpa sur ce mot, il porte à confusion.
        Sur Durkheim, je ne peux que plussoyer (je suis en L2 Histoire et Sociologie, L2 hein donc je suis très novice cela dit).

        Je suis un peu crevé là les mots ne sortent plus donc je repasserais à l’occasion 😉

        A bientôt

        1. @Stephen j’apprécie les gens qui reconnaissent s’être trompés, c’est rare 🙂

          Je partage votre avis sur Le Parisien pour le poujadisme commercial (il s’agit de cela hein, pas vraiment de militantisme chez Amaury à la différence du Figaro de Dassault)

          En tant que rédacteur en chef de l’actualité d’AOL entre 2005 et 2008 je parcourais 5 à 6 journaux tous les jours (plus quelques hebdos et mensuels), dont Le Parisien. Je leur reconnais d’excellents papiers pratiques, simples et accessibles.
          Ils ont aussi un vrai talent pour dénicher les sujets et les angles qui intéressent les classes populaires, je trouve cela très bien (ex : les 50 ans d’Asterix, visite de l’A380 etc).

          De ce point de vue c’est un excellent canard, qui fait ce que je préconise : apporter de l’information, du sens, par la bande, l’air de rien, sans brusquer son public qui n’a pas des outils éducatifs très élevés. Je n’entonne pas le chant des protestations outragées des élites intellectuelles méprisantes vis à vis du petit peuple et ses journaux. je pense que Le Parisien, c’est beaucoup mieux que rien et je souhaite qu’ils perdure le plus longtemps possible.

          En revanche je n’aime pas lorsqu’ils font du Jean-Pierre Pernaud passéiste, un poil xénophobe et anxiogène à mort. Mais je sais aussi que sans cette couche là leurs ventes chuteraient dramatiquement.

          C’est terrible à dire, mais je crains que ce ne soit presque un passage obligé pour toucher le plus grand nombre. Mais je ne les suis pas là dessus, je suis comme vous, ça me choque : les faits divers montés en épingle, les sujets racolleurs et poujadistes « on nous cache tout on rien », le détournement émotionnel des sujets graves (sécurité, santé…)
          Sur la politique, ils sont plus équilibrés que vous le dites même si orientés quand même clairement à droite. Mais ils ne se gênent pas pour taper des deux côtés. leur seule credo, c’est plaire au lecteur. Et le lecteur, faut pas le prendre pour un imbécile, études ou pas études…

          Je ne suis pas dupe de leurs graves défauts et malheureusement, si Dassault les rachète, cela ne pourra qu’empirer. Notamment sur le traitement politique de l’information. Car il y a une chose certaine, notre avionneur ne se paie pas une danseuse de ce prix pour rester sur le bord du lit. Il va méchamment la dépuceler à grands coups d’édito engagés, de manchettes orientées, d’angles biaisés, de sondages commandés. Comme il le fait avec le Figaro quoi.

          Cet homme a le désir de changer la cité dans son sens. malheureusement pour nous tous, il n’ pas les moyens intellectuels de comprendre grand chose ou pire, c’est un cynique égoïste qui défend ses intérêts économiques et politiques. Pourvu que le Parisien se sauve de là…

          1. J’adopte souvent un ton un peu outrancier quand je parle de la presse généraliste, des grands quotidiens, mais je suis d’accord avec vous sur le Parisien, je déteste leur stratégie de vente (ce qui apparaît à la une et sur les premières pages), pour autant il est vrai que certains articles sont limpides, ils sont assez vigilants il me semble sur les trucs un peu « consomag » avec les hausses de prix en supermarché, du gaz, etc.
            Donc bon tout n’est pas à jeter, et voilà face au Figaro y a pas photo c’est pas non plus la pravda le Parisien, comme vous dîtes ils cherchent à vendre et parfois les ficelles sont un peu grosses ce qui occulte des infos plus importantes mais bon, ils ne déforment pas systématiquement la réalité. Et c’est clair et net que si Dassault prend le Parisien, la différence on la ressentira.

            Fin bon, vive les blogs.

          2. Juste un truc : j’ai qualifié Le Parisien de « torchon » mais je ne voulais pas être méprisant (c’est ce que je voulais dire par « ton outrancier » entre autres ^^)

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