L’information sur le web : s’unir ou périr ?

Réaction tardive à l’émission passionnante de Guy Birenbaum sur les modèles économiques de la presse en ligne. Bravo à lui pour la qualité de son plateau et ses relances à la fois incisives et pertinentes.

1) Premier sentiment : l’information seule ne paie pas sur le web ou sur le papier. Et ce n’est pas nouveau. Les quotidiens justifient aussi leur prix d’achat par les multiples services qu’ils offrent: petites annonces, météo, programme télé, résultats du loto… C’est notamment en raison de la concurrence des sites web pour ces services- au moins aussi importants que l’actualité -que la diffusion décline.

Donc, tous les sites qui se réduisent à proposer de l’info, aussi intelligente et intéressante soit-elle, me semblent voués à l’échec.

2) Il est devenu nécessaire de diversifier ses sources de revenus et potentiellement ses sources de diffusion : le web, le mobile, l’Ipad, mais pourquoi pas non plus le papier (via la presse ou l’édition). Cela n’a rien de rétrograde d’aller à la rencontre de tous ses publics, et surtout de trouver un moyen de financer l’info de qualité.

3) Il apparaît censé d’envisager une alliance entre sites d’info indépendants sur le web. Pourquoi ne pas proposer des offres de découvertes groupées ? Pourquoi pas des abonnements mutualisés pour augmenter la diffusion, quitte à diminuer aussi le revenu par abonnement ?

Derrière cette suggestion d’alliance, se trouve la conviction que le marché est trop réduit pour permettre à chacun de survivre. J’ai peur que la cible des amateurs d’info, suffisamment intéressés pour sortir leur porte-monnaie, soit assez réduite. 25 000 abonnés pour Médiapart, c’est déjà une belle performance ! Il me semble qu’au lancement, le point d’équilibre affiché était plutôt fixé à 70 000 qu’à 45 000. Quoi qu’il en soit, s’il faut atteindre le double pour être rentable, ça va être dur.

D’abord pour des facteurs structurels, la société évoluant probablement vers plus d’appétence au divertissement qu’à la connaissance ou compréhension du monde. Phénomène qui n’est pas sans lien avec la dépolitisation et désidéologisation du 21e siècle.

Ensuite pour des raisons conjoncturelles. Inutile de préciser qu’en période de crise, on restreint les dépenses « superflues » comme la presse, dont on ne mesure pas l’intérêt immédiat (et qui est très dépendant d’un niveau d’instruction préalable).

Pour Arrêt sur images, Médiapart ou Rue89, on atteint (me semble-t-il) des maxima de lectorat web. D’où la nécessité de trouver des relais de diffusion et de revenus (très bien mis en oeuvre par Haski et son équipe).

La collaboration commerciale, l’échange d’articles pour faire baisser les coûts de fonctionnement par domaine de compétence, l’échange de liens sur le web, la médiatisation groupée pour augmenter l’impact et pourquoi pas la fédération des moyens pour développer des projets communs (canal TV, etc.) me semblent indispensables pour permettre aux titres de survivre.

Mais toute la difficulté consiste dans le même temps, à préserver l’autonomie éditoriale, la diversité de points de vues et la saine émulation journalistique. Plus facile à dire qu’à faire comme dirait Fokon Yaka. En tout cas, une piste à creuser, pour ne pas avoir à le faire dans autre dessein. Inutile de vous faire un dessin.

Cyrille Frank aka Cyceron

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